Le phénomène Pluxus est très étrange. Chacun de leurs albums se transforme manifestement en une occasion d’expérimenter la chimie facile. Peut-être quelqu’un se souvient de ces mélodies frénétiques aux formes obsédantes présentes sur leur précédent album, European Onion, sorti il y a presque cinq ans. Par contre, nombreux se remémorent les expériences prolifiques de Gaston Lagaffe, ses innovations en tout genre et sa non moins célèbre boite « Le Petit Chimiste ». Faut-il encore citer en vrac quelque unes de ces inventions : le gaz somnifère, le savon miracle qui adoucit la peau, la cire qui ne glisse pas ou encore le gaz hilarant… Bref : loufoques, saugrenues et finalement burlesques, les productions de Pluxus n’ont rien à envier de celles leur cousin de bande dessinée. Surtout quand leur dernière production s’intitule Solid State.
Sebastian Tesch, Adam Kammerland et Anders Ekert sont de véritables pionniers de la scène musicale suédoise. S’ils présentent seulement quatre albums depuis leur formation, ils sont néanmoins actifs depuis plus de dix ans dans un pays reconnu pour raffiner à l’excès une pop sucrée et moelleuse. Comme tant de monde dans le milieu de l’électronique, les trois Stockholmois viennent de formations classiques et se sont rapidement rendu compte qu’ils s’amusaient plus avec des claviers, synthétiseurs vintage, ordinateurs et autres machines. Ils ont mis au point leur son et, visiblement, se l’ont fait pillé par la horde doucereuse des formations nationales. Le groupe a aussi fondé en 2000 son propre label, Pluxemburg, où ils ont produit leurs albums. Ce dernier opus a d’abord été sorti en 2006 sur ce label, mais Kompakt s’est finalement occupé de leur deuxième entrée en matière en 2008.
Quand European Onion était extrêmement volatile, sortes de marshmallows flottants issus d’une cuisine lagaffienne, Solid State a lesté quelques sucreries pour gagner en stabilité. Sobre, mieux ficelé, moins étourdi et tout simplement moins saoulant que le précédent, il nécessite même plusieurs écoutes pour se laisser apprécier. Alors, moins réussi ? Le raccourci est un peut abrupt. Solid State se laisse distiller, lentement. Un peu trop d’ailleurs. L’album hésite entre une atmosphère downtempo, toujours pop ("Transciant"), un peu plus dansante ("Bootstrap" et "Contax") mais loin de l’agression du précédent single "Agent Tangent" avec son tourbillon de friandises. Certains titres s'apparentent même aux expérimentations d’Ellen Allien ("Solid State", "Slow Peel"). Malheureusement, la production laisse s’installer un certain état engourdissement et d’essoufflement caractéristique d’un trop plein de glucides. Mais la chimie facile laisse encore de trop belles occasions d’expérimentation. Pourvu que leurs produits ne leur pètent pas à la figure.
En bref : plus lent, moins dansant, moins sucré, les Suédois Pluxus marquent un pause dans leurs expérimentations frénétiques.
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