Une chose est sûre avec Distile Records: on sait à l'avance qu'on va avoir affaire à un artiste décalé, peu en phase avec les conventions établies, et partant de là, il est fort probable que l'album concerné sera très bon.
Ici avec Jeepster, le chemin emprunté d'un point de vue musical est plus conventionnel (pas trop tout de même; on a quand même, dans le groupe, deux membres de O! The Joy...) mais le résultat, brillant, confirme la valeur du label et de ces groupes.
Aidés par un chanteur-guitariste venu de Nevada City malaxant les influences pour élaborer un breuvage pop connoté 70's, oscillant entre légèreté et coups de boutoir rock, reposant sur une instrumentation souvent séduisante et un chant racé.
Des notes de clavier étoffent le répertoire du groupe sur "A day in the dark", détendu et groovy, les trois complices s'attaquant ensuite avec succès à un climat aérien sur "Don't go too far", tout en le faisant décoller quelque peu. On se trouve ici, certes en territoire estampillé 70's, mais Jeepster recycle habilement ces atmosphères, les remet au goût du jour avec bonheur.
Il est d'ailleurs à noter que ces influences parcourent un panel allant de Led Zeppelin à Modest Mouse en passant par The Jesus and Mary Chain ou encore T-Rex ou Nick Cave. Une guitare nerveuse se fait entendre sur "Ex oh", bel exercice de rock mélodique et vigoureux, et s'affine sur "Write the end first", saccadé et lui aussi assez puissant. Et la voix, sensible, entre dans un parfait contraste avec la rudesse des instruments ou, au contraire, se met au diapason d'une certaine délicatesse. La retenue dans les accès d'énergie ("Sweet 1:23") constitue de plus un bel atout pour la formation et ajoute à l'intérêt qu'elle suscite.
Plus loin, "You can't stop", très groovy, sensuel aussi, vient s'ajouter à la liste des réussites tout en exhalant cette énergie inhérente à la plupart des morceaux du disque, avant que "Ditches" ne renoue avec une légèreté, un côté spatial très 70's, très pop aussi, de cette pop libre et aventureuse qui caractérise les compos du groupe. C'est aussi le cas de ce "Be good in your neighbourhood" délicat, aussi sobre qu'abouti, "Fiction fiction" se chargeant, lui, de réinstaurer un rythme affirmé et des six-cordes plus offensives.
Enfin, c'est "What if all the rebels died?", céleste et majestueux, qui ferme la marche et assied la qualité d'un album atypique malgré une démarche de groupe somme toute assez classique.
En bref : un album à la fois précieux et intense, sensible et doué d'une force de frappe non-négligeable bien maîtrisée, qui constitue au final une bien belle surprise.
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