26 août 2009

Simian Mobile Disco - Temporary Pleasure (2009)

Il existe les coups de moins bien, les ratages partiels ou encore les erreurs de parcours, et il existe les plantages intégraux, portant parfois atteinte à la crédibilité d'un artiste. En la matière, le duo britannique Simian Mobile Disco nous fournit un joli cas d'espèce. Après une série de maxis et de remixes détonants, et un premier disque réussi, leur second album rate totalement la cible. Trop facile, trop vulgaire, trop agaçant, il déçoit de bout en bout et jamais n'invite à la réécoute.

En l'espace de quelques années, les Simian Mobile Disco se sont taillés une renommée internationale de rouleaux compresseurs des dancefloors, reprenant à leur sauce une palanquée d'artistes en vue (Air, The Kills, Klaxons, Björk ou encore Kevin Saunderson) et composant quelques singles imparables entre acide et électro-house. Attack Decay Sustain Release, sorti en 2007, confirmait cette réputation, alternant avec justesse phases techno anguleuses et refrains vocaux entêtants. Sur Temporary Pleasure, à peu de choses près, ne subsistent que de forts accents dance criards, totalement insupportables et n'éveillant qu'une seule envie, celle d'interrompre le supplice dans les plus brefs délais. Déception.

Un fait incontestable, les deux garçons ont mis à profit leur fraîche notoriété et se sont attachés les services d'une belle brochette de chanteurs en vue, au final enfoncés jusqu'au cou dans cette triste aventure musicale. Parmi ces illustres embourbés, Beth Ditto de Gossip, Alexis Taylor de Hot Chip, Jamie Lidell ou encore Chris Keating des Yeasayer. Une liste d'invités trendy à souhait mais qui n'évitera pas le naufrage total de ce deuxième effort du binôme Anglais. En effet, pas grand chose à garder. Seuls deux titres pourraient éventuellement demeurer dans nos mémoires. Le reste sombrera sans mal dans les méandres de l'Histoire des casseroles.

Pour évoquer ce qu'il y a de tolérable dans ce navrant Temporary Pleasure - qui, vous l'aurez compris, ne me procura que de rares moment de délectation - "Audacity of huge", premier single extrait du disque, quoique légèrement putassier déploie une énergie hautement communicative. Sur un beat massif et un micro sample faisant curieusement penser à une sorte d'aboiement numérique, les SMD retrouve le groove direct et imparable de leurs précédentes productions. Chris Keating, qui se colle cette fois-ci au chant, s'en sort honorablement façon mauvais garçon, narquois et tranchant. Il faut le concéder, "huge", est un qualificatif qui sied finalement plutôt bien à ce morceau, passons au moins ça aux deux Britons.

"10,000 horses can't be wrong", qui lui emboîte le pas, est tout aussi séduisant. Dans un registre plus techno-house nous faisant grâce pour une fois des vocaux abrutissants, il fait montre de la dextérité des Anglais en matière de lignes mélodiques épurées et acérées. Plus profond et propice à la transe, il nous fournit la seconde et dernière raison d'espérer une résurrection future pour le duo. Pour sûr, j'attendrai leur prochain disque avec beaucoup moins d'impatience...

En bref : Si vous ne connaissez pas encore les Anglais de Simian Mobile Disco, écoutez plutôt Attack Decay Sustain Release, leur précédent album sorti en 2007, ou attendez un de leurs passages en live. Ce second disque est à oublier, tout simplement.




Un titre : "10,000 horses can't be wrong"

Le clip de "Audacity of huge" :



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13 août 2009

Monsters of folk - "Say please"

Ils seront certainement une des attractions de la rentrée musicale à venir. Les "Monstres du folk" comme ils se sont humblement baptisés, j'ai nommé M. Ward, Conor Oberst, Jim James (My Morning Jacket) et Mike Mogis (Bright Eyes), sortiront leur premier album le 22 septembre prochain. En attendant de voir si les quatre phémonènes ricains se débrouillent aussi bien ensemble qu'avec leurs formations respectives, ils ont laissé filtrer un premier titre, "Say please". De quoi espérer mais pas davantage pour le moment. 

