A peine le temps de faire mûrir ma chronique de Palo Santo que Jonathan Meiburg réattérit sur ma platine confirmant ainsi sa réelle ambition de faire décoller l'ex side project d' Okkervil River, Shearwater.
Officiellement mais amicalement divorcé de Will Shef, il sort à présent son 5ème album toujours sous les auspices du monde ornithologique, du folk doucereux et de la beauté délicate, style Will Oldam au début. Une séparation d'autant plus nécessaire que les deux groupes ne se ressemblent en fait pas du tout, hormis peut-être dans les lyrics. La voix de Jonathan est désormais bien connue de tous mais elle continue de surprendre en atteignant des sommets d'aigus perchant le disque dans une vue aérienne du monde, en parfaite adéquation avec le thème animal du groupe. La pochette elle aussi, réalisée par le duo allemand Kahn & Selesnick, offre une vision très hitchcockienne de l'indifférence générale productrice de signification quant aux thème de l'environnement, de la déconnexion spirituelle ou de l'isolation. Un presque malaise attisé par des morceaux qui créent l'insécurité, en s'étirant longuement ou en s'arrêtant brusquement. En fait simplement essayer que chaque instant compte.
Pour arriver à ses fins, Jonathan a fait appel à plus de cordes, plus de Lap steel, plus d'Hammond et plus de Glock. Plus d'instruments en somme, et une place plus importante laissée à l'émotion. I was cloud ou d'innocents paysages bucoliques de guitares, pianos et clarinette. South col instrumental, baigné dans un conte fantasmagorique de bêtes et d'oiseaux, de créatures sombres et mystérieuses. Leviathan, bound nous avait déjà comblé sur Myspace, et Rooks et On the death of the waters réussissent la transformation. Deux points de plus, dans l'inutile mais néanmoins difficile débat "Mieux que Palo Santo ou pas? ". Mieux je ne sais pas, en tout cas plus ambitieux sans excès, assurément. Et c'est un peu le reproche que je fais à ce disque, 39 minutes c'est un peu juste et ça manque de grandeur. Pour de la power pop je dis pas mais là, le genre ne se prête pas forcément à la précipitation. D'autant que l'album s'écoute fort et dans le silence afin de percevoir la multitude de sonorités et d'idées différentes. Dispensables également, les envolées Mariachi du titre éponyme. Mais écouter The snow leopard ou The hunter's star, c'est être catho chroniqueur et pardonner. Parce que le regard rivé à la fenêtre et les oreilles attentives, Rook est vraiment magnifique, au moins autant que son grand frère.
En bref : En coupant le cordon d'avec Okkervil River, Shearwater devient ce qu'il voulait être depuis le début, un putain de bon groupe avec des putains de bons disques.
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Le site officiel et le Myspace
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A lire aussi : Patrick Watson - Close to paradise (2006)
Une exceptionnelle mise en scène sur une session Palo Santo :
Shearwater "Palo Santo"
6 Comments:
39 mn c'est la durée parfaire pour un vinyle :-)
J'ai lu la chronique sur Pitchfork, je vais le chopper direct
Benjamin
www.playlistsociety.fr/
Splendide! Je suis d'accord avec KMS, quelle idée d'avoir mis 80 minutes sur un cd... 38' seulement, mais 38' parfaites!
Bon bah effectivement il déchire. Merci pour cette confirmation ;)
Benjamin
http://www.playlistsociety.fr/2008/06/shearwater-rook.html
A chaque écoute c'est un peu plus un grand disque.
Oui, un bon disque. Bien mieux que Palo Santo. Là, je ne sais pas, il y est presque à la perfection. Manque un rien. Un peu moins d'emphase inutile sur qqs passages et c'est bon. Je table sur le prochain pour enfin atteindre les sommets.
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