07 avril 2008

Festival Garorock - Marmande les 4, 5 et 6 Avril 2008

Le retour du printemps ne se fait jamais sans le retour des festivals. Celui de Marmande, plus grand festival de musiques actuelles du sud ouest, ouvre le bal pour la douzième année. Les Marmandais, les vrais, habitués aux défilés incessants de jeunes en goguette à cette période de l'année, auront préféré laissé volets fermés afin d'éviter de se retrouver confrontés à l'un de ces festivaliers, pas toujours rasé de près. Une fois l'inévitable bouchon déclenché par ce genre de rassemblement traversé, il est déjà l'heure d'entamer la soirée du vendredi, qui verra s'enchaîner de 19h30 à 4h du matin une bonne quinzaine de concerts disparates.
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Premier inévitable constat: il y a du monde, vraiment! Ca sent le sold out à plein nez et chaque déplacement de quelques dizaines de mètres sur le site s'apparente très vite à une progression machette à la main dans la jungle. Rassemblement dans la grande scène Digitick, le bouche à oreilles fait son effet et il semblerait que la prestation belge de Girls In Hawaï ait été remplacée en lieu et en heure par celle non moins alléchante des californiens de Groundation. L'attente est longue mais finalement Harrison Stafford fait son apparition devant un public assoiffé de musique. Le set, très long, donnera l'impression que la troupe ne veut plus partir mais l'on retiendra surtout le remarquable talent des musicos, que ce soit le batteur ou le trompettiste, qui confirment à ceux qui en doutaient encore que Groundation est bien plus qu'un simple groupe de reggae.
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Sans le savoir, nous n'étions pas au bout de nos surprises. Malheureusement pour tout le monde, le set des Svinkels, attendu de pied ferme par une foule conséquente, sera complètement dissout par des problèmes techniques ininterrompus qui laisseront un goût amer dans la bouche de nombreux spectateurs se plaignant de ne pas être tenus au courant des changements de programmation, ni de la nature des problèmes. On se croirait presque à la SNCF. Là encore, passons. Les bières pros à 1,5 € et un sandwich éthiopien bio (?) font passer la pilule et permettent de repartir pour un tour. Et cette fois, pour du très lourd.
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Révélation personnelle sur le festival, les Birdy Nam Nam, que je cantonnais sans savoir pourquoi à une formation dub hip hop de festival ont en fait ravagé la grande scène d'un show électronique ultra dancefloor. Vainqueurs de plusieurs compétitions internationales de dj's, les quatres membres de ce collectif ont déployé avec force effets de lumières au néon un son énorme propulsé par quatre platines en brochette. Ce sera le set le plus brutal du festival, le plus dansant tout au moins.
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Un café marocain déniché derrière un espace détente conçu en vieux sièges de voitures (normal!), et ça repart pour le gros duo renoi du festoche et l'improbable rencontre entre le public de Marmande et Method Man & Redman. Sans surprise, c'est du bon gros hip hop américain qui sort du mur de baffles érigé sur la scène. Ils semblent avoir leurs fans, et comme je marche à moitié sur mes paupières à cause de la fatigue, je décide de prendre le chemin du retour, non sans m'arrêter quelques instants devant l'électro allemande de Modeselektor, qui semble très efficace mais dont les basses auront très vite raison des mes rotules. Retour hagard jusqu'au camping, jeté de tente, 2 secondes, dodo.
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Au réveil, vers 12h, l'impression générale est familière: des tentes Queschua à perte de vue, le soleil qui (heureusement) tape, des festivaliers partout largement identifiables à leur mode déambulatoire. J'en viens parfois à me demander lors de ce genre de rassemblement la proportion de gens qui viennent pour les concerts et ceux qui viennent pour vivre 3 jours durant une vie de festivalier, affalé dans l'herbe, entre potes, à jouer au caps en refaisant le monde. Le genre d'après midi langoureuse où l'on n'a rien à faire sinon attendre le soir, et donc errer ci ou là à la rencontre de rencontres. Je flotte alors de groupes de tentes en abris de fortune et mon oreille encore un peu attentive capte par ci par là quelques touches de bon goût, un Jefferson Airplane de ce côté, un ptit Doors de l'autre.
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Une fois tirée de la torpeur pâteuse et zombinicale de fin d'après-midi, la bande de sauvages reprend le chemin des concerts et tente d'arriver à temps pour la présence de Cocorosie. Fidèles à leur habitude, les soeurs Casady sont accompagnées par leur beat boxeur préféré et soignent un spectacle étrange et définitivement folk, parfait pour nous faire revenir à la réalité. Retour dans les travées, la croix rouge continue sa cavalcade effrénée de gars bourré en gars bourré, normal, et j'ai la bonne idée de croiser quelqu'un au T-shirt customisé, censé rappeler que picole est aussi l'anagramme de police, bien vu.
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S'en suivra l'enchaînement de groupes typiques de festival (vous voyez ce que je veux dire), Massilia Sound System et le Peuple de l'herbe (High Tone suivant à 3h du mat, bien trop tard pour moi qui ai comme seules munitions alimentaires quelques Pitchs et une pomme). Wax Taylor, que je croyais noir et américain, propose un concert somme toute assez agréable, plutôt différent de ce que l'on a vu jusqu'à présent mais largement recommandable. Mais tout le monde a déjà la tête ailleurs et commence à se rassembler pour recevoir la grande messe scénique hip hop marseillaise de nos années lycée, IAM en personne.
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Efficaces malgré quelques problèmes de son, les marseillais la jouent old school et nous resservent tous les vieux classiques de L' école du micro d'argent, en passant par Ca vient de la rue et le cheap mais indispensable Le Mia. Le public rassasié et content d'avoir vu au moins une fois IAM dans sa vie (l'émotion était partout palpable) se disperse et se retrouve pour le blind test géant signé 2 Many Dj's. Au passage les Bellrays jouent avec fougue dans le petit chapiteau mais personne ne semble vraiment les remarquer, quel dommage.
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Au final et malgré de nombreux problèmes techniques à résoudre pour les prochaines éditions (navettes engorgées et irrégulières, son pas exceptionnel, changements de programme au dernier moment...), le festival Garorock qui n'a de rock que le nom (j'ai entendu quelques vannes du genre "Oh c'est plutôt Garalelectro ou Garohiphop"), prouve par sa très grande affluence le succès qu'il opère années après années. Il permet l'espace d'un week-end à la campagne de vivre au rythme des festivaliers, d'errer en tongs une bière à la main un tarpé dans l'autre et d’assister à de très nombreux concerts de qualité. Et ce, même si on se demande encore ce qu'ils ont bien pu faire des Girls in Hawaï...
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Site web de Garorock

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