Pour votre appréciation : "Say please"


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04 août 2009

Harlem Shakes - Technicolor Health (2009)

Présenté comme le 26ème MGMT de l’année, un tout nouveau groupe en provenance de New York, tiens donc, qui aux premiers abords peut faire surgir les à priori. Des tournées avec Deerhoof, Beirut ou Vampire Weekend, une production du moment par Chris Zane (Passion Pit), un chant on ne peut plus Clap Your Hands Say Yeah, une première écoute déconcertante de facilité, tout pousse vers un énième groupe indé from Brooklyn. Et pourtant non, Harlem Shakes (tiré d’une danse noire des années 80) ne s’arrête pas là. A vrai dire, ce Technicolor Health acquiert même une sacré profondeur au fil des écoutes. La pochette elle-même ne ment pas sur la marchandise, un cocktail coloré et plein d’idées, qui va droit au but, 37 minutes, 10 vraies chansons, aucun raté, l’efficacité à son sommet.

Niveau genre vous devez vous en doutez on est sérieusement en terrain pop. Un mélange classique et complexe d’excitation et de mélancolie, comme l’ont fait avant eux Neutral Milk Hotel ("Natural man") ou les New Pornographers. Ajoutez à cela la petite touche d’afro pop à la mode, des zestes électroniques et pour une fois, aucune dérivation psyché, et vous obtenez un premier album surprenant, quasi sans faute, aux refrains qui tuent. Le quintet avait fait saliver son monde en 2007 avec son premier Ep autoproduit Burning Birthdays puis il s’était fait oublier. C’était pour mieux revenir avec ce que je peux désormais qualifier sans gros doute de disque pop de l’été. Pas moins.

Une raison à cela ? Si l’on ne devait en garder qu’une, elle est évidente, ce single imparable et galopant, véritable hymne, j’ai nommé "Sunlight". C’est effectivement le "Time to pretend" de l’année (vous verrez), à passer en boucle tout l’été, jusqu’à l’outro excellente mais trop courte. En 2’52" seulement, Lexy Benaim nous refait le coup d’Alex Ounsworth et son "The Skin of My Yellow Country Teeth", à écouter en boucle. Petite sœur non moins méritante à cette chanson d’anthologie, "Strictly game" et son énergie zouk. Des synthés, des guitares, une voie concernée et des lyrics hippie. "This will be a better year" ou comment la bande exorcise des douleurs passées. Entre les deux, deux autres bombes. Un "TFO" habité de haute volée, et "Niagara falls", plus beau morceau du disque pour certains. LA chanson d’amour surtout.


Pour vous convaincre de réétudier le cas Harlem Shakes, écoutez également ces titres relégués en fond d’album, "Winter water" par exemple qui passe en moins d’un pont qu’il n’en faut pour le faire d’une ballade douce à un rock endiablé par des houhouhous. De même pour "Natural man" et "Radio Orlando" qui font revivre Jeff Mangum. Exemplaire.

En bref : un pur disque pop complexe, coloré et entêtant. Aucun revival, aucun avant-gardisme, simplement dix chansons ni trop simples ni trop barrées qui atteignent systématiquement leurs cibles. Chapeau et replay.



Le site officiel , le Myspace et l'album en streaming

A lire aussi : Fires Of Rome - You Kingdom (2009)

"Sunlight" et "Strictly game", forcément :




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03 août 2009

VA - Sisters (2009)

Les voix de la Poste sont impénétrables. A l’origine, j’aurais dû vous parler de ce disque il y a quelques mois. La messagerie hexagonale faisant son œuvre, ce n’est qu’aujourd’hui que je peux enfin saluer cette très belle compilation réalisée sous les auspices du promoteur musical Phunk et de son équipe. Il est rare de ménager dans nos lignes une place pour ce type de travail d’assemblage mais il est fait preuve ici d’un tel de bon goût et d’une telle cohérence que le cap n’aura pas été dur à franchir. Pour une fois.

