15 octobre 2008

Slick Rick - The Great Adventures of Slick Rick (1988)

Un jour de 1991, Slick Rick traverse New York en voiture avec sa femme lorsqu’il aperçoit son cousin, qui aurait menacé sa famille et tenté de lui extorquer de l’argent - les circonstances restent troubles. Sans hésiter, il pioche un calibre 38 dans le véritable arsenal planqué à l’arrière de sa caisse (deux Tech 9, deux automatiques calibre 25, un 38 et un fusil de chasse !) et abat froidement sa cible. Emprisonné puis relâché en 1997, le citoyen britannique, né à Wimbledon, entame alors un long combat contre les services d’immigration américains qui l’accusent de fouler illégalement le territoire. La lutte devient plus âpre encore après le 11 septembre 2001 et les lois répressives qui en résultent. Le rappeur ne peut éviter un nouveau tour par la case prison. Il ne sera lavé de ses fautes et laissé en paix que très récemment, le 23 mai 2008, jour où le gouverneur de New York lui accordera un pardon inconditionnel.

Outre ces déboires judiciaires qui vous campent déjà son personnage, l’extraverti Richard Walters est connu pour son look unique : en plus d’un bandeau de pirate sur l’oeil droit (il s’est blessé lorsqu’il était enfant), il porte des bijoux plus lourds que lui et, quand ça lui chante, une couronne comme couvre-chef. Mais il est surtout, avec Kool G Rap, le roi du storytelling hip-hop, une sorte de griot urbain accro aux métaphores et autres paraboles. A cet égard, The Great Adventures of Slick Rick, l’un des rares disques à avoir obtenu les “five mics” (la note parfaite) dans The Source, peut faire figure de manifeste. Ce premier album s’apparente en effet à un recueil de fables, généralement assez salaces, narrées par un Rick à la voix aigue et chantonnante. Concentré d’humour graveleux émaillé de misogynie et de violence, il contient le célèbre “Treat her like a prostitute”, qui n’a pas fait que des ami(e)s à son auteur. Il faut avouer que cette variation autour de l’éternel leitmotiv “Toutes des salopes” n’est pas des plus finaudes, mais reconnaissons aussi que c’est plutôt rigolo, un peu comme ces histoires de mac imaginées par le Californien Too Short : du pur entertainment à prendre au énième degré. Dans le même genre, “Lick my balls” se passe de commentaire.

Si les productions de Hank Shocklee, Eric Sadler et DJ Wance Wright sont aujourd’hui un peu datées, on ne peut que souligner leur richesse et leur côté burlesque, qui inspirera quelques années plus tard Prince Paul pour son travail avec De La Soul. Mais les meilleures prods du disque émanent de Slick Rick lui-même. “Children’s Story”, pour ne citer qu’elle, fit un énorme carton et fut samplée par Montell Jordan pour son hit planétaire “This is how we do it”. Construite à partir de samples de Bob James et Lynn Collins, la chanson raconte sur un beat percutant les mésaventures d’un petit malfrat poursuivi par les flics et qui finit, après s’être crashé contre un arbre, par menacer une femme enceinte. Une drôle d’histoire à raconter à ses enfants avant d’aller se coucher. Cette désinvolture et ce contraste permanent entre des instrus pleine de candeur et des paroles souvent explicites font tout le charme de ces aventures qui restent à ce jour les plus intéressantes de Slick Rick, suivies de près par son dernier album en date, The Art of Storytelling (1999).

En bref : Accent british, voix fluette et ton précieux, Slick Rick est un cas unique dans le hip-hop américain. Son premier album a posé les bases d’une nouvelle écriture rap, centrée sur la narration, que la génération suivante, de Nas à Snoop, a exploité avec le succès que l’on sait.



Le clip de “Children’s Story”


Le classique “La Di Da Di”, premier maxi de Slick Rick et de son partenaire des débuts, Doug E Fresh. Le live a été enregistré récemment.


Son Myspace
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