Il y a des soirs comme ça. Je vous en avais parlé il y a quelques jours dans la chronique de leur premier album Raydoncong, Mahjongg, le collectif ultra underground de Chicago était hier en France (une première ?). Un exploit culturel que l’on doit à l’association bordelaise naissante Let’s Panic Later qu’il faudra certainement surveiller de très près cette année. Comme un secret trop bien gardé, le son Mahjongg est de ceux que l’on aimerait garder pour soi, comme un trésor à l’abri des regards que l’on souhaite cependant partager avec des amis (mais pas trop quand même). Là où inéluctablement des groupes précurseurs comme Liars ou Animal Collective
rentrent petit à petit dans le moule du commercial (le vilain mot est lâché), Mahjongg reste bancale, hybride, expérimental et n’est pas prêt de se retrouver bandé FM. Et c’est un peu pour ça qu’on est là, et que la cinquantaine d’autres personnes aussi (toujours les mêmes!). Dans une ambiance propice à l’échange sans complexe et à la découverte d’autres cultures (c’est loin Chicago !), le show peut commencer.
Et si en plus de ça on m’avait prévenu que les deux premières parties bordelaises allaient une fois de plus se surpasser, je ne l’aurais pas cru. Dr Cosmos dans un premier temps, que j’avais déjà vu auparavant et qui ne m’avait que peu convaincu, débarque sur scène apparemment très stressé (est-ce un jeu ?) et scotche tout d’un coup l’assemblée dans son folk minimaliste fait d’erreurs et de réussites, terriblement humain à l’image d’un Buckley ou d’un Smith, qui gagne de l’assurance sans perdre de crédibilité lorsqu’il est rejoint sur scène par sa bassiste et son batteur (Antoine, excellent !) et que les chansons, minimalistes il y a 10 minutes de ça prennent une toute autre ampleur orchestrées à trois. Impressionnant ! Tout comme Erez Martinic, vu il y a quelques jours également, qui déploie son math rock toujours dos au public mais face à son batteur qui rivalise toujours autant d’ingéniosité. Les Mahjonng présents dans la salle semblent adorer, et nous aussi. Du très bon je vous dis.
Ce n’est qu’un peu plus tard que la secte de Chicago installe tout son attirail fait de bric et de broc (mi machine/mi instrumental) pour célébrer dans une grande messe païenne le dieu Kontpab (alias leur dernier effort). Une équipe de fous furieux qui s’échangent les instruments à tours de bras, qui chantent (psalmodient ?) chacun leur tour, sans véritable logique, à l’avenant dirait-on. Des compositions qui favorisent les polyrythmes grâce à des configurations à trois batteurs (dont un sur un curver en plastique, un autre sur une cymbale défoncée) et des voix bien distinctes. Limités en hauteur par la voûte en pierre du St Ex, les cinq garçons n’en transpirent pas moins pour autant, enchaînant dans un ordre que l’on imagine forcément bordélique les titres popeux des débuts (Machinegong) et les derniers morceaux issus de Kontpab, déjà presque plus accessibles et tubulaires. L’assistance qui a la chance (ou la présence d’esprit) de se trouver là ce soir est aux anges, suspendue entre ciel et terre dans un même mouvement de transe naturelle (grâce aux sonorités afro beat dominantes). Lorsque la lumière se rallume, tout le monde se retrouve dans la sueur et la fumée (dernier refuge des reclus, le St Ex ne bannît pas la cigarette) avec sur les bouches bées la sensation d’avoir assisté à un grand moment de scène underground, un jour en France. Des dimanches comme ça on n’en vit pas beaucoup dans une vie.
A lire aussi : Mahjonng – Raydoncong (2005)
Mahjongg c’est ça :
Et Erez Martnic c’est ça:
1 Comment:
Belle et juste chronique du concert de Mahjongg.
Let's Panic Later l'a utilisée pour annoncer le prochain concert de Mahjongg (Lundi 10 Novembre au St Ex, puis un projet parallèle intitulé Water Babies le lendemain Mardi 11 à 19h à La Politique).
Et c'est donc grâce à leur newsletter que j'ai découvert ton blog!
Kino/Nico // CORNER
www.myspace.com/cornerculture
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