Ceux qui ont laissé Birdy Nam Nam en 2005 aux potards de leur album éponyme risquent de ne pas reconnaître le collectif de gentils Dj Hip-Hop-Jazzy-Abstract. À l’écoute de leur dernière livraison, on a plutôt affaire à l’affreuse bande des Daltons, version 2009, crises de nerfs et financière en prime.
Déjà le titre et le visu de ce nouvel album préfiguraient un virage, mais l’écoute ne laisse aucun doute. Les Birdy sont de retour et ils sont énervés ! La déferlante Justice ne les a pas épargnés, et on peut dire que cette influence déborde largement "The Parachute Ending" (Xavier et Gaspard l’ont composé) en contaminant la totalité de l’opus.
Eh oui ! Les Birdy Nam Nam ont décidé de faire danser la jeunesse, mais dans une atmosphère post-industrielle, filmée par Gavras (fils, bien sûr), caméra subjective haletante et désespoir extasié en prime. Comble du sacrilège, "Trans Boulogne Express", "Worried", "The Parachute Ending" sont autant de tracks ravageurs, d’une efficacité imparable avec leurs beats martiaux et leurs basses sursaturées.
Le reste de la production n’est pas sans charme : "Space Cadet Apology" et "Homosexuality" lorgnent vers des lendemains planants d’émeutes intergalactiques et s’habillent, comme il se doit, d’accents daftiens ; "War Paint" nous rappelle que ces insurgés du dancefloor ont malgré tout fait leurs classes, et on croit bien reconnaître un effluve de Vitalic derrière ce camouflage guerrier. Bien, bien… et Birdy Nam Nam dans tout ça, quand est-ce qu’on les retrouve ?
Malheureusement, et c’est la faiblesse de l’album, il n’y a guère que sur "Red Dawn Rising", "Bonne Nouvelle" et "Love Your Enemy" que l’on tombe sur les vestiges de leur originalité originelle. Mais, le temps à fait son ouvrage et ces divers ossements sont abîmés par des années de pollution, de pluies acides et d’oxyde de plomb.
En bref : ce manuel d’insurrection est à la mode d’aujourd’hui. Certes il nous fournit des armes de dancefloor massives mais survivra-t-il à son prédécesseur ? Rien n’est moins sûr.
Le Myspace
_
"Love your enemy" :
4 Comments:
Salut Hervé et bienvenue !
4 disques c'est trop généreux pour un disque tout à fait plaisant, mais qu'on aura tôt fait d'oublier. une émeute? quelle émeute ? c'est un rejeton sans intérêt de Daft Punk et de Justice. Mais le premier album, et les live c'est autre chose, on est d'acc.
J
Salut man, bienvenue ! Contrairement à toi mon cher HIPHOP, je serai plus indulgent avec ce nouvel opus aux atours racoleurs des BNN. Je pressens déjà les ravages démentiels qu'il pourra faire en live à grands coups de basses saturées et de gros beats... De là à lui mettre 4 "disques DODB", j'en suis moins sûr...
Hello Hiphop et Fabien,
Merci pour vos messages de bienvenue. Concernant votre réserve sur la note attribuée (4 disques DODB), je ne vais pas m'arc-bouter sur ma générosité. C'est vrai, je le concède, j'ai peut-être été un peu trop amical avec les Birdy Nam Nam. Ceci dit, même s'ils sont effectivement dans l'air du temps, donc déjà dépassés d'un certain point de vue, doit-on forcément voir dans leur opus une tentative marketing ? Je n'en suis pas certain. Ils ne sont pas les seuls à s'être laissés séduire par ce son (en dehors même du public juvénile). Que l'on songe à Boys Noize, Sébastian, Mr Oizo dans une moindre mesure, il y a bien une esthétique "beats martiaux-basses saturées" qui a pu produire des tracks connotés mais néanmoins intéressants. Personnellement, j'aime bien le "Don't Believe The Hype" de Boys Noize ou bien le remix de Sébastian pour Tellier "Sexual Sportswear". Enfin, rappelons quand même qu'ils n'ont pas produit de LP depuis des années. N'est-ce pas est un gage (minimal) de sincérité...
J'avoue que moi, j'ai pris Birdy Nam Nam à l'envers, en les découvrant en live l'été dernier à Angouleme. Grosse claque, show bien sauvage, et lorsque j'ai posé une oreille sur leur live par exemple, j'ai été très surpris (mais pas déçu).
Donc finalement, je pense que j'aimerais bien ce petit manuel d'insurrection...
Post a Comment