C’est un premier album que certains attendaient depuis plus de trente ans ! Franck Dowding est né en 1944 en Jamaïque, et il fait de la musique depuis l’âge de quatre ans. Il a traîné ses guêtres dans les quartiers chauds de Kingston, à Three Miles, Trenchtown ou Riverton City. Après l’école puis la chorale, étape quasi indispensable pour tout chanteur jamaïcain, Franck Dowding, qui ne se fait pas encore appeler Kiddus I, se met à la batterie, à la trompette puis au piano et à la guitare. Mais il avoue lui-même « ne pas être terrible sur ces deux derniers instruments!"
C’est en 1976, que Franck « Sheperd » Dowding, connaît son premier et presque seul succès. Dans le film « Rockers » il interprète le titre « Graduation in Zion » qui marque une génération d’ados européens en manque de bonnes vibes. Enregistré deux ans plutôt chez Jack Ruby, c’est finalement grâce à Ted Bafaloukos réalisateur de « Rockers » que « The Sheperd » sort de l’anonymat. Il lance son propre label « Sheperd » sur lequel il enregistrera onze titres dont « Security » et « Cry wolf » , enregistrés au Black Ark studio de Lee Perry .
1978 est une date importante pour une Jamaïque déchirée par les crimes politiques et l’escalade meurtrière dans laquelle se sont lancés les deux principaux partis politique de l’époque, le Jamaica Labour Party (JLP) et le People’s National Party (PNP). Liés au Gunsmen et aux syndicats du commerce, les deux partis transforment souvent les campagnes électorales en règlement de comptes géants. La Jamaïque est au bord de la guerre civile. A l’initiative de plusieurs figures du reggae dont Bob Marley, rentré deux mois plutôt de Londres, le « One Love Peace Concert » tente de réconcilier les Jamaïcains avec la politique. L’histoire en retient la poignée de main entre Michael Manley et Edward Seaga, les deux leaders politiques. Les amateurs de musique, eux, ne voient que les prestations des 16 meilleurs groupes de reggae du moment dont « The Meditations », «The Mighty Diamonds », « Culture », « Dennis Brown », « Peter Tosh », « Bob Marley and The Waylers » et « Ras Michael and The Sons of the Negus ». A l’époque Franck “Shepperd” dirige une communauté, lieu de rencontre entre les gamins des ghettos et les musiciens rastas. Cuisine, culture de l’herbe, discussions ésotériques et musique, autour d’un ou plusieurs joints, il n’est pas rare de rencontrer Gregory Issacs, Jacob Miller, ou Ras Michael palabrer pendant des heures. C’est en effet avec « Ras Michael ans the Sons of the Negus » que « The Shepperd » a participé au « One Love Peace Concert » du 22 avril 1978.
A cette occasion, il a d’ailleurs attaqué vigoureusement les hommes politiques corrompus et les policiers véreux. Cela ne lui sera pas pardonné ! La communauté est fermée en 1979 avant d’être rasée. Sherpperd lui doit fuir. Il part pour la Californie et l’Angleterre. Il fournit quelques titres, enregistre peu mais écrit beaucoup.
Ce n’est qu’en 2004 qu’il enregistre son premier album « Kiddus I Inna de Yard » sur le label français Makasound. Cet album, le deuxième dans la série « Inna de Yard » après celui d’Earl « Chinna » Smith est conçu dans l’arrière cour de la maison d’Earl, en acoustique dans le plus pur style Nyahbingi de retour aux traditions. Juste une ou deux guitares, caressée par Earl Chinna Smith lui même, et quelques percussions légères de Kiddus I, Kush MacAnuf (le fils de Winston) et de Ras Michael Junior. Le mixage fait, le disque peut sortir en 2005. Les instruments minimalistes, attirent le reggae militant de Kiddus I vers le blues et la soul. Sa voix grave et profonde lui redonne enfin la place qu’il mérite dans l’histoire tourmenté du reggae jamaïcain. Les compositions sont longues, appliquées et servent parfaitement le concept acoustique adopté par Makasound. Kiddus I, qui n’est rentré définitivement en Jamaïque qu’en 1992, s’est trouvé confronté au dancehall, « une musique négative qui est allée trop loin ». Pour lui « il est temps pour le monde entier de se tourner vers le « truth and rights », un retour aux instruments loin des ordinateurs ». Lui qui n’a enregistré qu’un album, en trente ans, ajoute sans regret, « un cycle arrive à sa fin, c’est à nous anciens du business de revenir et reprendre nos carrière en main ». Espérons, que nous n’aurons pas à attendre 30 ans pour écouter le deuxième album de Kiddus I, le dernier « berger de l’industrie du disque jamaïcain».
Un extrait du film "Rockers", première apparition de Kiddus I.
