Au fil des années, ses questionnements et ses envies ont changé, forcément. Oxmo a pris de la bouteille, comme tout le monde. Et si, aujourd'hui, une certaine rondeur du verbe semble parfois le disputer aux mots acerbes d'antant, le rappeur reste ce noble poète du hip hop français, railleur et lucide, maître de la métaphore emprunt d'une louable sagesse populaire. Sur L'arme de paix, Puccino ne délaisse pas ses thèmes de prédilection. Amitié, trahison, vérité parmi ses habituelles préoccupations. Comme une évidence, il nous parle également des femmes avec “J'te connaissais pas”, légèrement bluette, ou “Les unes les autres”, plus badine. Mais, épreuve du temps oblige, il évoque aussi les années qui passent, la fluctuation des amitiés et des amours, sur le titre d'ouverture “365 jours” ou, en compagnie de Sly Johnson du Saïan Supa Crew, sur “Partir 5 mn” et “Tirer des traits” (Joli titre... non Dave ?). Toujours avec poésie et charisme.
Musicalement parlant, Oxmo prolonge et explore les pistes ouvertes lors de sa collaboration avec les Jazz Bastards sur Lipopette Bar. Jazz, soul ou funk, les mélodies brillent par leur fine instrumention (guitares acoustiques et électriques, contrebasses, violons, claviers, synthé, et autres batteries feutrées) et leur pureté. “Masterciel”, permier extrait de l'album, s'illustre par son aridité, à base de toms de batterie et de pointes “lasers” électroniques, totalement sublimée par un final constrastant, en forme de solo de guitare hendrixien. Avec “Sur la route d'Amsterdam”, en la surprenante compagnie d'Olivia Ruiz, Oxmo se met à la chanson, dans un réaliste et entraînant clin d'oeil à Jacques Brel. De là à dire que le premier s'inscrit dans la filiation du second, il y a là un pas que je ne franchirai pas. Pour autant, je n'aurai de cesse de louer ce grand et indispensable Monsieur Puccino.
En bref : Oxmo Puccino poursuit l'exploration des pistes jazzy ouvertes sur son précédent album, Lipopette Bar. Dépouillé et toujours aussi poétique, d'une grande noblesse, un très joli disque de plus à mettre au compteur du Black Popeye. Pas le meilleur, mais du reste un très beau jet de cet inégalable tribun.
Le site web et le myspace d'Oxmo Puccino.
A lire aussi : Oxmo Puccino – Lipopette Bar (2007) et X-Men – J'attaque du mike / Diable rouge (1996)
Le clip “365 jours”, premier titre de l'album :
“Soleil du Nord” :
7 Comments:
Je l'ai pas encore écouté mais je trouve que "365 jours" est une tuerie! J'ai hâte d'entendre le reste...
Bises
Bravo pour cette belle chronique. Je suis également un inconditionnel du poète Oxmo. Depuis Opéra Puccino, sa discographie est inégale mais parsemé de punchlines fracassantes.
Je te rejoins sur le fait que cet album ne sera pas mon préféré du monsieur mais plus on l'écoute, plus on découvre des textes impeccables et touchants. Petit bémol sur la production qui brille sur certaines pistes et paraît beaucoup trop fade sur d'autres.
"Compose avec la lumière pour un homme de l'ombre" --> +1 pour 365 jours qui est magnifique.
Je vais commencer par courir l'acheter :)
Tu as bien raison ! un bon Oxmo ça ne fait jamais de mal aux oreilles... au contraire !
Très sympa cette chronique,
je me suis retrouver agréablement surpris à écouter "sur la route d'Amsterdam" en boucle je sais pas pourquoi, peut être la mélodie entrainante.
Un album qui m'a fait bien plaisir dans l'ensemble.
Bon album, si ce n'est certains relans de pop sirupeuse, comme sur "L'arme de paix".
IL était sur le plateau de Ruquier il y a pas longtemps, je pensais qu'ils auraient parlé de ce qu'avait dit Oxmo sur Zemmour...
(petit rappel Zemour a dit "le Rap est une sous-culture d'analphabète" et la réponse d'Oxmo "le Rap une sous-culture? Mais quelle idée! Ce sont des propos de fils de canidé"). Du coup j'ai regardé en pensant assister à débat autour de la culture Rap, je suis déçus.
J'ai écris un article sur le concert d'Oxmo à Nantes le 22 avril, je vous invite a jeter un coup d'oeil: http://www.music-shared.fr/clips-oxmo-puccino-avis-sur-son-concert/
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