31 mars 2009

Jeremy Jay - Slow Dance (2009)

Moins d'un an après la sortie de son premier album A Place Where We Could Go, qui avait suivi de moins d'un an la sortie de son premier EP pour K Records Airwalker, voici Slow Dance, le nouvel album de l'hyperatif Jeremy Jay. C'est à se demander quand le grand romantique puise son inspiration, qui semble toujours intacte. Un coup d'oeil au tracklisting et je suis ravi : on y trouve "Slow Dance" et "Breaking The Ice", deux des « tubes » qui m'ont passionné cette dernière année sur le Myspace du garçon. Alors que j'attendais ces titres, empreints de funk froid, de pop garage et de synthés new wave (qui rappellent le vide laissé par l'absence du petit génie Tom Vek), sur A Place Where We Could Go, Jeremy Jay nous avait joué des tours en sortant un album de folk-pop glam, dépourvu de tout son de synthé.

La toute première note du tout premier morceau, "We Were There" (titre déjà sorti sur EP il y a un an et demi), est bien une note de clavier ! Slow Dance s'annonce donc bien comme l'album que j'espérais ! Néanmoins, malgré ces nappes glacées à souhait, la chanson lorgne plus, dans sa structure, du côté de la pop garage sixties. Et la tendance se vérifie par la suite : "In This Lonely Town", "Canter Canter" réussissent un choc sans casse entre sons eighties et sixties. Ha ! Jeremy Jay joue toujours à cache-cache ! En effet l'artiste fait encore son timide et préfère sortir une collection de chansons garage pop plutôt que de verser franchement dans ces grooves tordus qui fascinent tant. Parce que certes, les compositions sont encore une fois excellentes (le parfait "Gallop" dénote un savoir-faire absolument indéniable), mais c'est tout de même bien, aux côtés de "Breaking The Ice", cette fameuse "Slow Dance" qui est la plus troublante. Le reste glisse sur les corps et charme très facilement.

Même si Jeremy Jay se défend de toute intention autre que d'enregistrer un album hivernal, Slow Dance montre, comme A Place Where We Could Go, une ligne directrice esthétique très forte. Il s'agit cette fois-ci d'entrechoquer les anachronismes et les températures, et de continuer à crooner avec détachement au-dessus. Et paradoxalement, c'est en jouant avec des styles depuis longtemps vulgarisés que Jeremy Jay affirme sa personnalité artistique. Il affirme sur Slow Dance son goût pour la relecture : relecture des styles, relecture du slow, mais aussi relecture de ses propres mots, de ses propres mélodies. "We Were There" revisite le "We Stay Here" du EP Airwalker, comme "Where Could We Go Tonight" revisite "A Place Where We Could Go". Et juste avant, il y a "Slow Dance 2"... Le bonheur n'est certes pas toujours absolu : ses mots manquent de façettes pour être ainsi dépliés et retournés. Et il est à vrai dire presque dommage que les ballades de fin d'album délaissent les claviers qui glacent le sang pour rejoindre l'esprit du premier album, d'autant plus que Slow Dance se révèle moins cinématographique, et donc moins inspirant que ce dernier. C'est un peu comme si Jeremy Jay avait peur de développer le son créé sur ses inédits, et ainsi de se lancer dans l'inconnu. Cependant Slow Dance continue de prouver que Jeremy Jay reste un très bon relecteur dont les histoires savent faire rêver.


En bref : Jeremy Jay ne nous livre toujours pas le petit bijou dont il est capable. Mais cette nouvelle collection, faite de guitares sixties et de synthés eighties, est une nouvelle affirmation d'une personnalité artistique très forte, dont on aimerait déjà entendre le prochain LP.





Encore une fois, je vous en prie de consulter régulièrement son Myspace, où Jeremy Jay poste d'incroyables inédits.
Aussi, Dream Diary, son blog.

A lire aussi : Jeremy Jay - A Place Where We Could Go (2008)

(Aucune vidéo n'a été mise en ligne pour ce nouvel album ; dès que ce sera fait, elle sera postée ici même.)
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DOOM - Born Like This (2009)

Premier disque en quatre ans pour Daniel Dumille, Born Like This sort au moment où les plus folles rumeurs se répandent sur son auteur. Accusé d’envoyer d’autres types performer à sa place en playback, MF Doom subit également l’ire de ses fans concernant son hypothétique collaboration en long-format avec Ghostface Killah du Wu Tang, que l’on attend toujours. Bel et bien de retour, l’homme souhaite désormais se faire nommer DOOM, tout court et en capitales. Auteur d’environ 25 albums (instrumentaux inclus), que ce soit en solo ou avec Madlib (au sein de Madvillain), Danger Mouse (Dangerdoom) ou son premier groupe, KMD, cet héritier du Doctor Doom des Comics Marvel, quoi qu’on en dise, incarne un rap intègre et sans fioritures, alternative salutaire aux gerbants 50 Cent et Eminem. On attendait donc beaucoup de ce nouveau méfait du super-vilain masqué.

Un premier survol de l’album suffit pourtant à constater que DOOM se repose sur ses acquis. La plupart des titres sonnent exactement comme ses productions du début des années 2000. Seule concession à la modernité, vraisemblablement teintée d’ironie : l’utilisation un peu foireuse de l’autotune sur “Supervillainz”. Le reste est de facture extrêmement classique. On ne s’en plaint pas lorsque cet académisme donne naissance à des bombes comme “That’s That”, avec son sample de violon et son couplet final euphorique, “Angelz” (feat. Ghostface) ou “Ballskin” (produite par Jake One), avec son orgue et ses guitares soul. Valent également le détour “Gazzillion Ear”, qui singe gentiment le thème de Midnight Express, et “Lightworks”, toutes deux construites sur des beats de feu Jay Dilla.

Un peu plus expérimentale, “Cellz” s’ouvre sur un texte pamphlétaire de Charles Bukowski - dont DOOM avait déjà utilisé la voix sur “One Beer” en 2004. Le vengeur masqué ne fait irruption qu’à la deuxième minute pour un couplet dense déclamé sur un instrumental guerrier aux accents de fin du monde. La pertinence de l’utilisation du virulent poème du divin alcoolo contraste fortement avec le texte nauséabond de l’homophobe “Batty Boys”, absolument navrant et incompréhensible de la part d’un rappeur que l’on croyait un peu plus futé que la moyenne. A moins qu’il s’agisse là d’un énième degré que je ne suis pas à même de saisir, ou de la projection des pensées de son double négatif, comme certains fans le prétendent... Quoi qu’il en soit, Born Like This ne comporte rien de comparable aux sommets que furent “Figaro”, “Accordion”, ou l’un ou l’autre des titres de MM.. Food (2004) et The Mouse and the Mask (2005).

