Brisons les habitudes et parlons pour une fois d’un artiste francophone. Ils sont rares ceux qui chantent en français en 2009 sans singer l’un ou l’autre de leurs illustres prédécesseurs, Gainsbourg en tête de gondole. Comme si l’anglais était plus permissif, moins casse gueule. Mais qui est donc ce Jacques Duvall ? Les plus anciens d’entre nous, ou ceux qui lisent entre les lignes des pochettes ont déjà certainement croisé ce patronyme. D’origine bruxelloise, le désormais quinquagénaire est en effet un acteur de l’ombre, collaborateur de Chamfort et Lio (et donc auteur de "Banana Split"), parolier des Sparks, Jane Birkin, Lisa Ekdahl ou encore Etienne Daho, il est pourtant resté à l’écart de toute forme de célébrité. Et Dieu l’en garde, quand en 2006 il se réapproprie des textes refusés par d’autres, qu’il pose sur rondelle sur l’excellent Hantises.
Peu avant la démolition du studio Vange, Jacques enregistre toujours avec Miam Monster Miam et le très bon collectif Phantom ce qui est à ce jour son deuxième album en tant qu’auteur compositeur. Produit par Freaksville Records et mixé par Kramer, on y retrouve avec plaisir le groove psychédélique extrait de ces jams sessions. Fortement influencé par Lou Reed et T Rex, le crooner belge y est toujours aussi cynique et grinçant. Il se place cette fois-ci dans une ambiance sérieusement série B et salement polar comme le laisse entrevoir la magnifique pochette d’inspiration comics. A l’écoute de "Ta main 2" et "Marianne Renoir", c’est nonchalant, ça suinte, c’est moite, et on adore le son du tambourin sur guitares fuzzées.
Pourtant frère Jacques sait détendre l’atmosphère et placer du yéyé façon Françoise Hardy sur "Raconte-moi". Un côté bubblegum pop très fort, avec guitares surf et orgues rythm’ n’ blues que l’on retrouve sur l’excellente paire "Marquise" et "La poupée borgne". Sur "Chanson malade", ce sont bongos et halètements féminins qui posent le rythme de manière si seventies. L’harmonica de Dylan s’invite même sur "Comme le font les femmes" alors que l’on a déjà presque oublié que le disque s’ouvre sur des loups hurlant à la mort, avec voix caverneuse et Moog en bataille sur le dérangeant "Le cri". Je dois dire que cela faisait longtemps que je n’avais pas été bluffé à ce point par un disque intégralement chanté en français. Le plus grand des chanteurs belges n’est définitivement pas celui que l’on croit.
En bref : un sacré crooner belge entouré d’un backing band exemplaire pour de succulents textes en français sur fond de musique américaine seventies. Parfait.
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Le site officiel et le Myspace
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"C’est toi" extrait de Hantises (pas très télégénique le Jacques):
4 Comments:
Jacques, le fils caché de Robert ?
Jamais entendu parler de ce trublion, mais cette pochette, magnifique en effet, ainsi que le contenu que tu décris,appelle une écoute !
Ce morceau ne m'enchante pas particulièrement, mais j'en savoure les paroles délicieusement ironiques !
Par contre, une question me taraude : le nom du chanteur belge auquel tu fais allusion dans ta chronique, c'est Frédéric François, hein, c'est ça j'espère ?
Je t'avoue que Frédéric François ne m'étais même pas venu Halliday...
C'est vrai que le clip en écoute n'est pas très aguicheur mais le dernier disque vaut vraiment le détour.
Bises.
Ju
Johnny toute implication dans ce dénigrement systématique, et uniquement fondé sur une ignorance crasse, du meilleur chanteur belge du monde !
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