Continuant mon pèlerinage au pays vallonné du rock indépendant américain, j'enfourne dans ma platine un disque à la pochette intrigante. Première écoute enthousiasmante, j'accepte ma mission de faire découvrir ce joyau à la fratrie de Babylone. Quelques recherches plus tard je réalise qu'en fait, In the aeroplane over the sea n'est pas du tout une relique oubliée mais bel et bien un album culte du milieu indépendant ayant inspiré la plupart des artistes du moment, d' Arcade fire à Wilco. Raté, je ne serai pas le Christophe Colomb de ce disque. Parlons en un peu quand même.
Membre de l'excellent collectif américain Elephant 6 dont je n'ai pas fini de vous parler au travers de groupes tels que Olivia tremor control ou le récemment médiatisé Of Montréal, c'est l'auteur compositeur interprète Jeff Mangum qui prend les rennes de ce deuxième et dernier album. Leader énigmatique et réservé, dépressif chronique, Jeff Mangum découvre le journal d'Anne Frank et ressort bouleversé par cette évocation de la deuxième guerre mondiale. De là naîtra l'idée et le concept de ce véritable tour de force musical.
Banjo, cornemuse, accordéon, piano, scie musicale, c'est l'armada complète de la pop biscornue qui est mise au service d'un univers fantasmagorique à l'imagination et au mysticisme délirant. Une orchestration majestueuse donc pour des compositions qui fuient le cadre établi mélodie/refrain et préfèrent s'aventurer au plus profonds de thèmes transcendants. La voix de Mangum, attirante ou repoussante, joue tantôt un punk furieux, tantôt un rock primitif, souvent un fuzz folk très lo fi dans ses grésillements et ses hésitations. Car ici ce sont véritablement les bases du folk indé qui sont posées avec le triptyque guitare acoustique/chanteur/instruments divers. Le résultat est un cirque rock impressionnant d'originalité et de bizarreries sonores en tout genre.
L'exemple le plus flagrant est la présence de deux plages instrumentales du plus bel effet, Fool et Untitled, contribuant à distiller avec classe ces évocations sans concession d'un monde de violence onirique et intime. Les deux première plages introductives du disque ne servent pour moi que de faire valoir au titre éponyme qui constitue un titre parfait et une réelle démonstration pour quiconque souhaitant faire de la pop un tantinet psyché aujourd'hui. J'en oublierai presque Oh Comely, ballade si simple avec tant de présence et Two merveilleuse conclusion en forme d'adieu grâce à qui Radiohead n'aurait jamais existé. C'est en fait chaque titre ici qui réinvente et qui grave le marbre de l'indie music à chaque instant.
En bref : Disparu sans laisser de traces, malgré d'excellentes critiques USA et Canada et un fabuleux accueil populaire, la musique de Jeff Mangum (qui revient en solo à la rentrée) reste et restera une référence et une source d'inspiration pour le milieu indépendant. C'est sans doute cela que l'on appelle un chef d'oeuvre.
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Le site du Collectif Elephant 6
Acheter In the aeroplane over the sea chez l'International Records
2 Comments:
Est-ce que le dessinateur de la pochette est le même que celui de Melon Collie... des Smashing Pumpkins?
Je ne pense pas... mais c'est vrai que c'est dans le même esprit. Il y a des pochettes, on se sait pas pourquoi, on s'en souvient plus que d'autres...
La bise.
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