Même s’ils ne sont pas fondamentalement mauvais, le très old-school “Yessir !” (feat. Raekwon) ou l’apparition de la jeune rappeuse Empress Sharhh sur “Still Dope” étaient loin d’être indispensables. Notons également que la quasi-absence des innombrables interludes et samples cinématographiques que le New Yorkais affectionne habituellement nous prive du côté narratif et foisonnant qui séduisait tant sur ses précédents efforts. Pire, la multiplication des allitérations et jeux syllabiques - l’une des caractéristiques de son style, semble parfois tourner à vide et cacher un certain défaut d’inspiration. Reste la voix, rauque et tranchante, comme échappée d’un obscur soupirail laissant entrevoir les sordides bas-fonds de la mégapole. Rien que pour ce timbre vocal unique, DOOM reste l’un des grands MC de notre époque, et les nombreuses faiblesses de ce nouvel album ne changent rien à cet état de fait.

A noter : la version numérique de l’album comprend un remix de “Gazzillion Ear” par Thom Yorke !

En bref : Pour la première fois, DOOM donne l’impression de se répéter et de ne plus avoir grand chose de neuf à nous offrir. Quelques excellents morceaux (“Cellz”, “That’s That”...) émaillent cependant cet album de qualité moyenne, qui constitue l’une des premières grosses déceptions de l’année.



DOOM - That’s That.mp3
DOOM - Gazzillion Ear.mp3

Pour mémoire, les clips de “All Caps et “Accordion”, extraits de Madvillainy :



Sa page Myspace
Le site de Lex Records
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30 mars 2009

Mando Diao - Never Seen The Light Of Day (2007)

Il me semble que j’enlève là l’occasion à Emmanuel de vous présenter ce qui fût un temps l’un des plus célèbres groupe suédois non signés. Mais finalement repérés par Emi Sweden le quintet de Borlänge livrait en 2007 son quatrième album alors poliment salué par la critique internationale. Et c’est à l’heure de la sortie du petit dernier Give me five que je reviens sur ce prédécesseur, plus peaufiné que les trois premiers et produit par Blörn Olsson. L’album évoque la difficulté rencontrée par le groupe à la préparation de cet objet maudit, qui a failli comme le dit le titre, ne jamais voir la lumière du jour à cause de soucis de studio et de manager. L’important est que ce disque est bel et bien là, pas franchement révolutionnaire mais ma foi fort sympathique.

La pochette à elle seule en dit long. Réalisée selon les canons du genre Belle & Sebastian ou The Smiths, elle fixe le décor pastel d’une musique qui ne choisit jamais son camp, entre les terres américaines et la Grande Bretagne. Et même si à de nombreux moments, la mouche semble piquer plus souvent du côté de Liverpool, l’ajout d’instruments typiquement américains assure une transition country folk inconnue sur les précédents albums. Et si les petits blondinets continuent de citer les Beatles comme référence majeure -faut pas pousser non plus- je la vois davantage chez les plus contemporains The Coral. Concentré de bonne humeur, bien que modeste, c’est un hymne à la joie pop, avec ses traditionnels petits tubes de poche.

A croire qu’en Suède il pleut des cordes. Accords et arpèges mirifiques se partagent le devant de la scène, renforcés par des violons et autres instruments plus nobles donnant une allure très Love, et donc très Last Shadow Puppets à l’ensemble. Alex Turner aurait vraiment pu enregistrer ce disque lors d’une croisière nordique. Ce qui au final n’est pas pour me déplaire. On a trop souvent reproché à Björn Dixgård et Gustaf Norén leur manque de personnalité, mais avec ce disque là je n’en suis plus très sûr. Truffé de tubes, du rythmé "Mexican hardcore" au très pop titre éponyme en passant par l’armada de cordes de "Train on fire", la progression se fait sans problème. S’autorisant même un peu de douceur faite de chœurs féminins et d’arpèges presque espagnols sur les huit minutes de "Dalarm", les suédois prouvent qu’on peut désormais compter sur eux au pays de la pop à guitares.
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En bref : Un succulent exercice de style, entrelacé dans des cordes pop, par cinq suédois en goguette.
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Le site officiel et le Myspace
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A lire aussi : The Explorers Club - Freedom wind (2008)
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"Gold" en écoute :


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27 mars 2009

Carlos Nino & Miguel Atwood-Ferguson - Suite For Ma Dukes (2009)

James “Jay Dilla” Yancey étant essentiellement réputé pour ses beats, l’idée de le voir repris par un orchestre classique (ou presque) pouvait paraître saugrenue. C’est pourtant le pari qu’ont fait les Californiens Carlos Nino et Miguel Atwood-Ferguson sur ce disque dédié à Ma Dukes, la mère du défunt producteur, qui a donné la bénédiction à cette Suite. Carlos Nino avait rencontré Dilla en 2003 et rêvait de travailler avec lui. En 2004, Nino engage le quatuor à cordes d’Atwood-Ferguson pour travailler sur un disque de Dwight Trible & The Life Force Trio (sur Ninja Tune). Les deux musiciens se lient très vite d’amitié et multiplient les collaborations, parmi lesquelles “Nag Champa” (en 2007), reprise d’un titre de Common et Dilla, diffusée gratuitement sur le net. C’est à partir de cette tentative qu’a germée l’idée de l’EP.

Suite For Ma Dukes propose donc 4 réinterprétations de classiques de Dilla, réalisés pour Slum Village (“Fall In Love”), A Tribe Called Quest (“Find A Way”), Common ou lui-même (“Antiquity”). Comme les originaux sont parmi mes morceaux hip-hop préférés (la palme revenant à “Fall in Love”), j’ai beaucoup de difficultés à juger de l’effet que peut procurer ce disque sur un auditoire moins familier avec les prods en question. Sans doute l’enchantement est-il le même tant il semble pouvoir séduire les amateurs de folk, de musique classique et même d’ambient. Toujours est-il que l’écoute de Suite For Ma Dukes se fera de préférence après celle des originaux, pour permettre de saisir toutes les subtilités de la transposition.

Aux synthés chers au producteur de Detroit se substituent les harpes, glockenspiel, instruments à vent et à cordes frottées. A partir des mélodies simples et lumineuses des originaux, les Californiens brodent des motifs complexes sans pour autant donner dans la musique savante et chiante. A la longue, l’absence de batterie nuit tout de même à la dynamique de l'ensemble et devient un peu gênante. Mais le groove n’était certainement pas l’objectif premier du duo. Il s’agissait surtout d’accentuer le côté soyeux et harmonieux des morceaux, et aussi d’élargir l’aura de Jay Dee, au-delà des cercles hip-hop/soul. De ce point de vue, l’entreprise est un succès. Ce qui aurait pu paraître artificiel et contre-nature s’avère en fait d’une évidence totale.

Si l’on y réfléchit deux minutes, cela n’a rien d’étonnant. Les meilleurs instrus de Dilla étaient étaient souvent inspirés par des standards soul des sixties aux sections de cordes massives. Reprendre ces instrus à grand renfort de violons et violoncelles n’est finalement qu’une sorte de retour à l’envoyeur. N’est-ce pas l’un des grands plaisirs du mélomane que de suivre l’arborescence des sons à travers leurs différentes reprises, influences, interpénétrations ? Et de constater comment la bonne musique se réincarne, et survit à son auteur sous des infinités de formes successives ? Qui sait ? Peut-être ce Suite For Ma Dukes se verra-t-il remixé à son tour, un jour ou l’autre ? C’est tout le mal qu’on lui souhaite.

