Ainsi nommé en hommage à l’un des pionniers de l’extended mix disco, Walter Gibbons, Walter's Room a fait date pour son mélange inédit de house et de rare grooves, opérant une sorte de fusion entre François K, John Coltrane et le Salsoul Orchestra. En piochant dans le hard-bop, le garage et les standards de Philadelphie, Beedle et ses comparses inventent tout bonnement ce que des critiques en mal de reconnaissance nommeront “future jazz” ou “nu house” dans les années qui suivront. Alternance de plages downtempo d’une exquise suavité et de beats à 120 bpm garnis de lignes de basses pimpantes et de cuivres, ce premier et unique opus du BSO a pavé la route à une cohorte d’orfèvres soulful dans le monde entier. La plupart des titres, semblables à des Romanée Conti, ont merveilleusement vieilli, à l’image de l’édénique “Bless The Darkness” ou de “New Jersey Deep”, un fantastique track dancefloor parsemé d’envolées de guitares à la Shuggie Otis. La finesse des orchestrations, mêlant samples et “vrais instruments”, s’apprécie d’ailleurs sous un jour nouveau en ces temps de revival disco.
A l’époque, Ashley Beedle était l’un des seuls en Europe, avec peut-être ses compatriotes de Faze Action, à posséder la formule alchimique de ce son électro chaud et dynamique que trustaient les New Yorkais et Chicagoans. Débutant sa carrière de DJ à la fin des années 1980, en pleine folie acid, notre homme s’ouvre au disco sous l’influence de Norman Jay, dont il écoute les shows sur la radio pirate Kiss FM. Originaire des Barbades, il est par ailleurs très sensible au reggae et à l’afrobeat, dont sont teintés nombre de ses travaux. En 1990, il fonde le Black Science Orchestra avec de vieux potes, Rob Mello et John Howard. Le trio se fait connaître grâce à une paire de tubes qui apportent une belle exposition à la scène house britannique, alors embryonnaire. A la sortie de Walter’s Room, le line-up a changé, Ashley étant dès lors accompagné de Marc Woolford et de la claviériste Uschi Classen.
C’est toute cette évolution que Junior Boy’s Own propose de suivre grâce à un disque bonus regroupant leurs premières productions, des inédits, et quelques remixes rares qui croupissaient depuis bien longtemps dans les “wishlists” des utilisateurs de Discogs. Citons à titre indicatif “Where were you”, remix des Trammps et première prod du BSO, plébiscitée par le “Godfather of House” Frankie Knuckles en personne. Ou le déluge de trompette et de flûte du remix d’Heller et Farley. Mais à quoi bon s’étendre davantage ? Les mp3 ci-dessous devraient achever de vous convaincre (màj: du moins s'y j'arrive à les faire fonctionner...).
En bref : Epluchez donc la discographie d’Ashley Beedle et essayez de me dénicher une merde. Impossible ! Des Ballistic Brothers au BSO, tout ce qu’a pu toucher le Britannique s’est transformé en or. Walter’s Room, ici luxueusement réédité, est encore un classique house mâtiné de jazz et de disco. Une classe folle, cet Ashley !
Bless the Darkness
New Jersey Deep
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