C’est en 1976, que Franck « Sheperd » Dowding, connaît son premier et presque seul succès. Dans le film « Rockers » il interprète le titre « Graduation in Zion » qui marque une génération d’ados européens en manque de bonnes vibes. Enregistré deux ans plutôt chez Jack Ruby, c’est finalement grâce à Ted Bafaloukos réalisateur de « Rockers » que « The Sheperd » sort de l’anonymat. Il lance son propre label « Sheperd » sur lequel il enregistrera onze titres dont « Security » et « Cry wolf » , enregistrés au Black Ark studio de Lee Perry .
1978 est une date importante pour une Jamaïque déchirée par les crimes politiques et l’escalade meurtrière dans laquelle se sont lancés les deux principaux partis politique de l’époque, le Jamaica Labour Party (JLP) et le People’s National Party (PNP). Liés au Gunsmen et aux syndicats du commerce, les deux partis transforment souvent les campagnes électorales en règlement de comptes géants. La Jamaïque est au bord de la guerre civile. A l’initiative de plusieurs figures du reggae dont Bob Marley, rentré deux mois plutôt de Londres, le « One Love Peace Concert » tente de réconcilier les Jamaïcains avec la politique. L’histoire en retient la poignée de main entre Michael Manley et Edward Seaga, les deux leaders politiques. Les amateurs de musique, eux, ne voient que les prestations des 16 meilleurs groupes de reggae du moment dont « The Meditations », «The Mighty Diamonds », « Culture », « Dennis Brown », « Peter Tosh », « Bob Marley and The Waylers » et « Ras Michael and The Sons of the Negus ». A l’époque Franck “Shepperd” dirige une communauté, lieu de rencontre entre les gamins des ghettos et les musiciens rastas. Cuisine, culture de l’herbe, discussions ésotériques et musique, autour d’un ou plusieurs joints, il n’est pas rare de rencontrer Gregory Issacs, Jacob Miller, ou Ras Michael palabrer pendant des heures. C’est en effet avec « Ras Michael ans the Sons of the Negus » que « The Shepperd » a participé au « One Love Peace Concert » du 22 avril 1978.
A cette occasion, il a d’ailleurs attaqué vigoureusement les hommes politiques corrompus et les policiers véreux. Cela ne lui sera pas pardonné ! La communauté est fermée en 1979 avant d’être rasée. Sherpperd lui doit fuir. Il part pour la Californie et l’Angleterre. Il fournit quelques titres, enregistre peu mais écrit beaucoup.
Ce n’est qu’en 2004 qu’il enregistre son premier album « Kiddus I Inna de Yard » sur le label français Makasound. Cet album, le deuxième dans la série « Inna de Yard » après celui d’Earl « Chinna » Smith est conçu dans l’arrière cour de la maison d’Earl, en acoustique dans le plus pur style Nyahbingi de retour aux traditions. Juste une ou deux guitares, caressée par Earl Chinna Smith lui même, et quelques percussions légères de Kiddus I, Kush MacAnuf (le fils de Winston) et de Ras Michael Junior. Le mixage fait, le disque peut sortir en 2005. Les instruments minimalistes, attirent le reggae militant de Kiddus I vers le blues et la soul. Sa voix grave et profonde lui redonne enfin la place qu’il mérite dans l’histoire tourmenté du reggae jamaïcain. Les compositions sont longues, appliquées et servent parfaitement le concept acoustique adopté par Makasound. Kiddus I, qui n’est rentré définitivement en Jamaïque qu’en 1992, s’est trouvé confronté au dancehall, « une musique négative qui est allée trop loin ». Pour lui « il est temps pour le monde entier de se tourner vers le « truth and rights », un retour aux instruments loin des ordinateurs ». Lui qui n’a enregistré qu’un album, en trente ans, ajoute sans regret, « un cycle arrive à sa fin, c’est à nous anciens du business de revenir et reprendre nos carrière en main ». Espérons, que nous n’aurons pas à attendre 30 ans pour écouter le deuxième album de Kiddus I, le dernier « berger de l’industrie du disque jamaïcain».
Un extrait du film "Rockers", première apparition de Kiddus I.
2 Comments:
Un berger reggeaman, original ça! Je vais m'empresser d'aller écouter ça.
Par contre tu nous as resservi l'historique du one love peace concert de 1978 que fabi nous avait déjà faite dans sa chronique de février de Peter Tosh.
Faut lire les anciennes notes man (-:
Bonne continuation Martin.
Suprenant c'est vrai, c'est une galette de reggae que je vais moi aussi m'empresser d'aller écouter. Pour l'histoire du One Love Peace, je crois qu'une piqure de rappel ne fais jamais de mal... bref peu importe, merci La Mart' et merci Ju pour ta lecture assidue et tes commentaires.
Au plaisir de vous lire les amis.
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