En bref : quatre beats de Jay Dilla en version musique de chambre. Une expérience inédite, entre jazz, classique, easy-listening et musique de film, et une façon originale de redécouvrir les talents de mélodiste de l’un des plus grands producteurs hip-hop, qui aurait 35 ans cette année.



L’original de “Fall In Love”, puis la version de Nino & Atwood-Ferguson :
Slum Village - Fall In Love.mp3
Carlos Nino & Miguel Atwood-Ferguson - Fall In Love.mp3

Une sélection arbitraire de bombes produites par Jay Dee :
J-88 (Slum Village+Jay Dee) - The Look of Love Pt.1.mp3
A Tribe Called Quest (ft. Busta Rhymes) - Busta’s Lament.mp3
Q-Tip (ft. Jay Dee) - That Shit.mp3
Slum Village - Untitled (Fantastic).mp3
Amp Fiddler - Waltz of a Ghetto Fly.mp3
The Pharcyde - Runnin.mp3
The Pharcyde - Splattitorium.mp3

“Hoc N Pucky” de Slum Village (qui ne figure pas sur l’EP) en live, avec 40 musiciens (dont un batteur !) :


Le site de leur label, Mochilla
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26 mars 2009

Le Tigre - This Island (2004)

Ex fer de lance des riot grrrls, ces jeunes femmes hurlantes du début des 90's, au sein de son précédent et radical combo Bikini Kill, Kathleen Hanna, la jolie brunette (à droite, sur la pochette), décide de fonder un groupe emblématique de ses combats post-féministes hardcore et bien orientés à gauche, dans son nouveau projet, à l'orée des années 2000.
Avec l'aide de Johanna Fateman, et bientôt rejointes à partir de Feminist Sweepstakes (2001) par JD Samson aux platines et qui va donner sa véritable orientation butch au groupe, cette dernière va créer un trio versé dans l'electro sucrée qui n'en oublie pas d'être énervée.

D'ailleurs, dès Le Tigre (2001), c'est le carton, notamment avec l'irrésistible single qu'est "Deceptacon", que l'on peut entendre en fond sonore dans un générique sur 3 lors de reportages télévisuels. This Island est donc le 3ème album - hélas, le dernier à ce jour, même si le groupe officiellement n'a pas splitté - et c'est une merveille de fun, de refrains, de rythmes virevoltants sur un genre de muzak saupoudrée de guitares bien punky. 

Au passage, et ceci a son importance, nous nous trouvons ici, et une fois de plus, face à un groupe 100% new-yorkais, que l'on peut même dire natif de Brooklyn, puisque Kathleen, pas véritablement la plus lesbienne du lot -elle s'est un jour battue avec Courtney après s'être vanté d'une aventure avec Kurt Cobain.- n'est autre que l'épouse de Adam Horowitz (Ad Rock des Beastie Boys).
Et d'ailleurs, la filiation intervient tout à fait, tout comme ces hymnes proto-punk bricolés avec 3 samplers désoeuvrés font penser à des Beasties séminaux, ainsi qu'à une ex-déclinaison des rappeuses de Brooklyn de Luscious Jackson.

Dès "On The Verge" -aucune polysémie équivoque- le ton est donné. Ce sera slogans vengeurs, boite à rythmes frénétique, barrés saturés et synthés chic. Telle une lionne (un comble pour qui se dit un tigre ), Kathleen assène ses brûlots sans coup férir, un peu à la manière d'une Poly Styrene échappée de X Ray Specs.
Vlan, un p'tit coup de pied dans les couilles, pour t'apprendre à me mettre la main aux fesses ! "Seconds" est une merveille de rock teigneux, tel qu'on n'en avait plus entendu depuis le "Bodies" des Sex Pistols, placé lui aussi en 2ème position et avoisinant les pas tout à fait 2 minutes chrono. A peine le temps de se relever de cet uppercut, que "Don't Drink Poison" est là pour donner le coup de grâce d'une des plus couillues (eh oui !) entames d'album entendues depuis des lustres.

Les filles savent cependant ménager leurs effets, et calment (à peine) le jeu sur l'irrésistible single "After dark" et les non moins poppy "Nanny nanny boo boo" et "TKO", des manifestes, -et accessoirement des classiques que le Blondie de la période disco a oublié d'écrire- avant d'achever ce sans-faute de face A, avec la très sensuelle et ralentie "Tell You Now", où l'on jurerait entendre l'esprit (ce phrasé troublant à la Kate Pierson) des magnifiques B52's.

La deuxième face en décevrait presque, tant la première moitié du disque est ébouriffante. S'articulant, en gros, autour d'une reprise assez scolaire du "I'm So Excited" des Pointer Sisters que les très bons Fancy reprendront aussi, et de quelques coups de gueule lesbiens, soient les expériences vécues par JD Samson sur "Viz" (terme indiquant la reconnaissance après coming-out) et "New Kicks". Puis sont délivrées quelques autres sucreries de pop dansante de bon aloi. Dans cette musique, pas de place pour la matière grasse. Vivent les filles, quoi !


En bref : de l'electro ludique et efficace comme on l'aime. Un groupe avec une (vraie) conscience politique qui, pour une fois, a quelque chose à dire. Des refrains, des couplets qui emportent l'adhésion. On en redemande.







"Seconds" live aux Eurockéennes :


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The Pastels - Up For A Bit With The Pastels (1987)

Dans un monde idéal bien sûr, ce serait les Pastels qui auraient raflé la mise, et non Franz Ferdinand. Refrain connu... et cependant....les générations futures écouteront-elles les oeuvres du combo-post-punk-qui-plait-aux-filles avec la même dévotion, le même entrain qui nous envahit à l'écoute du premier effort de ce groupe de dilettantes qu'était la (fausse) fratrie Pastel ? Pas sûr.

