08 février 2007

Joanna Newsom - Ys (2007)

N'en déplaise aux pourfendeurs de la critique bobo, la presse musicale branchouille ne s'est pas trompée en encensant l'ovni folk de l'américaine Joanna Newsom, Ys. Second album de la demoiselle par ailleurs.

Voilà ce qu'on pouvait lire il y a quelques temps dans les Inrockuptibles (sic) : "Merci pour le nouveau Joanna Newsom : c’est simplement incroyable, les arrangements sont sublimes, les meilleurs de Van Dyke Parks depuis un moment ! ... Et les morceaux... Je reste sans voix, c’est dangereux, je ne serai pas capable d’écouter autre chose pendant des semaines... Ceci n’est pas un disque c’est une drogue !"

Honnêtement, je ne sais pas quoi vous dire de cet album. Pour commencer, la petite histoire de la dame peut-être. Joanna est née en 1982 sous un soleil radieux de Californie, à Nevada City pour être précis. Elle débute la harpe à l'âge de 7 ans puis étudie cet instrument au Mills College avant de bifurquer vers le clavier. Elle participe à quelques groupes de la Cité des anges comme Golden Shoulders ou The Pleased. Son premier EP solo sort en 2002 et s'intitule Walnut whales. C'est ensuite le très suave The milk-eyed mender qui voit le jour en 2003 chez Drag City, responsable aussi des galettes de Will Oldham.
Et nous voilà en un clin d'oeil en 2006 avec cet objet insolite entre les mains : Ys. 5 pistes, 50 minutes d'évasion, d'aller-retour entre passé et présent dans le brouillard total. Certes il y a une patte, celle de Van Dyke Parks, géniteur du classique psyché Song cycle en 1968 et vieux routard du psyché rock et du folk, mais il y a aussi et surtout cette association si déchirante entre la voix évasive de Joanna Newsom et la douceur d'une harpe, instrument rare et précieux.
Appuyons sur la touche lecture de notre vieille platine, juste pour voir ou plutôt écouter. A partir de ce moment fatidique, votre corps se pixélise, tout remue à l'intérieur et cependant vous n'êtes pas ici, pas là, ailleurs certainement. Mais où? Comment parler de cet album si ce n'est par de l'affectif et des métaphores, des images et des images, encore et encore. Ma pompe à sang j'ai envie de la jeter dans des gueules. Je sens ma poitrine se décharner et dévoiler un bric-à-brac d'entrailles et de sentiments à l'air libre. A vif, la vie pénètre sans douceur. Si le charme agit, la mélancolie nous dévore dans de longues plages vocales sans fin. Evasif, fantaisiste, enchanteur, onirique... vous pouvez y mettre tout ce que vous voulez. Mais vulnérable c'est comme ça que vous finirez. Tout vous déchire, vous écorche. Et pourtant le vernis est doux, toujours. Mais amer, souvent.
Ys est un album fort, pénétrant. Un album en marge aussi. Perdu entre plusieurs mondes et plusieurs époques, loin des modes mais jamais loin de la vie et de ses dépendances. A écouter donc. Au moins une fois, pour paraphraser Vade.
fab


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A écouter : "Emily" et "Cosmia".


1 Comment:

Ju said...

J'ai d'abord cru que tu te ne remettrai jamais de ce disque puis je t'ai vu à Paris et j'ai été rassuré. Une voix effectivement très atypique, bien que proche de celle de Bjork pour moi. Une ambiance indéniable en tous cas. Une plongée dans l'air celtique, sympa, mais je ne m'en ouvrirai pas la poitrine pour sortir mes tripes lol.