Une chose est sûre, Kevin Barnes et ses acolytes ne devaient pas être à-jeun lorsqu’ils ont composé ce sommet mésestimé de pop psychédélique. Tout juste signés chez Kindercore Records, et juste après The Gay Parade, ils signent là leur dernier disque avant le changement dansant qui les a fait connaître. En effet, Aldhils Arboretum qui lui succède témoigne déjà de certains gimmicks accrocheurs qui ont fait le succès en 2007 du non moins énorme Hissing Fauna : Are You The Destroyer ?. Et à première vue, les petits protégés d’ Elephant 6, encore, ont le chic pour nommer leurs albums. Ici, c’est le pompon avec cette ode semi-avouée au pavot, un concept album faussement naïf qui n’a rien à envier à ces congénères : Coquelicot, sorte de lutin sous opium, se ballade dans un univers imaginaire, peuplé de personnages secondaires récurrents tous plus colorés les uns que les autres que l’on retrouve dans l’artwork du livret, Barnes ayant illustré à la main chacune de ces scénettes. Niveau sonore, le groupe d’Athens réalise un exercice de style complètement régressif, voguant sur les voies des Beatles et de Syd Barrett. Le choix du sixties donc, pour plus d’une heure d’ "Eleonor Rigby" like. Tout juste s’ils ne nous refont pas le coup du Revolver sur la tempe.
Me rappelant également la construction du Black Foliage des Olivia Tremor Control, ces 22 titres invraisemblables ont un niveau de détail impressionnant et unique en son genre. Car 22 titres veut dire ici plus de 50 passages mélodiques différents, enchevêtrés les uns dans les autres, passant d’un rythme à l’autre sans prévenir. Des mélodies express qui laissent parfois c’est vrai un léger goût d’inachevé. Là où d’autres auraient fait une chanson, eux n’en font qu’un passage. Pourtant loin d’être si chaotique que ça, il règne une cohésion particulière dans ces arrangements géniaux, tantôt minimalistes (piano/voix), tantôt complexes (effets à foison). Le collectif la joue hyperactif et surprend sans cesse. Même la voix de Kevin est étonnamment impeccable. Ni trop, ni pas assez. Faisant preuve d’un talent monstrueux dans la composition, à la fois riche, subtile et changeante, il mène de haut ces chansons que j’aurais bien du mal à vous décrire point par point. Tout juste puis-je vous mentionner quelques morceaux qui m’on fait plus tilter que la moyenne : "Let’s do everything for the first time forever", "It’s a very starry night", "Butterscotching Mr Lynn" ou encore le dément "Pelenope" que je vous propose d’écouter ci-dessous. L’exemple parfait de ce à quoi peut ressembler ce disque. Et je vous passe les 18 minutes de piano du morceau final. Indispensable.
En bref : Medley géant qui remet presque en question la notion de pop, ce septième album est le dernier des Of Montreal sous cette forme là, et certainement un disque sous-estimé et trop peu écouté.
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Le site officiel et le Myspace
A lire aussi : Olivia Tremor Control - Dusk At Cubist Castle (1996)
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"Penelope" ou comme quoi, il peut s'en passer des choses en 2'53" :
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