Si vous aviez oublié que « dans le hip-hop y’a des gens concernés » - ce que je peux tout à fait comprendre, ayant moi-même la mémoire courte et une tendance à rejoindre les « déclinologues » du rap français -, si, donc, vous êtes des francorapophiles frustrés – n’ayons pas peur des néologismes -, je ne peux que vous conseiller de vous replonger dans la discographie d’Assassin. Ou le groupe qui a élevé le rap au niveau de la dissertation (ou l’inverse).
Et plutôt que de faire la chronique d’un des albums de ce groupe pionnier du rap hexagonal – je ne saurai lequel choisir -, remercions-les d’avoir mâché le travail avec Académie mythique, un best-of sorti l’année dernière et qui retrace, en 16 titres, une décennie de rap militant. De « Note mon nom sur ta liste » (1989) à « Au fond de mon cœur » (2000).
Mais surtout – et c’est là que je veux en venir – le CD est accompagné d’un DVD contenant video-clips et lives du groupe. En fait ce sont surtout les clips qui m’intéressent ici, et ce pour deux raisons : 1) ils sont carrément méconnus par rapport à ceux de NTM ou IAM (je ne parle pas de Diam’s, veuillez m’excuser…). 2) ils déchirent grave. C’est dit.
Ca commence avec « L’écologie : "Sauvons la planète !" » (1993). Outre le fait que Rockin’Squat et Solo y assènent des lyrics il est vrai indémodables mais avec tout de même quinze ans d’avance sur les politiques, le clip est franchement bloquant, alternant extraits en noir et blanc de rappeurs encapuchonnés gesticulant dans une cave, et images en couleur d’éléphants braconnés ou d’essais nucléaires. « L’homme [qui] organise sa destruction » est incarné par le visage bouffi d’un fumeur de cigare bagousé pouvant tout à la fois représenter « un monde […] préférant le profit » : la fumée envahit peu à peu l’écran autour du bout incandescent du cigare, tandis qu’une toux insistante se fait entendre.
On enchaîne avec « L’odyssée suit son cours » (1995), de loin mon préféré. Dans le tube cathodique, un Doctor L fardé – clown ou magicien ? – nous aspire dans le laboratoire de la folie : la caméra, malmenée, navigue dans un décor aseptisé où une faune grimaçante et détraquée s’agite autour d’un lit d’hôpital…
Dans « Shoota Babylone » (1996), le même Doctor L invite deux enfants dans un train fantôme, pour une plongée de trois minutes et demie dans les souterrains du monde moderne. Dédale parsemé de pièges et de tentations. Voyage initiatique autant que pédagogique : « Quand on parle de Babylone, on le prend comme symbole pour illustrer le monopole qu'exercent les structures dirigeantes en métropole, à l'égard des minorités qui forment une majorité sur ce globe. »
On ne s’attarde pas sur « Undaground Connexion » (1996), très bon titre en featuring avec Supernatural, mais dont le clip n’est pas à la hauteur. Passons directement à « Touche d’Espoir » (2000), réalisé par Jan Kounen (Doberman, mais aussi le très peu réussi Blueberry). Un anneau de lumière descend sur Paris : Rockin’Squat, rappeur « connecté au cosmique », se transforme en une panthère noire qui va déambuler dans la capitale, du Père-Lachaise à l’Assemblée nationale, en passant par les couloirs du métro où officient b-boys et graffeurs.
Enfin, l’efficace « Sérieux dans nos affaires » (2001) juxtapose images nocturnes en sépia et fragments de « plus de quinze ans de carrière, la justice nique toujours sa mère » : extraits de concerts, passages en studio et autres tournages de clips. Des mots tagués apparaissent à l’écran pour venir appuyer les lyrics.
Il y a bien aussi, en bonus, le clip d’un titre solo de Rockin’Squat (cela dit, est-ce qu’Assassin ce n’est pas déjà un peu Rockin’Squat en solo, depuis le départ de Solo, justement ?…) : mais ce « Libre » (2004) n’est pas au niveau des morceaux historiques du groupe, donc je m’arrête là.
Et plutôt que de faire la chronique d’un des albums de ce groupe pionnier du rap hexagonal – je ne saurai lequel choisir -, remercions-les d’avoir mâché le travail avec Académie mythique, un best-of sorti l’année dernière et qui retrace, en 16 titres, une décennie de rap militant. De « Note mon nom sur ta liste » (1989) à « Au fond de mon cœur » (2000).
Mais surtout – et c’est là que je veux en venir – le CD est accompagné d’un DVD contenant video-clips et lives du groupe. En fait ce sont surtout les clips qui m’intéressent ici, et ce pour deux raisons : 1) ils sont carrément méconnus par rapport à ceux de NTM ou IAM (je ne parle pas de Diam’s, veuillez m’excuser…). 2) ils déchirent grave. C’est dit.
Ca commence avec « L’écologie : "Sauvons la planète !" » (1993). Outre le fait que Rockin’Squat et Solo y assènent des lyrics il est vrai indémodables mais avec tout de même quinze ans d’avance sur les politiques, le clip est franchement bloquant, alternant extraits en noir et blanc de rappeurs encapuchonnés gesticulant dans une cave, et images en couleur d’éléphants braconnés ou d’essais nucléaires. « L’homme [qui] organise sa destruction » est incarné par le visage bouffi d’un fumeur de cigare bagousé pouvant tout à la fois représenter « un monde […] préférant le profit » : la fumée envahit peu à peu l’écran autour du bout incandescent du cigare, tandis qu’une toux insistante se fait entendre.
On enchaîne avec « L’odyssée suit son cours » (1995), de loin mon préféré. Dans le tube cathodique, un Doctor L fardé – clown ou magicien ? – nous aspire dans le laboratoire de la folie : la caméra, malmenée, navigue dans un décor aseptisé où une faune grimaçante et détraquée s’agite autour d’un lit d’hôpital…
Dans « Shoota Babylone » (1996), le même Doctor L invite deux enfants dans un train fantôme, pour une plongée de trois minutes et demie dans les souterrains du monde moderne. Dédale parsemé de pièges et de tentations. Voyage initiatique autant que pédagogique : « Quand on parle de Babylone, on le prend comme symbole pour illustrer le monopole qu'exercent les structures dirigeantes en métropole, à l'égard des minorités qui forment une majorité sur ce globe. »
On ne s’attarde pas sur « Undaground Connexion » (1996), très bon titre en featuring avec Supernatural, mais dont le clip n’est pas à la hauteur. Passons directement à « Touche d’Espoir » (2000), réalisé par Jan Kounen (Doberman, mais aussi le très peu réussi Blueberry). Un anneau de lumière descend sur Paris : Rockin’Squat, rappeur « connecté au cosmique », se transforme en une panthère noire qui va déambuler dans la capitale, du Père-Lachaise à l’Assemblée nationale, en passant par les couloirs du métro où officient b-boys et graffeurs.
Enfin, l’efficace « Sérieux dans nos affaires » (2001) juxtapose images nocturnes en sépia et fragments de « plus de quinze ans de carrière, la justice nique toujours sa mère » : extraits de concerts, passages en studio et autres tournages de clips. Des mots tagués apparaissent à l’écran pour venir appuyer les lyrics.
Il y a bien aussi, en bonus, le clip d’un titre solo de Rockin’Squat (cela dit, est-ce qu’Assassin ce n’est pas déjà un peu Rockin’Squat en solo, depuis le départ de Solo, justement ?…) : mais ce « Libre » (2004) n’est pas au niveau des morceaux historiques du groupe, donc je m’arrête là.
0 Comments:
Post a Comment