Petite vacherie à part, quelles sont les groupes calédoniens qui ont réellement compté dans la scène indé du siècle dernier ? Après The Primevals, The Jesus And Mary Chain ou Teenage Fanclub, voilà le dernier chaînon (très) manquant du rock glaswegian à forte progéniture. Assez étonnant pour un groupe n'ayant jamais donné dans la surenchère et ayant toujours vivoté dans un anonymat semi-professionnel.
Les chansons de Steven Pastel recréent sur ce premier disque certains sons hénaurmes spectoriens : avalanche d'échos, batterie -monolithique certes- qui sonne, et de délicieux effluves sixties -la guitare twang de "Crawl Babies", l'un de leurs "célèbres" titres- la production "mur du son" de "Ride".
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Produit par John A. Rivers rendu célèbre pour ses oeuvres en compagnie d'artistes aussi précieux que Buzzcocks, Nikki Sudden, Love and Rockets ou Felt, Up For A Bit...  renvoie à un âge d'or, celui des insouciantes sixties, des virées en voiture avec un joli brin de fille à ses côtés. Le timbre enrubanné de Stephen évoque parfois celui de Morrissey, pour son côté confessionnel tant il est vrai qu'une mélancolie adolescente affleure tout du long de ce premier effort.
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A l'écoute de ce disque, on se dit que les premiers essais balbutiants de My Bloody Valentine, doivent énormément à ces écossais, dont les titres de chansons évoquent tous les fantômes de la lignée Velvet Underground, ("I'm Alright With You", "Hitchin A", "Baby Honey"), jusqu'aux, bien sûr, proches cousins de The Jesus And Mary Chain, avec ce je ne sais quoi de romantisme propre aux meilleurs groupes à guitare de l'époque (Smiths, REM, Monochrome Set, Field Mice, Felt, Lloyd Cole, etc)._
Un groupe rare et pudique, comme pouvaient l'être certaines formations indé pas forcément conscientes de leur importance à l'instant T. De belles déclinaisons pop en tout cas pour un disque qui fera battre des coeurs, et en rendra d'autres nostalgiques.
 
Les Pastels séviront encore mais en ne sortant des disques qu'avec parcimonie. Peu importe car ils sont pour l'éternité le secret le mieux gardé du rock écossais.. Un groupe qu'il est doux d'aimer pour sa rareté et sa confidentialité. Une madeleine de rock indé.
 
En bref : le meilleur groupe culte écossais que personne ne connaît. 100% amateur et certifié culte. Mais avant tout, de très bonnes chansons qui revisitent pour la énième fois et de très belle façon le répertoire princier du Velvet Underground. 
 
 
 
 
"Ride" :
"Crawl Babies"
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Loop - Fade Out (1989)

On s’extasie actuellement, à juste titre, sur les Black Angels et leurs deux albums imposants et sans failles, aussi psychédéliques que massifs, complètement envoûtants et qui, de surcroît, font le pont entre époque révolue (entre autres, les Doors et la fin des années 60), épopée shoegaze et noisy (la fin des années 80 et le début des années 90 avec des groupes tels que My Bloody Valentine et The Jesus and Mary Chain), et période actuelle consacrée à un retour significatif vers une forme de psychédélisme à la fois sonique et aérien (Aqua Nebula Oscillator, One Switch to Collision,…).
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Si cet engouement est plutôt justifié, il ne doit cependant pas nous faire oublier qu’il y a tout juste deux décennies, des Anglais insoumis et adeptes d’un son répétitif jusqu’au jouissif allaient, en quelques albums toujours étincelants et malgré un line-up changeant, imposer un univers lui aussi soniquement indomptable, colérique, souvent enlevé, en d’autres occasions plus spatial. Il s’agit, vous l’aurez compris, de Loop, dont ce Fade out constitue le meilleur exemple, la preuve la plus significative, de l’excellence à toute épreuve.
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Entre coups de boutoir incoercibles ("Torched" et ses stridences guitaristiques salvatrices), tentatives plus modérées et tout aussi intenses ("Black sun", superbe morceau introductif), et rock’n’roll sombre teinté shoegaze ("Vison strain"), sans omettre un penchant affirmé pour des embardées célestes façon Hawkwind ("Mother Sky"), Loop séduit sans coup férir et nous livre là un album qui nous rappelle de façon brillante et magistrale qu’avant ce revival psyché certes valeureux, d’autres formations œuvraient déjà, avec un talent renversant, dans un créneau similaire.
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On peut donc profiter sans honte des albums, étincelants et sans concessions, d’A Place To Bury Strangers, The December Sound et autres… Black Angels, le talent de ces derniers n’étant plus à démontrer. Mais avant cela, un retour aux sources s’impose et par conséquent, il est inconcevable d’éviter ce disque de la plus haute importance, séminal et influence indéniable des trois groupes précités et de bien d’autres encore, fussent-ils actuels ou plus "datés".
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En bref : un album dont le contenu synthétise, sans aucun faux-pas et de façon passionnante, vingt ans ou plus d’un rock incluant plusieurs options stylistiques.

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Le Myspace
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A lire aussi : The Black Angels - Concert à Tatry, Bordeaux, le 06/12/08
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"Torched" :


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25 mars 2009

Telepathe - Dance Mother (2009)

Il ne suffit pas d'être produit par David Sitek et d'être originaire de Brooklyn pour être un bon groupe. Le premier album de Telepathe, encensé ici ou là dans la presse spécialisée, en est la preuve. Sans vouloir crâner, il serait bien possible qu'on tienne là le pier album de l'année...

J'aime tellement TV on the radio, Liars, YYY, que je m'intéresse par principe à tout ce que fait Sitek ; et il est difficile d'être insensible à ce qui se passe sur cette scène new-yorkaise bouillonante. Mais là, non, Telepathe est un petit soufflet hype qui se dégonfle trés vite à l'écoute.
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Le groupe est composé de deux demoiselles issues du punk rock arty local, avec frange dans les yeux, sourire en option, et alibi psyché en bandoulière : « on veut vous faire planer ». Ah le psychédélisme ! Que deviendraient tous les groupes mal inspirés sans lui?
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Le psychédélisme a été une invention forte des remuantes sixties et a constitué une avançée remarquable dans le langage musical de la musique populaire. Il a été un formidable mouvement d'invention de nouvelles modalités expressives, en phase avec une critique frontale de la réalité sociale. Avec Telepathe, les portes de la perception se referment sur des procédés vides, et le psychédélisme fonctionne comme cache-misère : boucles ennuyeuses, bruitages divers et variés, réverbération à tous les étages (et là on peut faire confiance à Sitek, qui s'est fait gentiment remercier par Foals, l'année dernière, pour en avoir un peu trop abusé).
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Pour cacher quelle misère ? Misère des voix, d'abord, qui sont celles de jeunes filles en fleurs, qui auraient perdu leur Proust pour sublimer et érotiser leur banalité. Quand on a une tessiture aussi réduite, il faut assurer sur d'autres plans. Elles sonnent comme les voix d'Au revoir Simone, mais sans aucune expressivité ou émotion quelconque (écoutez le magnifique Stay Golden du premier album des ARS , et vous verrez la différence). Misère des mélodies, ensuite, que ne renierait pas un Plastic Bertrand, qui lui, au moins, ne planait que pour lui, sans essayer de faire planer les autres. Le pompom de ce point de vue s'appelle Devil's trident, qui vous infligera quatre minutes de synthé préprogrammé, de parlote marmonnée dans la frange, pour finir en pâmoisons pseudo-orgasmiques, et, comme il se doit, réverbérées. Quelques timides guitares s'invitent de temps en temps, mais ce qui prédomine c'est l'impression d'entendre une synth-pop ringarde, baclée et froide. Les rythmiques décalées roulent les mécaniques en début de morceau, puis s'éternisent comme un hamster dans sa roue.
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Comme le disait je ne sais plus quel cinéphile éclairé : il ne suffit pas de filmer des escaliers torturés, des murs penchés et des fenêtres de traviole pour faire un film expressioniste. De la même manière, il ne suffit pas de reprendre quelques procédés psyché pour faire de la musique.
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En bref : pas besoin d'être télépathe pour comprendre que Sitek avait un redressement fiscal à payer pour entreprendre de produire un album aussi mauvais. C'est froid, mais sans le petit plaisir SM de la cold wave, c'est psyché peut-être, mais plutôt dans le genre bad trip.



