Le ciel commence à gronder lorsque la faune indé Bordelaise au grand complet s’engouffre dans la petite cave du St Ex. Tout le monde s’est donné rendez-vous pour honorer la prestigieuse venue d’un artiste immense, j’ai nommé le New-Yorkais Jeffrey Lewis et son groupe The Junkyard, véritable pape de l’anti-folk - si ce terme veut encore dire quelque chose. Mais avant cela, et afin de se chauffer les oreilles et les guiboles, l’asso Allez Les Filles nous avait préparé deux hors d’œuvre de choix, le combo Bordelais power pop Victory Hall, et Pikelet, une amie Australienne de Jeffrey qui donne davantage dans la pop ambiante bricolée.
Et ça commence fort avec le quatuor Victory Hall au complet. Formé par les membres de Calc et Pull, le groupe déroule son premier album The Dull Commando’s Merchendise avec une décontraction et un entrain contagieux. C’est l’occasion surtout et encore une fois de constater que Julien Pras est tout simplement le meilleur songwritteur français. Chaque mélodie, chaque riff, chaque coup de baguette s’inscrivent dans une logique so 90’s, reprenant le meilleur de Pavement ou Dinosaur Jr. Et si les quatre amis manquent de pratique pour complètement calibrer leur show, c’est pour mieux faire ressortir ce côté branleur, qui colle finalement parfaitement au genre. On en redemande et on attend toujours la consécration.
La jeune et stylée Pikelet prend donc le relai dans une veine totalement différente. Armée de sa guitare sèche, d’un mélodica, d’un léger clavier ou de percus, elle raconte ses histoires avec une belle efficacité, dans une douceur qui tranche sévèrement avec le groupe précédent. Appelons cela une pause, et surtout une occasion de découvrir une artiste Australienne indépendante dont nous n’aurions jamais entendu parler autrement.
C’est à présent l’heure d’accueillir Jeffrey Lewis et les Junkyard (en fait son frère Jack, qui co-écrit quelques chansons, et à la batterie un ami également prénommé Jeff). Ancien des Moldy Peaches, ami d’Herman Düne, le bricoleur Jeffrey est là pour présenter son excellent quatrième (cinquième si l’on compte son disque de reprise des Crass) album Em are I. Toujours autant inspiré par Daniel Johnston, bourré d’humour, il dresse des portraits au vitriol d’une Amérique qui semble différente dans sa bouche. Tantôt grinçant, tantôt nostalgique, ce fan et auteur de comic books dégage une bonne humeur communicative des plus agréables. Les nouveaux morceaux "Slogans", "To be objectified" ou "Roll bus roll" passent admirablement bien l’épreuve du live, tout comme la plus ancienne et explicite "The last time I did acid I went insane". Pikelet revient par moment pousser la voix aux côtés du band, Jeffrey nous offre une superbe séance de - comment appeler ça - lecture de bd géante en chanson, et son frère Jack termine le concert par une relecture très personnelle du "They don't care about us" de Michaël Jackson.
Une fois de plus, je sors de là le sourire aux lèvres, me rendant compte de la chance hors norme que nous avons de pouvoir encore assister en 2009 à ce genre de concerts, et ce à deux pas de chez soi pour un prix dérisoire.
Le (super) site officiel de Jeffrey, les Myspace de Victory Hall, Pikelet, Allez Les Filles et le St Ex
A lire aussi : Jeffrey Lewis - The last time I did acid I went insane (2002)
L’entêtant "Roll bus roll" en live :
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