Tuxedomoon fait partie, avec Tangerine Dream et bien d'autres, de ces expérimentateurs sonores bien difficiles à classer. Un groupe d'avant-garde qui, à la fin des 70's, avait déjà totalement intégré les machines dans son processus de composition. Un groupe hors-temps et hors-modes - hors-tout, à vrai dire, qui torpille les frontières du rock, de la new-wave et du jazz.
Reformé en 2004, 16 ans après le split, Tuxedo continue à sortir des galettes de très haute tenue. Un nouvel opus est même prévu, cette année. Mais le meilleur disque de ce collectif - fondé à San Francisco avant de se baser à Bruxelles - demeure son premier album, Half Mute (1980), auquel a été greffé le 4 titres Scream with a view (1979) quelques années après. Un chef-d'oeuvre auquel un petit cercle d'initiés voue un culte inconditionnel, et qui mériterait une plus large reconnaissance.
Reformé en 2004, 16 ans après le split, Tuxedo continue à sortir des galettes de très haute tenue. Un nouvel opus est même prévu, cette année. Mais le meilleur disque de ce collectif - fondé à San Francisco avant de se baser à Bruxelles - demeure son premier album, Half Mute (1980), auquel a été greffé le 4 titres Scream with a view (1979) quelques années après. Un chef-d'oeuvre auquel un petit cercle d'initiés voue un culte inconditionnel, et qui mériterait une plus large reconnaissance.
Il s'ouvre sur "Nazca", où s'étale la ténébreuse solitude d'un saxophone dans un désert de cordes et de grincements dissonants. A la fin du morceau, le cuivre esseulé part dans des aigus vertigineux, annonciateurs des phrases free jazz explosives de "59 to 1", une chansonnette punk délurée à la rythmique simpliste. Steven Brown s'impose dès ces deux premiers titres comme un saxophoniste totalement original, au souffle lyrique et glaçant, capable de créer une intimité précieuse avec son auditeur. C'est encore le cas sur "KM, seeding the clouds", longue plage neurasthénique (plus de 11 minutes) où Blaine Reininger place des intonations à la Bowie sur un tapis d'effets industriels perturbants.
Volo Vivace, autre point d'orgue de Half Mute, est une sorte de fugue tzigane où le violon de ce même Reininger et la basse guerrière de Peter Principle rappellent certaines pièces minimalistes de Philip Glass. Tuxedomoon est ainsi, passant du coq à l'âne à chaque morceau, disséquant le cadavre du mouvement punk tout juste défunt sur "What use" et "Where interests lie" ou ciselant une ambient torturée sur "James Whale" et "(Special treatment for the) Family man". Avec, pour persistante toile de fond, une angoisse bien compréhensible à l'aube de ces impitoyables années 80 qui nous ont vu naître.
En bref : Half Mute est un parfait testament de la vague expérimentale et planante qui déferla sur l'Europe et les Etats-Unis de la fin des 60's au début des 80's. Un petit moment d'Histoire, sombre et secret, à ranger près de Brian Eno, Kraftwerk et Cluster, entre le rock choucroute et l'électronica.
Une version live de "Nervous guy" & "Volo vivace" à la télé italienne, avec un duo de présentateurs et un décor qui tuent:
3 Comments:
ça fait plaisir de savoir qu'on est au moins deux à avoir écouté Tuxedo de la même oreille... j'ai souvenir de Blaine Reininger s'enfilant une langoustine dans le nez à un repas post-concert où ils m'avaient invité après une prestation à Montpellier au début des 80's, tellement je la leur avais joué fan transi... autant leur musique était triste, autant c'était des californiens allumés et déconneurs...
J'ai un souvenir trés précis de la crevette que Blaine Reininger s'etait mis dans le nez, le resto c'etait l'escargot en face de la gare...
Je suis témoin, après le concert convoi pour un repas avec le groupe et une poignée de fans dans une brasserie ouverte non stop en face de la gare.On sert une salade à Blaine Reininger, il décapite une crevette puis deux, et se les fourre dans les narines en ricanant.Il s’était transformé en un personnage étrange, ambassadeur parfait du label Ralph.
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