Quand il y a deux mois j'ai appris que Why ? était programmé dans ma petite salle fétiche, je n'avais alors qu'une vague idée au sujet de la formation californienne en question. L'achat compulsif et l'écoute prolongée de Alopecia leur 3ème LP avait doucement fait monter l'excitation en moi, prenant peu à peu conscience du caractère quasi culte (le mot est lâché) acquis au fil des années par son leader, le MC reconverti Yoni Wolf, ancien cLOUDDEAD et co fondateur de l'excellent et exigeant label Anticon (Alias, Dosh, Sole...). Depuis 1998 le groupe à géométrie variable mais familiale s'est appliqué à livrer une poignée d' Ep orientés hip hop mais toujours teintés de de rock indé. Sur le haut du panier, deux LP discrets mais acclamés, l'imprononçable Oaklandazulasylum et le très Wilsonien Elephant Eyelash en 2005. Hors en cette année 2008, grâce à l'une des sept dates programmées en France, j'allais pouvoir me faire ma propre idée et vous rapporter mes impressions.
A première vue le public bordelais semble plutôt bien renseigné, la salle se remplit à vitesse grand V jusqu'à devenir gavée comme une ouaille. La scène indé du cru semble s'être rassemblée et je croise au fil de ma progression épaule contre épaule Mr Botibol, Plim Plim et autres membres de Calc. Le toujours parfait Martial Jesus Selector s'occupe à merveille des interludes et enchaîne sans vergogne titres oubliés de Laurent Voulzy, tubes inter planétaires de Kate Bush et pépites trop peu connues de Sebadoh ou Silver Jews, attisant ainsi la curiosité d'une audience connaisseuse et raffinée, bien que souvent lourdement chargée en pilosité. Pour info, Alopecia étant un synonyme de calvitie, et donc en extrapolant un peu, de peur ressentie par les groupes chevelus de perdre capillarité et inspiration par la même occasion. Et si l'on suit ce raisonnement ce soir, que ce soit sur scène ou dans la salle, il doit y avoir une sacré inspiration.
Passé l'ouverture folk lo-fi sur laquelle je ne m'étendrai pas du bordelais Sylvain alias Dr Cosmos & Friends, le concert peut commencer (pas trop tôt me direz-vous après deux chapitres torturés). D'entrée l'on retrouve la sophistication du son Anticon, d'un goût parfait, en relief, coloré, bouillonnant. Yoni, mis en avant sur la scène, alterne ou combine phrasé nasillard et percus simplistes. Son frère, Josiah, l'accompagne à la batterie tandis qu' Andrew Broden et Mark Erikson échappés de Fog s'occupent de la basse et des claviers. Et petit à petit, sans coup d'éclat tonitruant, le crossover entre pop et spoken word (parfois proche de Beck) fait son effet et l'on comprend ce qui rend cette musique si divertissante et variée. Là où Stephen Malkmus (Pavement) vient de sortir un disque rock classique, Why ? joue à fond la carte de la coolitude. La décontraction nerd incarnée.
Mention spéciale à mon voisin de droite, qui en épata plus d'un ce soir là en récitant mot pour mot les textes poétiques et pseudo engagées de Yoni. La set list, exemplaire elle aussi, a forcément taillé sa part du lion dans le dernier opus. The vowels part 2, Good Friday, These new presidents ou le dernier single The hollows sont déjà exaspérants de qualité et de maîtrise. Ce disque, bien produit (euphémisme!) et accessible, offre des schémas mouvant sans cesse, chaloupés, évoluant de satyre gangsta en soul kitch et jouissive. Pourtant moins smilesque que son prédécesseur, je pense que l'on peut parler de coup de génie. Et lorsqu' après le rappel syndical, les lumières se rallument et Martial balance un bon Dan Deacon, je n'ai plus qu'une seule envie, courir chez moi, me passer le disque en boucle et surtout vous y inciter.
Les clips de Song of the sad assassin et le plus ancien Rubber Traits :
1 Comment:
Bah marrant, j'étais au son'art ce soir là.
J'ai revu why? à poitier, toujours sur le alopecia, et ya pas à dire on ne s'en lasse pas.
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