D'elle, je sais peu de choses, quelques éléments glânés par-ci par-là. Concha Buika est née en 1972 à Palma de Majorque dans les Baléares. Ses parents sont originaires de Guinée Equatoriale. Peu argentée, la famille vit dans les quartiers déshérités de l'île et c'est auprès de la communauté tsigane que la petite Concha se forme à la musique. Elle découvre les rythmes flamenco et traditionnels espagnols. Après avoir assisté à un concert de Pat Metheny, le virtuose guitariste jazz américain, la jeune femme est résolue à devenir chanteuse. Buika se produit alors avec des groupes locaux puis se fait même imitatrice de Tina Turner pour un casino de Las Vegas. Une année de Tina suffira. Elle revient à la compositon et s'installe en studio. Elle prend aussi le temps de poser sa voix sur quelques titres de deep house. Surprenant. En 2005, sort un premier album aux compositions mêlant jazz et flamenco, sobrement baptisé Buika. Dans la foulée la chanteuse se lance dans l'écriture de Mi niña lola. Le disque débarque en 2006 et le succès est au rendez-vous. Et moi de la découvrir un peu après coup, au hasard d'une de mes journées stagiaires.
Pour parler de Mi niña lola, soit dit en passant produit par Javier Limon, l'homme qui se cachait derrière le splendide Làgrimas negras de Bebo Valdés et Diego « El Cigala », que dire... cet album est tout simplement enchanteur. D'une beauté et d'une profondeur troublantes. Dès les premières intonations de voix de la diva flamenco, et les premières notes d'un piano aux accents mélancoliques, tout est presque dit. La première impression est la bonne. Chaque palabre de Buika émerge de ses profondeurs les plus intimes et l'écorche au passage, sans jamais la ménager. Pire, la chanteuse paraît s'abîmer au contact de sa musique. Piano, violoncelle et basse la soutiennent entre jazz et flamenco, avec grande classe. Mes tripes chavirent. La profondeur et la sensibilité de Làgrimas negras semblent ici convoquées.
Si je vous parle de « diva flamenco » loin de moi l'idée de réduire Buika à cette simple étiquette. Je ne suis pas si ingrat et cruel. De la viscérale « Mi niña lola » à la très soul « Love », en passant par les claquements africanisants de « A mi manera » et la très gitane « Triunfo », la chanteuse accomode avec justesse ses influences. Manouche, latin-jazz, soul, funk. Parcourant le tout de sa voix éraillée et éminemment émotive. Peut-être pas un disque révolutionnaire, mais un de ceux qui font un bien fou. Parce que plus humains que les autres.
En bref : Entre flamenco et jazz, le spleen intense d'une diva écorchée. Bouleversant.
Le site de Concha Buika.
"Mi niña lola" :
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