L'époque a fait la part belle aux Blacks dans le rock des années 2000, qu'on en juge : Black Keys, Black Lips, Black Angels, Black Mountain ... Ceux qui nous préoccupent sont canadiens, et viennent de Vancouver. Ces speedfreaks donnaient dans le rock lysergique psychédélique avec force envolées de strat et l'orgue de rigueur jamais baveux ni bavard.
Les Black Mountain; donc -et sans S, s'il vous plait. Auteurs d'un 1er album éponyme remarqué il y a en 2004, les Black Mountain sortent un double album -juste 52 minutes- où de longues plages de silence font parfois irruption et éruption, avec ce qu'il faut de de breaks plus couillus.
Mais tout d'abord ce titre, In The Future, à l'ironie savamment menée, quand on sait que les influences de ces bonshommes et leur demoiselle sont plus à chercher du côté de Grateful Dead, du Jefferson Airplane, (la voix d'Amber Webber offre ce mimétisme troublant avec le vibrato de Grace Slick) ou de Hawkwind que du côté de choses plus modernes.
On l'a cependant dit et répété : la valeur d'une musique n'est pas fonction de ses références anciennes ou modernes ; il s'agit encore une fois de savoir les digérer et à l'arrivée, ce sont les chansons qui font ressortir tel ou tel artiste du lot. Et là, qu'il s'agisse du riff stoner de "Stormy High", de la folk-rock à sandales et patchouli de "Stay Free" ou bien de l'envoûtant "Tyrants" à la puissance live, Black Mountain fait feu de tout bois.
L'une des forces de ce groupe est sans doute aussi de marier de façon très originale et des plus complémentaires la voix du leader barbu et allègrement trentenaire à celle vibrante et chaude de sa chanteuse percussionniste et de réussir une osmose de leurs deux voix dans des crescendo alertes.
Certains morceaux sont, aussi étonnamment que cela puisse paraître compte tenu de l'héritage musical convoqué, renversants d'originalité ; l'on pense à "Tyrants" mais aussi au punching ball qu'est la mélodie de "Wucan", l'envolée de "Evil Ways". Et 9 morceaux sur 10 réussissent à n'osciller qu'entre 3 et 3 et 6 minutes, ce qui n'est pas un mince exploit pour un groupe de cet acabit. Seule la magnifique odyssée de "Bright Lights" avoisine les 17', et lancinante, telle un scorie d'épouvante, captive d'un bout à l'autre. Pour les amateurs, l'ambiance de ce titre n'est pas sans évoquer le chef d'oeuvre prog des Damned, "Curtain Call" (1980) sur le Black Album. Et ce qui ne gâte rien, la pochette est magnifique. Celle-ci est l'oeuvre du clavier du groupe Jeremy Schmidt qui doit plus qu'un tribut aux oeuvres des illustrateurs de l'âge d'or du progressif des années 70.
En bref : des chansons aux airs de classiques pour un album appelé à tutoyer les sommets dans les palmarès de l'année 2008.
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Le site officiel et le Myspace
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Une version live de Tyrants :
Et Bro', savais-tu que j'avais cette chronique en préparation depuis le début de l'année, mais que ce "In future" n'est pas le genre de disque à écouter seul chez soi pour se changer les idées, parce que poisseux, dérangeant, vénéneux, abyssal et surtout fascinant! Bright lights, Tyrants, autant de morceaux épais et virtuoses. Tu m'enlèves un peu une épine du pied. Et cette pochette floydienne, quel régal avec le gatefold, dont voici l'explication par l'intéressé:
RépondreSupprimer"It was designed by Jeremy Schmidt, the keyboardist for Black Mountain. Here is an excerpt from an article in Exclaim magazine:
Schmidt has a long history in visual art and previously designed covers for Black Mountain singles, as well as those for his own projects. “For Black Mountain, the cover was intrinsic to making the record,” says Schmidt, who through cutting and pasting images, eventually came up with the design of a Rubik’s-type cube embedded into chilly, rust-coloured terrain. “It’s meant to very much look and feel like a classic album cover, in the sense of a gatefold LP. I wanted to make something that was kind of epic but not typically psych looking — something a bit more austere than that, a little more modern, but a little old looking as well. So that’s how I arrived at that geometric alien landscape sort of thing.”
Le label Jagjagwar a encore tapé fort. En ce moment je découvre Minus Story... à suivre...
A+
suis en train de l'écouter et suis complètement séduit. tu as trouvé les mots justes pour parler de ce disque.
RépondreSupprimerune chose me gène et m'empêche de crier au chef d'œuvre : à la seconde écoute de Tyrant, je trouve le final raté : grandiloquent, kitsh, ça me fait penser à du mauvais heavy metal ringard, à la iron maiden. ça gâche un morceau, il est vrai, par ailleurs, envoûtant et intelligent.