19 avril 2008

Nick Cave & The Bad Seeds - The Boatman's Call (1997)

Dave Stewart de Eurythmics racontait cette anecdote savoureuse : sa maman était intervenue lors qu'il était en train de composer en compagnie d'un prestigieux invité ; et lorsque ledit invité s'était mis à entonner un air, cette dame lui avait fait part de sa désapprobation quant à l'air choisi. Sûre d'elle la mamie, surtout que l'invité en question n'était autre que Bob Dylan. On imagine le Stewart confus. Le rapport avec le sujet qui nous occupe ?

Lorsque le 10ème et funèbre album de Nick Cave paraît, certains critiques s'étaient émus que Nick Cave délaisse blues et autres hoquètements auxquels il était coutumier au profit de ce très beau disque mélancolique et ténébreux. Et de reprocher presque au Caveman de ne pas avoir offert au public ce que celui-ci désirait entendre, proposant tout comme la maman de Dave Stewart de remettre son métier sur l'ouvrage au songwriter émérite. On était pourtant loin de l'ascèse de la troisième époque des Bad Seeds qui avec Warren Ellis allait saupoudrer la discographie de l'australien une majeure partie des années 2000.

Car sur ce disque-là, Nick Cave, volontiers en rupture avec ses albums précédents et notamment le décevant Murder Ballads (1996) qui lui avait apporté certaine reconnaissance, s'épanchait sur ses tourments sentimentaux, particulièrement ceux de son divorce et de sa récente idylle avec PJ Harvey terminée en queue de poisson. Les Bad Seeds, toujours crédités et présents sur le disque n'y apparaissaient en fait qu'avec parcimonie, qui par un frôlement de charley, ou de glissements d'un balai de Thomas Wylder, qui par la guitare de l'inusable Mick Harvey.

Mais l'élément nouveau si l'on peut dire était davantage le dépouillement, déjà présent sur d'autres albums de Cave, dénuement poussé à son paroxysme puisque si cet album était une tenue vestimentaire, il serait pourvu des plus formels oripeaux, de très beaux oripeaux tout de même. Ici un violon plaintif ("West Country Girl", "Green Eyes"), là un accordéon ("Black Hair"), dans tous les cas , quasi les sons unique et obsédant d'un piano et d'un harmonium, joués par un Nick Cave qui s'accompagne véritablement en solo. Les chefs-d'oeuvre sont légion, ce que généralement la critique rock sut reconnaître.

Présenté sous un très beau portrait qui offre notre australien préféré sous ses airs les plus primesautiers, l'on est aussitôt plongé dans une ambiance sépulcrale , dans laquelle on le devine, seule la lueur vacillante d'un bougeoir sur le piano éclaire les mains fiévreuses de Cave : c'est le très beau et inaugural "Into My Arms". La suite est un pur régal d'émotion sourde et de transports tout en retenue ("There Is A Kingdom", "Brompton Oratory", "Are You The One I've Been Waiting For ?", "Far From Me") - il faudrait en fait toutes les citer! - pour ce qui demeure aujourd'hui avec l'un des cinq disques majeurs de Nick Cave.

Depuis lors, Nick Cave à l'exception du roboratif Abattoir Blues/ The Life Of Orpheus (2005) ou du plus récent Wild God (2024) n'a plus tutoyé les sommets à la façon de son disque de rupture(s).

En bref : l'un des grands disques d'un auteur assez unique, si souvent imité mais..... Et qui mérite d'être redécouvert.
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1 Comment:

M.Ceccaldi said...

T'exagère!! Après Garou et Bénabar, c'est au tour de Jeanne Mas...
sauvez-moi, quand il me regarde, qu'il me prend la main, ma nannannan se je sais plus trop..