Le Myspace
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A lire aussi : Crystal Stilts - Alight Of Night (2009)
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Et maintenant tu peux t'amuser, cher lecteur, à celui qui écoutera jusqu'au bout cette vidéo (un peu comme quand tu joues à celui qui ne vomira pas en écoutant Cannibal Corpse) :


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Crystal Stilts - Alight Of Night (2009)

Parmi les nouveautés qui s’agitent au portillon de révélation de l’année, Crystal Stlits est de celles qui méritent l’attention, pour la simple raison que le groupe de Brooklyn - en fait je me demande s’il y a de la musique ailleurs qu’à Brooklyn en ce moment - brille par son anachronisme, et surtout par le mélange finalement assez inédit qu’elle produit. Le concept, mixer la voix post punk sombre et monocorde de Brad Hargett à des compositions garage pop, et prendre son temps. Alors forcément, on a vite eu fait de les comparer au Velvet, ce qui n’est pas totalement faux non plus - des volutes d’Heroin flottant ici ou là, et le fantôme de Lou Reed jamais bien loin - mais ce serait sacrément réducteur. C’est donc ici l’expérimentation Brooklyn Vs British qui guide les pas de cette énième formation aux airs de cristal, qu’il soit Antlers, Castles, Skulls ou Palace, j’en passe et des meilleurs.


Et donc pourquoi eux ? Déjà en mai dernier, leur premier Ep s’était fait remarquer. On assistait à la naissance d’une musique minimaliste, inattendue et à forte personnalité. A la batterie on connaissait déjà Miss Frankie Rose des Vivian Girls, et pour compléter la formation, JB Townsend (guitare), Andy Adler (basse) et Kyle Forester (orgue) bouclaient la boucle. Tous brillants, ils produisent cette musique passéiste, droguée et rigide, qui s’autorise parfois quelques moments de lumière, comme sur "Shattered shine" (déjà sur l’Ep) qui se retrouve éclairée (tout est relatif) par un discret harmonica. Il faut dire qu’il est sacrément lourd ce timbre vocal. Tout en réverb et en froideur, Ian Curtis semble ressuscité et errer dans Central Park.


Mais c’est là la force de ce premier disque exemplaire, allier les échos malsains des Cramps aux mélodies des Jesus & Mary Chain, sans se perdre ni dévier de sa route à aucun moment. Encore plus osé, les Crystal Stilts n’hésitent pas à invoquer les Kinks sur "Bright night", l’orgue de Procol Harum sur "Prismatic room" (en écoute ci-dessous) et de manière générale les guitares fifties sur le titre qui donne son nom à l’album (et sur lequel apparait un merveilleux synthé à 1’30"). Le quintet qui inévitablement finit par se répéter sur la fin (la très psyché "Spinal transit") est quand même à deux doigts du sans faute. Et à force de l’écouter, la douce accoutumance commence à faire son effet, et vous ne pouvez plus vous en passer.

En bref : onze titres en étrange apesanteur opiacée, entre post punk anglais et garage pop américain, enivrant.


Le Myspace

A lire aussi : The Jesus And Mary Chain - Psychocandy (1985)

Le clip de "Prismatic room" :



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24 mars 2009

Flairs au Point Ephémère (Paris)

Le bassiste français Flairs, dont nous avons parlé récemment, sera en concert mardi prochain au Point Ephémère de Paris, dans le cadre de la sortie de son premier album Sweat Symphony. L'occasion sera belle de vérifier si le fanfaron trentenaire joue effectivement mieux de la basse que Prince comme il le prétend... Plaisanterie mise à part, ce live permettra surtout de tester, grandeur nature, un disque aux atours dansants et libidineux.

Le garçon ne sera pas seul à monter sur scène. En effet, il sera précédé du trio frenchy Candy Clash que nous avions découvert grâce à leur premier EP, 79, sorti l'an dernier. Pop électronique sexuelle et new wave glam, toutes deux de qualité, résonneront donc mardi prochain au Point Ephémère. Le droit d'entrée est fixé à 13 euros.

Le site web du Point Ephémère.
Les myspace de Flairs et Candy Clash.

A lire aussi : Flairs - Sweat Symphony (2009) et Candy Clash - 79 EP (2008)

"Trucker's delight" de Flairs :


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Kevin Ayers - Whatevershebringswesing (1972)

Ca commence comme une pluie dissonante de cordes très vite suivie d'un générique façon chasse à courre : le troisième album solo de Kevin Ayers, bassiste du premier Soft Machine, s'annonce sous les meilleures auspices. Car cela n'est ni plus ni moins que deux des plus intéressants instruments de l'orchestre qu'il nous est donné d'entendre dans la majestueuse intro de "There Is Loving / Among Us / There Is Loving", le cor d'harmonie et le violoncelle. Curieux troubadour que ce Kevin Ayers, capable de décliner savamment une intro qui louche sur celles du Pink Floyd circa Atom Heart Mother, tout en gardant cette savante originalité qui rend ses disques, en tout cas les 4 premiers, incontournables.


Kevin Ayers avait pour compagnon de jeu Syd Barrett - un morceau, assez rare d'ailleurs, a été exhumé dans la splendide anthologie Songs For Insane Times, (2008) recouvrant le meilleur notamment de Joy Of A Toy (1969), Shooting At The Moon (1970), le disque qui nous occupe, et Bananamour, (1973).
Ayers façonne un univers baroque de morceaux enchâssés avec interludes savants, qui ne négligent jamais cependant une plume très ironique façon dandy fin de siècle, ce côté empire britannique déclinant. Un peu à la manière de John Cale, dont il épouse le timbre et l'excentricité, Ayers est un musicien rare qui de plus, sait s'entourer : en gros, la crème des musiciens bardes folk et psyché d'alors, cela va d'un Mike Oldfield débutant à l'ancien acolyte, Robert Wyatt qui vient prêter sa voix de séraphin sur le magnifique morceau-titre.

Tout est permis dans une cuvée Kevin Ayers : de la ballade la plus inoffensive ("Margaret", "Oh My") aux trouvailles les plus étonnantes. Ainsi, sur "Song From The Bottom Of A Well", le blondinet invente le rock gothique avant l'heure ; et son chant guttural, sur un tapis de basses martelées, saturées et de guitares brisées, fait merveille. Marilyn Manson, qui n'est pas encore né, pourra aller clairement se rhabiller 20 ans plus tard.

