Trajectoire classique, les huit membres de Black Roots, alors minots, débarquent en Angleterre au milieu des années 60, en provenance directe de Jamaïque. Destination les suburbs de Bristol et un pays qui s'enfonce peu à peu dans la crise économique. Chômage de masse, politique de rigueur, ségrégation spatiale, racisme. Les marges s'expriment à pleine voix et se construisent. Skinheads première génération, teddy boys puis punks. Parfois elles s'affrontent. Les musiques ska et reggae connaissent leurs heures de gloires, vous connaissez l'histoire.
Les Black Roots se forment en 1979. Ils enregistrent leur premier disque en 1980 et très vite parcourent l'Angleterre. Plus de 1000 dates enchaînées entre 1980 et 1986, des collèges de province au Hammersmith Theater de Londres. Ils participent ensuite à leur première tournée mondiale avec UB40. Leur premier album, éponyme, est pressé en 1983. Pendant près d'une quizaine d'années les Black Roots s'enquillent les scènes sans négliger de revenir régulièrement en studio. Ils se séparent en 1993 et laissent derrière eux dix albums et huit maxis. Forces vives du reggae britannique des eighties, ils semblent aujourd'hui largement ignorés. A tort, amnésie industrielle.
L'entrée dans In session se fait dans une douceur extrême sur un rythme syncopé classique très ambiant et enveloppant. On marche sur du velours. Ligne de basse soyeuse, choeurs chaleureux, solos de guitares et de piano flegmatiques. La voix de Delroy Ogilvie, suave quoique haut placée, est à la fois pure et reconfortante. Pas de grande originalité dans les thèmes abordés par les Black Roots, plutôt les marronniers du reggae des 80's. Au fil du disque, se croiseront les titres « Tribal war », « Juvenile delinquent », « Africa » ou encore « Chanting for freedom ». Mais la musique de la troupe de Bristol a un tel pouvoir de captation.
Dans son ensemble In session dégage une sorte de candeur salvatrice. Les voix de Delroy Ogilvie et Kondwani Ngozi nous hissent avec délicatesse dans leur noble impesanteur. Leurs chants fleurtent par moment avec la soul pour revenir ensuite dans une veine plus reggae roots, non sans nous rappeler furtivement à leurs voisins de Birmingham, Steel Pulse. Les titres, de structures indéfectiblement identiques, ménagent une large place méritée à des solos rondement menés. Certaines mélodies nous renvoient un instant aux sonorités des Gladiators. Plutôt flatteur. « Juvenile delinquent », « Tribal war », « Chanting for freedom » ou encore « Bristol rock »... difficile de dégager des titres de ce live d'une grande homogénéité, en dépit de son enregistrement en deux temps.
Juste un conseil pour finir... Vous n'avez rien de spécial à faire... enfoncez-vous dans votre canapé... tirez une grande bouffée... appuyez sur play et laissez vous guider... Black Roots saura vous faire apprécier le temps à sa juste valeur. Indispensable aux reggae freaks comme aux simples amateurs de roots mélodique. Les enregistrements In session sont complétés par les premiers maxis du groupe et quelques versions.
En bref : Reggae roots mélodique made in Britain, réconfortant et aérien
1 Comment:
Je connaissais pas les Black Roots, mais tout ça me fait beaucoup penser au groupe Misty in Roots : english eux aussi, ils ont eux aussi connu un gros succès à la fin des 70's et pendant toutes les 80's, ont également enregistré des sessions pour John Peel. Le tout dans un même style à la Steel Pulse ou Aswad... Tu devrais checker, ça te plaira sûrement.
Bises
http://www.mistyinroots.ws/home.html
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