Le Mexicain Fernando Corona, alias Murcof, reste quant à lui beaucoup plus méconnu, réservé pour l'heure à une fine caste d'amateurs de grands espaces et d'electronica cosmique. Inégalable créateur d'ambiances et de territoires musicaux mutants, le natif de Tijuana oeuvre à l'abri des projecteurs et explore, inlassablement, les abîmes vaporeux de la musique électronique, à la rencontre de l'ambient et de la drum and bass. Sans conteste, les seuls titres de ses albums donnent un clair aperçu de son univers : Martes (2002), Utopia (2004), Remembranza (2005) et enfin Cosmos (2007), autant de galettes propices à l'élévation et à l'évasion, toutes mises en orbite par le label d'electronica britannique Leaf.
Je ne vous ferai pas un dessin pour vous faire comprendre que la rencontre de ces deux hommes d'exceptions, sur disque, s'avérait donc hautement alléchante et excitante. Pour être tout à fait exact, de rencontre il n'y en eu pas réellement pour ce Mexico, produit par Blue Note et bâti au gré d'une correspondance sonore transatlantique entre les deux artistes. Cette méthode aurait certainement pu nuire à l'homogénéité de l'ensemble mais que nenni. Le résultat final est d'une fluidité et d'une limpidité éclatantes, les inspirations des deux hommes fusionnant à merveille.
On retrouve de façon évidente la griffe de Murcof dans l'art délicat d'agrémenter avec goût de longues plages ambiantes – le disque ne contient que trois morceaux, respectivement de 8 minutes et demie, 11 minutes et 7 minutes trente – à base d'échantillonnages de sons concrets, dans la veine du glitch des années 90 (Achim Szepanski, Telefon Tel Aviv...), de nappes erratiques et de pointes electronica impressionnistes. Tantôt planantes, tantôt transies par quelques effusions de basses, les tapisseries musicales aériennes du Mexicain offre un terrain de jeu parfait aux variations de trompette d'Erik Truffaz. Le bonhomme ne se prive pas d'un plaisir facile et sculpte de son instrument de fines lignes mélodiques intermittentes, feutrées et jazzy.
Il est totalement impossible d'isoler un des trois morceaux présents sur Mexico – parjure – tant le disque fait oeuvre. On se laisse simplement errer dans ses paysages arides et on regrette que cette balade du nulle part ne s'arrête si vite. Enfin, respectueusement, on remercie les deux hommes pour l'ensemble de leur travail.
En bref : Fils spirituels de Luigi Rossolo, travellers du canapé ou simples amateurs d'electro-ambient, ne manquez pas la rencontre de ces deux grands expérimentateurs éclairés. Vous ne serez pas déçu par ce voyage en terres inconnues, désorientant, planant et chaud à la fois.
Les myspace d'Erik Truffaz et de Murcof.
Les sites web d'Erik Truffaz et de Murcof.
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Murcof, Erik Truffaz et Talvin Singh, le joueur de tabla indo-anglais, lors du Montreux Jazz Festival de 2006 pour une reprise de “Rios”, extraite de l'album de Murcof Remembranza :
1 Comment:
J'ai passé le test de l'écoute de "Mir" au casque comme tu me l'avais décrite. Pas mal du tout. Et un clip malade, sur lequel le plein écran m'aurait achevé. Dur de regarder jusqu'au bout. Mais tellement bon.
Merci Fab.
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