Chez cet artiste à nul autre pareil qu'est Ayers, tout est affaire de titres à tiroirs, de chansons en forme de trappes qui se dérobent sous vos pieds ; le meilleur exemple étant l'enchevêtrement de thèmes qui loin d'être indigeste, pose de façon astucieuse et en écho, la discographie du musicien. Ainsi, comme un cheveu sur la soupe, au beau milieu de "Lullaby" on retrouve des fade in déments et dérangés qui viennent citer la fanfare trépidante de "Joy Of A Toy Continued" de l'album (presque) éponyme. Ce qui signifie que le titre très "Belle des champs" de cet album saisit bien l'humeur insouciante et hédoniste prégnante dans le studio.

A la façon de l'un de ses emblématiques émules (le génial Julian Cope) Kevin Ayers est l'une des voix les plus splendidement mâles du rock et durant son âge d'or, en fut l'un de ses plus délicats orfèvres.


En bref : l'âge d'or, toujours, des 70's britanniques, avant le raz-de-marée punk. Et l'un des songwriters les plus déroutants, séduisants et iconoclastes de son époque. Tout le feeling "so british" d'un maître des arrangements baroques.






Site off et Myspace de notre homme.
"Song From The Bottom Of A Well" :


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23 mars 2009

Moody (AKA Moodymann) - Anotha Black Sunday (2009)

Aucune des sorties récentes de Moodymann n'a été évoquée sur Dodb, simplement parce que le légendaire producteur se complaît ces derniers temps dans une paresse plus qu’agaçante, se contentant de décliner son style mille fois imité sur des maxis jamais complètement mauvais, mais souvent un peu bâclés. Des disques qui s’entendent plus qu’ils ne s’écoutent... Bien que ce travers soit encore présent ici ou là sur Anotha Black Sunday, ce nouvel EP marque un retour aux affaires sérieuses pour le résident de Detroit, qui fait tomber son suffixe pour l’occasion.

Comme l’indique le titre du disque, Kenny Dixon Jr n’a pas abandonné son cher militantisme post-Black Panther dont on ne sait pas bien où il mène, surtout à l’heure où Obama siège à la Maison Blanche. En même temps que ce topos récurrent, il aborde son autre thème de prédilection : le sexe. Côté instrumental, on est dans du Moodymann typique : cymbales caressées, contrebasse chuintante, Rhodes (!) et voix suaves qui tiennent plus des grandes heures de la Motown que des standards R&B ou house actuels (cf. les “I got the blues” meuglés sur “Mamma’s Hand”). Et toujours cette impression si caractéristique de distance, voire de retrait, comme si l’on écoutait un concert depuis l’extérieur de la salle.

La première moitié de l’EP comporte trois plages à l’ambiance très Cotton Club, au tempo plutôt lent, au long desquelles résonnent les échos d’une foule embrasée, ce qui rappelle plusieurs de ses anciens morceaux, comme “The Thief That Stole My Sad Days”. La seconde face est nettement plus house, sans pour autant être assez rentre-dedans pour contenter les clubbeurs (ou alors très, très tard le matin). Sur “Desire”, la voix incroyable de Jose James se pose sur un beat sans cesse changeant et quelques notes de piano à flanquer la chair de poule. “Rectify” (featuring Nikki-O) achève l’expérience dans un brouillard jazzy splendide qu’un pied techno vient épisodiquement percer. Bon, il est vrai que “Desire” comme “Rectify” ne sont que des “alternate versions” de morceaux déjà parus. Mais les voir réunis sur un même vinyle reste une bonne nouvelle, tout comme le retour en forme de cet artiste unique.

En bref : Moodymann daigne enfin sortir de sa torpeur et livrer un EP digne de son talent. Entre jazz brumeux et house, les cinq titres d’Anotha Black Sunday ont de quoi ravir les fidèles et peut-être même convertir quelques mécréants au culte du soul brotha de Detroit.



Moody - Desire.mp3

Son Myspace
Celui de son label, KDJ

A lire aussi : Compilation Prime Numbers (2008)
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Oxmo Puccino - L'arme de paix (2009)

Après son échappée jazz réussie sous les auspices du label Blue Note il y a déjà deux ans, Oxmo Puccino nous revient cette semaine avec L'arme de paix, sa cinquième livraison solo. Foin de concept-album cette fois-ci, le rappeur francilien renoue avec une mouture plus traditionnelle, poursuivant néanmoins l'exploration des sentiers de la soul et du jazz, et, par moment, s'essayant à la chanson, nous faisant ainsi comprendre pouquoi certains tendent à le surnommer le “Black Jacques Brel”. Instrumentaux soignés et épurés, lyrics poétiques posés avec prestance et hauteur, rime généreuse, sont, comme à l'accoutumée, au rendez-vous, sur un ce disque qui certes n'égale pas les classiques que sont devenus Opéra Puccino (1998) et L'amour est mort (2001) mais donne – était-ce nécessaire – une énième preuve du talent d'écriture inextinguible de ce grand Monsieur du rap français.



Il est vrai, on pourrait se dire que ce bon vieux briscard d'Oxmo nous ressort parfois quelques recettes désuètes du rap français des nineties – dont l'usage répété d'un refrain rn'b-soul chanté n'est certainement pas le plus noble agrément – mais comment le lui reprocher, à lui qui oeuvre depuis des années pour un rap distingué et savamment écrit, loin des récifs périlleux et vulgaires du Dirty South à la sauce hexagonale. Oxmo est là, toujours là. Gouailleur et égotripé, jonglant avec les mots de sa voix de stentor, conteur érudit de la rue et des dépressions de la vie. Pas triste, simplement juste et immédiat.

Au fil des années, ses questionnements et ses envies ont changé, forcément. Oxmo a pris de la bouteille, comme tout le monde. Et si, aujourd'hui, une certaine rondeur du verbe semble parfois le disputer aux mots acerbes d'antant, le rappeur reste ce noble poète du hip hop français, railleur et lucide, maître de la métaphore emprunt d'une louable sagesse populaire. Sur L'arme de paix, Puccino ne délaisse pas ses thèmes de prédilection. Amitié, trahison, vérité parmi ses habituelles préoccupations. Comme une évidence, il nous parle également des femmes avec “J'te connaissais pas”, légèrement bluette, ou “Les unes les autres”, plus badine. Mais, épreuve du temps oblige, il évoque aussi les années qui passent, la fluctuation des amitiés et des amours, sur le titre d'ouverture “365 jours” ou, en compagnie de Sly Johnson du Saïan Supa Crew, sur “Partir 5 mn” et “Tirer des traits” (Joli titre... non Dave ?). Toujours avec poésie et charisme.



