25 avril 2009

The West Coast Pop Art Experimental Band - Volume 2 (1967)

Réputé comme un groupe à visée commerciale totalement vampirisé par son chanteur-manager Bob Markley, fils adoptif d'un magnat du pétrole et acteur raté qui souhaitait façonner un équivalent californien du Velvet Underground, The West Coast Pop Art Experimental Band n'en demeure pas moins une très belle formation de rock psychédélique, largement ignorée, tutoyant sans problème la crème de la catégorie. The Electric Prunes, The Seeds ou The 13th Floor Elevators en tête.


Le groupe n'eut qu'une vie furtive, de 1966 à 1970, et son histoire pourrait au final se résumer au tiraillement perpétuel entre la fratrie Harris – Shaun and Danny, à l'origine du projet – orientée vers la mélodie pop-rock, et le déjanté Bob Markley, adepte des spoken words incantatoires et des envolées psychédéliques. Décrit comme un piètre musicien et un chanteur sans talent par ses camarades, ce dernier a cependant apposé sa marque à la musique du WCPAEB, l'imprimant nettement de ses psychoses et la faisant lorgner du côté de ses voisins les Doors et Love, sans oublier Zappa.


Après un premier album marqué musicalement par les dissensions entre les membres du groupe, et l'arrivée du guitariste Ron Morgan, Volume 2, produit par le label de Frank Sinatra et Dean Martin Reprise records, s'impose comme une oeuvre plus ambitieuse. Indubitablement, le nouveau venu a apporté un plus, alternant riffs stridents et effets avec des phases davantage mélodiques comme sur "Small of incense", une des merveilles du disque, très proche par sa douceur et ses embardées électriques de certaines compo de Forever Changes des sus-cités Love, sorti la même année en la divine 1967.


De son côté Markley, loin du costard dont on l'a affublé, tire son épingle du jeu, se faisant tour à tour crooner, shaman et militant. En la matière, son hymne pacifiste "Suppose they give a war and no one comes ?", inspiré en partie d'un discours de Franklin Delano Roosevelt, témoigne de ses récurrences peace-love qui imprègneront les albums suivants du groupe. Se dessine également à travers ce disque l'obession du chanteur pour les jeunes filles, dont la balade candide et quelque peu perverse "Queen Nymphet" est une parfaite illustration. Les frangins Harris, à la basse et à la guitare, sont en lévitation et sculptent avec précison de longues plages instrumentales planantes et progressives tout aussi bien que de percutantes lignes rock' n' roll.


Plus qu'un simple exercice supplémentaire et accessoire du psychédélisme des sixties, The West Coast Pop Art Experimental Band s'affirme sur Volume 2 comme une formation habitée et hautement talentueuse, alternant tunnels expérimentaux lancinants et pure verve rock, portée par la justesse de Bob Markley et les inspirations géniales des frères Harris. Je n'en jeterai plus pour vous dire tout simplement que ce groupe méconnu mérite le détour.


En bref : Exhumé des plages dorées du psychédélisme, un disque de rock éblouissant, entre expérimentation et mélodies pop imparables. De la stature d'un classique.




NB : Evoquant la musique psychédélique des années 60, je ne saurais trop inciter ceux qui ne l'ont pas déjà fait à écouter la splendide compilation Nuggets : Original artyfacts from the first psychedelic era 1965-1968, éditée par le label anglais Rhino. Comme son nom l'indique, elle recèle de pépites. Avis aux chercheurs d'or.


A lire aussi : The Blues Magoos – Psychedelic Lollipop (1966)


L'album des WCPAEB en streaming :





2 Comments:

Dave said...

Je ne peux m'empêcher de signaler que Bob Markley ressemble à Benny Hill avec une perruque !
A+

Fabien said...

Et moi de confirmer et de rajouter que le dit Markley se paie quand même une belle tête de gland !