Et encore une légende de la folk music. Moins connu du grand public que les Woody Guthrie, Bob Dylan et autres Pete Seeger,
Bert Jansch n'en a pas moins marqué des générations de musiciens au fil de sa vingtaine d'albums studio. Jimmy Page (Led Zepellin), Nick Drake ou encore
Neil Young figurent aux rangs des adeptes et héritiers du folk singer écossais. Pour le chanteur canadien, Jansch n'était pas moins que l'égal de Jimi Hendrix, version guitare acoustique. En somme, un virtuose.
Personnage kerouac-ien, Bert Jansch parcourt l'Europe au début des années soixante, de bars en bars, d'une gerbe nocturne à un concert improvisé, le sac et la guitare sur le dos. Lorsqu'il s'installe à Londres au milieu des sixties, la scène folk de la capitale anglaise est fleurissante. Très vite, il squatte les pubs de Soho pour quelques boeufs. Notamment le « Les cousins bar » de Greek Street pour des performances régulières. En journée, il profite de la ville et fait tourner quelques vynils sur sa platine. Ravi Shankar, Charlie Mingus ou encore John Coltrane.
Avec un ami ingénieur du son, dénommé Bill Leader, il enregistre quelques titres de son cru. Leur appart comme studio improvisé. La « tape » atterrit chez Atlantic records grâce à Bill qui la cède... contre 100 livres sterling. En un an, 150 000 copies de ce premier album sont écoulées. Bon coup pour Atlantic. Certains des titres sont aussi repris par des artistes pop, comme Donovan, et monopolisent la tête des charts britanniques.
Ce soudain succès commercial ne bouleverse pas Bert Jansch qui continue de se produire dans des rades et peaufine son répertoire folk. Notamment en compagnie de la chanteuse Anne Briggs ou du musicien John Renbourn, qui, au moment de leur rencontre, verse dans l'« early music », du 12e-16e siècles. Bert Jansch formera un groupe, Pentagle, qui tournera pendant cinq ans dans le monde entier. Il n'aura de cesse jusqu'à aujourd'hui de sortir des disques, monter sur scène et perpétuer une musique folk authentique, désabusée et désanchantée. Son premier album, réussite inattendue, est le témoignage du génie à l'oeuvre. Dans sa plus grande simplicité et pureté.
Le premier titre, « Strolling down the highway », invite dans le grand sud américain (pour donner un peu dans le cliché) à la rencontre d'un folk singer à la Pete Seeger. Un petit air à la limite de la country et la voix fragile du jeune Bert Jansch. La voix s'efface sur le deuxième morceau du disque et laisse place à la virtuosité du guitariste. La mélodie est lanscinante presque complaignante. Je m'y complaît sans hésitation. L'album alterne titres chantés et instrumentaux. Le tout dans la plus grande harmonie, loin d'éroder mon attention ou mon plaisir. Au contraire, l'album est remarquablement homogène et propice à une écoute intégrale.
S'enchaînent des titres d'une profonde mélancolie et d'une rare beauté. Je pense à « Do you hear me now? » ou « Rambling's gonna be the death », titre à l'entame dylanesque et à la complainte toujours lascive. On croise par moment des intonations de voix qui, sans aucun doute, ont largement influencées le chant de Jimmy Page. Dans ma réédition de l'album figurent deux bonus. Un medley instrumental tout bonnement magnifique et une version live en 1964 du titre « Angie », plus anecdotique.
Pour être laconique, je ne vous dirai que cela : amis du folk, écoutez ce disque immanquable.
fab.
Trois titres en libre-service :
"Needle of death" :
"Do you hear me now" :
"Instrumental medley" (1964) :
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