Musicalement parlant, Oxmo prolonge et explore les pistes ouvertes lors de sa collaboration avec les Jazz Bastards sur Lipopette Bar. Jazz, soul ou funk, les mélodies brillent par leur fine instrumention (guitares acoustiques et électriques, contrebasses, violons, claviers, synthé, et autres batteries feutrées) et leur pureté. “Masterciel”, permier extrait de l'album, s'illustre par son aridité, à base de toms de batterie et de pointes “lasers” électroniques, totalement sublimée par un final constrastant, en forme de solo de guitare hendrixien. Avec “Sur la route d'Amsterdam”, en la surprenante compagnie d'Olivia Ruiz, Oxmo se met à la chanson, dans un réaliste et entraînant clin d'oeil à Jacques Brel. De là à dire que le premier s'inscrit dans la filiation du second, il y a là un pas que je ne franchirai pas. Pour autant, je n'aurai de cesse de louer ce grand et indispensable Monsieur Puccino.



En bref : Oxmo Puccino poursuit l'exploration des pistes jazzy ouvertes sur son précédent album, Lipopette Bar. Dépouillé et toujours aussi poétique, d'une grande noblesse, un très joli disque de plus à mettre au compteur du Black Popeye. Pas le meilleur, mais du reste un très beau jet de cet inégalable tribun.







Le site web et le myspace d'Oxmo Puccino.

A lire aussi : Oxmo Puccino – Lipopette Bar (2007) et X-Men – J'attaque du mike / Diable rouge (1996)

Le clip “365 jours”, premier titre de l'album :





“Soleil du Nord” :




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21 mars 2009

Sin Fang Bous - Clangour (2009)

Ça commence toujours comme ça, avec ces disques forêts, broussailleux, touffus, sauvages, et hantés : au début on s'y égare, et le sentiment n'est pas des plus agréables. Les disques d'Animal Collective, Grizzly Bear, Atlas Sound, Le Loup sont toujours difficiles d'accès au premier abord, si bien que l'on préfère rester à l'orée. Mais déjà là, la main posée sur le tronc d'un pin, le pied dans la mousse, ce que l'on entrevoit a l'air merveilleux. On appelle cela savoir attiser la curiosité. Une fois que l'on y met franchement le pied, que l'on débroussaille les mélodies et les lianes, la musique se révèle : de la beauté à foison.

Sindri Màr Sigfússon, chanteur du très bon groupe islandais Seabear, a fait de son premier album sous le nom de Sin Fang Bous un splendide enchevêtrement, à la fois savant et intuitif, de voix, de machines, de guitares, de flûtes, et de tant d'autres belles choses. La forêt ainsi bâtie est chaude et accueillante, lumineuse et colorée. Nous y gravissons des collines plus clairsemées, qui nous permettent de prendre la lumière et de la hauteur et d'admirer le panorama, époustouflés par tant d'abondance ; ce sont ces refrains pop émouvants qui éclaircissent l'album, le long de "Advent In Ives Garden," "Catch The Light," "Melt Down The Knives," ou encore "Clangour and Flutes." Puis nous nous engageons sur des sentiers qui se dessinent sous nos oreilles, ce sont ces mélodies plus complexes qui parcourent l'album en tous sens. Et même lorsque nous y avons pris nos repères, nous découvrons à chaque écoute de Clangour de nouveaux recoins inexplorés. Clangour n'a pas fini de nous fasciner. Nous quittons le folk et partons à l'aventure...

Et l'aventure est merveilleuse. "Fa Fa Fa" est une jolie clairière qui s'ouvre comme du Animal Collective d'avant Strawberry Jam, et se poursuit comme du Grizzly Bear à son meilleur. Mais Sin Fang Bous se distingue en ce qu'il dessine des contours plus pop à ses compositions, et s'accroche plus au bois de ses instruments qu'aux composants des ses machines. Néanmoins, nous avons désormais une claire idée de ce à quoi aura ressemblé le lyrisme des années 2000 : aux côtés des fioritures massives façon Arcade Fire, les trouvailles de ces formations d'électro-folk nébuleuse nous aurons tout autant émus. Clangour, ou la vitale certitude d'être bel et bien de son temps, un temps que l'on écrit et que l'on fuit d'un même mouvement.


En bref : de l'electro-folk aventureuse, abondante et authentique, à laquelle l'artiste dessine des contours pop pour qu'elle décolle sans partir en vrille.




Sur Myspace.

A lire aussi : Animal Collective - Merriweather Post Pavilion (2009)

Deux beaux clip à l'esthétique lo-fi :





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19 mars 2009

Gorky’s Zygotic Mynci - How I Long To Feel That Summer In My Heart (2001)

Ouf! Autant prendre de l’inspiration avant de prononcer le nom de ce groupe britannique devant vos amis. Issu de la scène alternative galloise des années 90 au même titre que les plus connus Manic Street Preachers ou Super Furry Animals, les Gorkies comme on les appelle furent un groupe pop des plus prolifiques entre 1992 et 2003. Hélas séparés depuis 2006, ils n’en ont pas moins laissé une discographie somme toute assez admirable, depuis l’expérimentation psyché rock des débuts jusqu’à la pop folk plus aboutie de fin de carrière. Et si Barafundle (1997) est leur plus grand succès commercial et critique, j’ai choisi de retenir ce How Long… pour vous introduire cet univers à forte influence californienne.

Moins enjoué car moins juvénile (les Gorkies se sont formés au lycée début 90’s), cet album, bien plus intimiste, montre combien le groupe a gagné en ampleur. Alors que C. Gorwel Owen se retrouve discrètement à la prod et que Norman Blake des Teenage Fan Club participe aux backing vocals, Euros Child et sa sœur Megan continuent de construire de délicates mélodies aux accents nostalgiques plus prononcés. Finie la folie des compositions à tiroirs, bienvenue aux harmonies vocales, et aux arpèges mélodieux. Et ce même si le large éventail instrumental qui a fait la renommée du groupe fait toujours partie du tableau : violons, cuivres, banjo, orgues Moog et Wurlitzer occupent toujours les mains du quintet.
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C’est confirmé au démarrage, lorsque "Where does yer go now ?" commence au piano et à la pedal steel (avec archet). L’ambiance sera bucolique et suave, loin des hymnes power pop californiens que l’on est en droit d’attendre. On songe ainsi aux Mama’s And Papa’s, et plus loin, sur le magnifique "Christina" c’est encore à Brian Wilson que l’on pense. Véritable morceau au cœur brisé, il témoigne pour le reste du disque d’une science affinée des arrangements et des voix. "Can Megan", autre extrait de ces 43 minutes laisse la parole à Megan, évidemment, puis aux cuivres, pour un autre grand moment de petit bonheur. Plus tard, sur "Let those blue skies" ou "Her hair hangs long", le duo vocal fait irrémédiablement penser aux Belle And Sebastian. Enfin, d’autres titres plus dépouillés comme "Dead aid" ou "Easy love" assoient cette atmosphère définitivement mélancolique, éloignée de celle de la pochette où tout semble aller pour le mieux sous le soleil. Encore mieux, et je ne sais trop pourquoi, ce disque m’a donné envie de réécouter Kevin Ayers et Gene Clark. Allez savoir...


En bref : douze titre de sunshine pop peaufinés comme il se doit, en provenance d’un des meilleurs groupes gallois de ces dernières années. Incontournable.

