S’il est un groupe culte pour certains, le trio Low de Duluth Minnesota doit sembler bien obscur à la grande majorité. Qualifié depuis le début de l’aventure (1993) comme "le groupe le plus lent de la planète", la formation du couple Mimi Parker & Alan Sparhawk a produit de manière très régulière une petite dizaine de galettes adulées pour leur calme religieux et leur lentes ambiances ouateuses. Secret Name en 1998 en est le plus bel exemple. Une identité musicale forte, unique dit-on, basée sur une guitare (Alan), une basse (Zack Sally, présente ici pour la dernière fois) et une caisse claire (Mimi). Au sommet de l’indépendance, Low devait pourtant en 2005 s’attirer les foudres de ses fans en signant chez Sub Pop (on a vu pire) et surtout, grand malheur (pour beaucoup) s’offrir les services du producteur claviériste Dave Fridmann.
Blasphème ! Traîtrise ! Attentat ! Qu’est-il arrivé à Low ? Méconnaissable, le trio s’engage sur les terrains du compromis, de l’allégeance à Sup Pop et Fridmann, et n’hésite pas à brancher les guitares avec les réverbérations que l’on connait. C’est vrai, et pour autant The Great Destroyer est peut-être le meilleur disque de leur discographie. Je m’explique : la flamme du groupe reste intacte, et les éléments fondamentaux (guitares éthérées, pas de notes aigües, compositions pop) sont toujours là. La production si discutée apporte une profondeur sonore inédite, très loin d’être pesante. C’est davantage le talent entrevu sur Sparklehorse que Dave étale au grand jour, plutôt que les saturations qu’on lui connait. L’album est électrique, harmonique (le mariage de voix mixtes), mené par une ligne de basse, et surtout plus accessible et entraînant que ses prédécesseurs même si l’on ne sort pas les cotillons pour autant.
Si j’admets que quelques titres son ratés ("California" trop gnangnan, "Just stand back" trop FM), d’autres sont de très bon niveau. Les deux ballades "Cue the strings" et "When I go deaf" assurent la transition entre l’ancien et le nouveau Low. Et les hostilités montent d’un ton lorsque "On the edge of" part sur les traces de Neil Young, ou que le puissant "Silver Rider" fasse intervenir des chœurs rappelant étrangement ceux de Bodies Of Water. Reste "Step" dont je ne sais quoi penser. Qualifiée de "dispensable" par de nombreuses personnes, il m’arrive pourtant de m’y laisser embarquer sans honte, juste avant de revenir sur le parfait "Everybody’s song". Quoi qu’il en soit, The Great Destroyer reste l’une des plus belles porte pour rentrer dans l’univers de Low.
En bref : Surprenant et décalé, le huitième album de Low est constitué d’une dream pop très Fridmann, que cela plaise ou non.
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Le Myspace et l’album en streaming
A lire aussi : Bodies Of Water - A certain Feeling (2008)
Le presque hit "Monkey" et le plus sobre "Death of salesman" :
1 Comment:
Je viens de découvrir ton blog par hasard sur blog-it express et je le trouve très intéressant, je reviendrai! @ bientôt!
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