Synth love est le premier album des deux amis J Jay (chant) et B6 (clavier et programmation), fruit d'une toute fraîche collaboration débutée en 2006 à Shanghai. J Jay est de ceux que l'on baptisent « tortues de mer » dans le pays, jeune étudiant parti à l'étranger et de retour en Chine. Pour lui, ce furent les Etats-Unis et un master en science à la clé. Et de nombreuses formations de groupes dans la veine post-punk. B6, de son côté, embrasse très tôt une carrière locale de DJ et producteur. Les deux jeunes hommes se rencontrent en 2004 et forment deux ans plus tard IGO, rencontre naturelle et indolore de la new wave et de la synthé pop électronique. Le petit label Modern Sky Records produit leur premier album avant qu'Universal ne prenne très vite la main pour la distribution.
Pour moi, ce disque porte trois marques indéniables. Primo, les références classiques de la new wave, genre Depeche Mode ou New Order. Deuxio, la forte inspiration Kratwerkienne et sa suite synthé-pop. Enfin, un mixage et une production très contemporains me rappelant parfois à des artistes Kitsuné tels que Fischerspooner. A ce propos, le groove de certains titres de Synth Love est très proche de ceux développés sur l'album des Américains, Odyssey, sorti en 2005. Je pense en particulier au revigorant « Holy mood » ou à la plage d'ouverture « It's not easy », portée par une ligne de basses à la fois dark et nasty. La voix de J Jay est déterminée et presque dédaigneuse parfaitement dans la vibe d'un Casey Spooner, sorte de mariage moderne entre langueur new wave et lustre électronique. Sans oublier d'appuyer de temps sur le bouton « complaintes lascives et blasées » à grands renforts de reverb et d'écho. Ou l'insert d'un organe féminin aérien. La recette est plutôt bonne et elle a souvent tendance à m'enchanter malgré la légère sensation de déjà entendu. Le charme prend une fois de plus avec IGO, l'exotisme jouant évidemment son effet à plein, tout comme les bons souvenirs. Au-delà de ça, il y a là un joli disque bien apprêté de synthé-pop. Je vous propose donc d'acheter ce disque ou de le récupérer, et rien que pour vous la raconter de le passer en soirée histoire de prononcer tout naturellement : « Tu connais pas ? C'est IGO, un groupe de synthé-pop de Shanghai ! ». Personne ne pipera mot et votre crédit musical n'en sera que plus renforcé !
En bref : Un album de synthé-pop au croisement de Kraftwerk, Depeche mode et Air. Pas une folie d'originalité mais une curiosité soignée from Shanghai.
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Les titres « It's not easy » et « Holly mood »
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