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Le site officiel , le Myspace et l'album en streaming
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A lire aussi : The Submarines - Honeysuckle weeks (2008)
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"Christina" en écoute :


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18 mars 2009

Erik Truffaz & Murcof - Mexico (2009)

Le trompettiste Erik Truffaz n'est plus de ceux que l'on présente. Souvent qualifié d'épigone de Miles Davis, le Français d'origine suisse a acquis, depuis ses débuts en quartet dans les années 90, une renommée planétaire d'expérimentateur jazz avisé, piochant tour à tour dans des influences aussi diverses que la drum and bass, le rap ou le rock



Le Mexicain Fernando Corona, alias Murcof, reste quant à lui beaucoup plus méconnu, réservé pour l'heure à une fine caste d'amateurs de grands espaces et d'electronica cosmique. Inégalable créateur d'ambiances et de territoires musicaux mutants, le natif de Tijuana oeuvre à l'abri des projecteurs et explore, inlassablement, les abîmes vaporeux de la musique électronique, à la rencontre de l'ambient et de la drum and bass. Sans conteste, les seuls titres de ses albums donnent un clair aperçu de son univers : Martes (2002), Utopia (2004), Remembranza (2005) et enfin Cosmos (2007), autant de galettes propices à l'élévation et à l'évasion, toutes mises en orbite par le label d'electronica britannique Leaf.


Je ne vous ferai pas un dessin pour vous faire comprendre que la rencontre de ces deux hommes d'exceptions, sur disque, s'avérait donc hautement alléchante et excitante. Pour être tout à fait exact, de rencontre il n'y en eu pas réellement pour ce Mexico, produit par Blue Note et bâti au gré d'une correspondance sonore transatlantique entre les deux artistes. Cette méthode aurait certainement pu nuire à l'homogénéité de l'ensemble mais que nenni. Le résultat final est d'une fluidité et d'une limpidité éclatantes, les inspirations des deux hommes fusionnant à merveille.


On retrouve de façon évidente la griffe de Murcof dans l'art délicat d'agrémenter avec goût de longues plages ambiantes – le disque ne contient que trois morceaux, respectivement de 8 minutes et demie, 11 minutes et 7 minutes trente – à base d'échantillonnages de sons concrets, dans la veine du glitch des années 90 (Achim Szepanski, Telefon Tel Aviv...), de nappes erratiques et de pointes electronica impressionnistes. Tantôt planantes, tantôt transies par quelques effusions de basses, les tapisseries musicales aériennes du Mexicain offre un terrain de jeu parfait aux variations de trompette d'Erik Truffaz. Le bonhomme ne se prive pas d'un plaisir facile et sculpte de son instrument de fines lignes mélodiques intermittentes, feutrées et jazzy.


Il est totalement impossible d'isoler un des trois morceaux présents sur Mexico – parjure – tant le disque fait oeuvre. On se laisse simplement errer dans ses paysages arides et on regrette que cette balade du nulle part ne s'arrête si vite. Enfin, respectueusement, on remercie les deux hommes pour l'ensemble de leur travail.


En bref : Fils spirituels de Luigi Rossolo, travellers du canapé ou simples amateurs d'electro-ambient, ne manquez pas la rencontre de ces deux grands expérimentateurs éclairés. Vous ne serez pas déçu par ce voyage en terres inconnues, désorientant, planant et chaud à la fois.




Les myspace d'Erik Truffaz et de Murcof.

Les sites web d'Erik Truffaz et de Murcof.


A lire aussi : rubrique Ambient


Murcof, Erik Truffaz et Talvin Singh, le joueur de tabla indo-anglais, lors du Montreux Jazz Festival de 2006 pour une reprise de “Rios”, extraite de l'album de Murcof Remembranza :




Le succulent - et le mot est faible - titre “Mir”, extrait de l'album Martes de Murcof :


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17 mars 2009

The Chills - Submarine Bells (1990)

En matière de pop à guitares, il y a bien longtemps que les ricains et les roastbeefs mènent la danse. Et puis il y a ceux qui sont coincés sur leur île, fort loin, dans un océan dont on oublie le nom. La Nouvelle Zélande a au moins cet avantage, son éloignement géographique faisant office de filtre qualitatif, ne laissant rentrer sur le pays que le meilleur. Inspirée alors par les désormais classiques R.E.M. , Smiths et autres Echos And The Bunnymen, une communauté musicale voit le jour entre 1980 et 1990 au pays des kiwis, principalement sur le désormais culte label Flying Nun. The Clean, The Verlaines ou encore The Bats font partie de l’aventure, et The Chills de Dunedin sont leur porte drapeau. En 1990 ils sont enfin prêts pour leur troisième et livrent ce petit album (36 min) quasi parfait.

La production de Submarine Bells qui vient d’être récupérée par Slash (Warner) est alors confiée à Gary Smith, surtout connu pour avoir été le producteur des Pixies. Discrète, elle donne la part belle et on s’en doute aux arrangements de cordes, et à leur mariage plutôt inhabituel avec des orgues Casio. C’est Andrew Todd’s qui s’occupe des claviers justement, alors que Donna Savage chante en guest sur quelques titres. Un batteur et un bassiste complètent la formation menée par le non encore cité et pourtant indispensable Martin Phillips, cerveau du groupe, et seul membre indécrottable qui survivra aux vingt line-up différents de la carrière de The Chills.

Originellement, et vous l’aurez peut-être compris grâce à la pochette dont je ne sais finalement que penser, Submarine Bells se veut un manifeste contre les essais nucléaires français à Mururoa. Des préoccupations environnementales qui rapprochent encore plus l’œuvre des orientations de Michaël Stipe, dont le Murmur trouve de nombreux échos dans ce disque, tant dans la manière d’amener les pop-songs chaloupées, que dans la voix, le raffinement et le romantisme. Troisième album du groupe donc, Submarines Bells comprend leur plus grand succès commercial (encore que) sous l’intitulé "Heavenly pop hit", rien que ça. Presque innocemment, les mélodies s’installent et ne nous quittent plus.

Certains morceaux filent carrément la patate : "The oncoming day", "Familiarity breeds contempt" alors que d’autres restent du domaine de la ballade, comme le somptueux éponyme. A noter également les 40 secondes de "Sweat times" largement intercalables entre deux titres d’un certain collectif animal, ou encore le traitement original de la guitare sur "Singing in my sleep". Le groupe aura par la suite bien du mal à redécoller de son petit chef d’œuvre, notamment à cause des problèmes de drogues de Martin Phillips, qui tente pourtant en 2003 un comeback aussi bien solo qu’en groupe dont je n’ai pas eu d’échos.

En bref : s’inscrivant en redécouvreurs de talents parce que recevant la musique américaine et anglaise sur le tard, le groupe fer de lance d’une génération de néo-zélandais apporte une vision presque pure de la pop music, pour notre plus grand plaisir.
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A lire aussi : R.E.M. - Murmur (1983)
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Le site officiel, le Myspace et l’album en streaming
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"Leather jacket", pas sur cet album, mais permet de se faire une idée :


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