Eminent personnage de la scène anti folk underground new yorkaise, Jeffrey Lewis fait partie de ces artistes controversés ou adulés, incompris ou vénérés, qui déclenche des commentaires du genre "J'aurais pu le faire moi même avec un vieux magnéto pourri et une guitare désaccordée". Pas tout à fait non plus. C'est vrai que lorsque l'on est habitué à des instrumentations et productions super léchées, on peine un peu sur le côté compilation de vieux enregistrements sur cassettes. Et pourtant c'est là que l'oeuvre de Lewis puise tout son charme, dans sa présentation "home made" (Jeffrey dessine lui même ses pochettes), son approche instinctive et spontanée, et donc forcément sincère.
Arrivé sur terre en 1975 dans une famille de beatniks américains, Jeffrey n'a eu d'autre choix que de grandir "au village" au son de Dylan, Velvet et autres Cohen. Stimulé artistiquement dès le plus jeune âge, il s'invente des super héros loosers de comics qu'il continue de faire évoluer aujourd'hui. Entre deux planches, le petit Jeffrey ne bulle pas et fait régulièrement sortir de son chapeau des mélodies simples sur fond d'accords folk dépouillés. Même s'il chante faux, son torrent de mots hallucinés est remarqué par les grands de chez Rough Trade, label dont le gimmick pourrait bien être à force "Celui qui ne se trompe jamais".
La machine lancée, Lewis livre en 2002 cette compilation de 10 petits joyaux bruts et poétiques sur sa vie, la grosse pomme, les filles, la bohème et Seattle. Avec la participation de son frère Jack et des passants qui à juste titre passaient par là (Amanda), Lewis dépeint en mode lo-fi son quotidien de jeune gars désabusé. L'enregistrement à production minimaliste et à guitare maladroite fait penser au One foot in the grave de Beck, et si l'on creuse un peu plus, aux Bootlegs series de Dylan et aux Alternate takes de Lou Reed.
Plus proche de nous, Jeffrey évoque certainement son confrère Adam Green, le côté crooner en moins. Il tourne d'ailleurs régulièrement avec les Moldy Peaches dont il réalise également les pochettes. Comme le monde est petit. S'il fallait en choisir deux, Seattle et Springtime seraient les titres les plus aboutis, toujours emprunts de cette douce guitare sèche en picking. Surnommé le Daniel Johnston new yorkais, Jeffrey est également partenaire d' Herman Düne quand l'occasion se présente. Leur univers musical à tous trois est d'ailleurs très proche. Comme le monde est petit, je vous disais.
En Bref : Si vous vous sentez l'âme bohème et que l'idée de faire la manche aux côtés d'Adam, Daniel et André ne vous rebute pas, ce premier disque est fait pour vous.
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Les vidéos de Acid song et Roll bus roll :
#4.3 - Jeffrey Lewis- Roll bus roll
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