17 février 2009

Pigeon Funk - The Largest Bird In The History Of The Planet... Ever ! (2008)

Avec une pochette aussi génialement comique, moche comme notre époque, et un titre parmi les plus absurdes que je connaisse, on se doute que ce disque n’a rien de mainstream. Et, de fait, c’est à un public averti que se destine The Largest Bird In The History Of The Planet... Ever! Plus précisément aux amateurs de sons concassés, de micro-house et de funk bleepée. Au fans de Mr Oizo, d’Aphex Twin ou d’Akufen, prêts à souffrir un peu pour jouir beaucoup. C’est justement sur le label du Québecquois Akufen, le bien nommé Musique Risquée, qu’est paru ce brûlot, fin 2008, dans une indifférence quasi-générale.

Vissez bien votre casquette, car ce périple sur le dos d’un bien étrange volatile n’est pas sans remous ni perturbations. “Mess Call” fait plus qu’annoncer la couleur, elle est comme un Cerbère gardant l’entrée de ce musée du bidouillage trippé. On pourrait dire qu’il s’agit d’un morceau de jazz-funk, mais où les sons parasites et autres modulations l’emportent sur la fluidité et le groove. Une fois passé le molosse, “The Blues Bus” confirme la tonalité jazz de l’album. Avec ses cuivres déchaînés, c’est l’une des plus belles tentatives de modernisation du son afro-space de Pharaoh Sanders et Sun Ra qu’il m’ait été donné d’entendre.

Les Pigeon Funk possèdent une science de la musique électro-acoustique qui leur permet de tout oser, mêlant accordéon et tuba à une wobble bass vrombissante ou incrustant des cris de pirates avinés et une guimbarde sur les guitares légères de “Blues For Raymond”. La profusion des instruments, des micro-samples et des effets, d’abord perturbante, devient le principal atout d’un disque qui traverse des genres aussi éloignés que l’électro-pop (“Not Gonna”), la booty music (“Tufa”), le tango (“Alma Hueco”, moins réussi), et même le folklore klezmer sur un “Pom Pom Yom Pom Pom” qui relève de la psychiatrie. Tout cela étant dominé par un funk lourd absolument cradingue et un penchant pour la digression et les fausses pistes (le simili-lounge du début de “The Blues Bus”).

Sutekh (Seth Horvitz) et Joshua Kit Clayton, qui ont laissé le troisième larron Safety Scissors à ses découpages, s’illustrent habituellement dans un registre minimal groovy plus conventionnel, mais ce projet parallèle commun permet de mesurer combien ces parrains de la scène techno de San Francisco sont de merveilleux faiseurs. Ce deuxième album présente une vision du funk électronique certes pas très accessible, mais drôle et foncièrement innovante.

En bref : Ce pigeon s'apparente à un ovni tant sa mixture d’électro, funk et musiques folkloriques s’avère unique et avant-gardiste.



Pigeon Funk - The Blues Bus.mp3
Pigeon Funk - Pom Pom Yom Pom Pom.mp3

Le Myspace de Pigeon Funk
Le site et le Myspace du label Musique Risquée

2 Comments:

M.Ceccaldi said...

c'est quoi une wobble bass ?

Dave said...

Une wobble bass, c'est un son de basse "oscillée" avec un filtre. En gros, c'est ce qui permet de faire un son de basse continu mais aux textures changeantes, comme dans le dubstep ou dans certains morceaux de drum & bass.