Au milieu des productions estivales acidulées se dressait fièrement ce sixième album (déjà) des délectables Silver Jews. Presque anachronique cette sortie, ne croyez vous pas? Du trio d'enfer de départ, David Berman (le boss), Stephen Malkmus et Bob Nastanovich (Pavement), il ne reste plus que David, libéré de ces démons, et surtout, de Malkmus à qui on ne peut reprocher d'avoir poussé le groupe vers plus d'originalité, mais qui au jour d'aujourd'hui, n'a plus sa place dans le Silver Jews nouvelle mouture: une simplicité country folk au service d'un songwritting édifiant, donnant à tout un chacun l'agréable impression d'être totalement anglophone. Douze titres burlesques et picaresques qui renvoient à un certain Johnny Cash, notamment sur le titre inaugural "What is not but could be if", tout un programme. Berman en a vu mais semble vouloir faire table rase avec ses démons, accepter ses fautes pour se sentir mieux. Et c'est ce qui semble se passer sur cet album tout en retenue, exposant sous les projecteurs la voix du crooner du Tennessee aux dépends d'instruments en retrait.
Au centre, "San Francisco B.C." remplit le disque d'un panorama sur l'histoire de la musique. Ecouter "My pillow is the threshold" sans se sentir vibrer de haut en bas signifie ne pas être humain. A ce jour, personne mieux que Silver Jews (pas même Oldam) ne sait juxtaposer malaise et jubilation, tragédie et triomphe, avec tant de facilité et d'humilité. Berman est un ancien, que l'on respecte, que l'on écoute, que l'on comprend, quand il se pose des réponses et qu'il nous donne des questions, détaillant avec une minutie tragique la rigueur de la vie américaine contemporaine, tout en sachant sur "Candy jail" par exemple, la jouer optimiste et rassurant. "You've got tennessees tendencies", "Strange victory", "Life takes time and time takes life", autant de mots qui sonnent et qui frissonnent, comme une évidence transatlantique. Composé en tournée (aurait-il pu en être autrement pour sonner si universel?), le disque est accompagné de lyrics manuscrits de Berman sur papier à en-tête de chaque hôtel fréquenté, ainsi que des seize accords utilisés pour les chansons, représentatifs des seize années d'existence du groupe, dont une fois de plus on parlera trop peu, comparé à son génie.
En bref : Assagi, le Silver Jews 2008 est un exemple de folk contemporaine underground et s'impose d'emblée comme l'une des galettes de l'année.
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Le site officiel et le Myspace
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Ecouter "My pillow" et "Candy jail":
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