Peu de noms connus figurent au dos de la jaquette hormis les jeunes Passion Pit et leur réussi « I’ve got your number » extrait de leur non moins réussi premier EP Chunk of change. Vous l’aurez compris à la seule évocation de ce nom – légèrement discrédité je l’avoue par un album plus que décevant – Phunk s’est attelée à dénicher une vingtaine d’hymnes (en devenir) de notre époque réunis sous l’appellation de « pop hybride ». La sélection flirte parfois avec le fluo et l’électro-pop clinquante, je ne pourrai dire le contraire, mais réserve bon nombre de belles découvertes.

Ainsi en est-il de Yes Giantless, trio de pop synthétique bostonien, en ouverture du disque. Gavé de synthétiseurs saturés et d’arrangements électroniques, leur édulcoré « Tuff n’ stuff », finalement léger quoique massivement instrumenté, atteint aussitôt sa cible. Sans aucun doute, le premier contact est positif. Le clou est enfoncé avec les Australiens de BMX et un second titre tout aussi synthé pop que le précédent mais propulsé ici pour des basses électroniques charnues et délicieusement rondes.

Répondant sans conteste à son objectif de réunir des morceaux de pop dite « hybride », Phunk ménage un large espace aux mélanges et fusions. Sont ainsi convoquées des influences italo disco avec les New-yorkais de Golden Filter, folk rock avec leurs voisins The Antlers ou encore punkisantes avec le gang de San Diego The Soft Pack. Beaucoup de bonnes pioches au fil des 18 titres en présence et finalement très peu de déchets. On pourra donc se laisser aller à affirmer sans hésitation que la sélection est simplement excellente et bien plus que cela, érudite.

La liste des petites bombes qui émaillent le disque pourrait être longue. Néanmoins, il semble impensable de ne pas mentionner une belle volée de noms et de signaler à votre attention autant de talents prometteurs. Parmi eux, je citerai volontiers le trio britannique de Où est le swimming pool (!) et sa pop électronique sombre façon Fischerspooner, le duo Néo-Zélandais Little pictures et sa balade caoutchouteuse « The House can’t fit at all » et enfin l’exploration merriweatherienne des deux poètes de l’Ontario de Teengirl Fantasy. Comme lors d’une cérémonie de remerciement, je ne pourrai oublier de saluer le Montréalais CFCF qui nous pond un titre instrumental magnifique en forme de pop électronique progressive. Je n'en jetterai plus, pas de temps à perdre, précipitez-vous immédiatement sur cette sublime compile !

En bref : La savante équipe du promoteur musical parisien Phunk s'illustre dans l'exercice de la compilation. Perfusée de multiples influences, une sélection pointue de mini-bombes pop contemporaines, sorte d'histoire technicolor du temps présent.




Les myspace de Sisters et de Phunk

Le site web de Sisters.

A lire aussi : Passion Pit – Chunk of Change EP (2009)

Deux teasers de la compilation :





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Ochre - Like Dust of the Balance (2009)

En faisant mes traditionnelles recherches documentaires pour vous parler de ce nouvel album, je me suis rendu sur le site du label Benbecula, qui abrite Ochre (depuis 2006 et son splendide Lemodie) et nous a fait découvrir des artistes électronica, ambient ou folk comme Christ ou Birdengine. Et j’y ai appris une bien mauvaise nouvelle : la maison écossaise fermera définitivement ses portes en novembre prochain, 10 ans exactement après la parution de son premier CDR. Très certainement victime de sa discrétion et de son exigence, c’est tout simplement l’un des meilleurs labels du genre (et l’un des préférés du regretté John Peel) qui va disparaître. Ce qui fait de Like Dust of the Balance, paru le 20 juillet, une sorte de testament du son Benbecula.

On entre dans ce quatrième album de Chris Leary par une simili-séance d’accordage d’un orchestre symphonique, vite absorbée par de redoutables vrilles rythmiques qui rappellent d’emblée d’autres laborantins british tels que Squarepusher ou Boards of Canada. La présence quasi-permanente des instruments à cordes (de la harpe à la mandoline en passant par le violon) évoque un autre pôle d’influences : celui de la musique classique. Comment ne pas songer à Saint-Saens, Fauré ou Debussy à l’écoute du petit bijou impressionniste qu’est “Napolese” ? On est en tout cas bien loin de l’électronica au kilomètre que certains softwares permettent de réaliser en deux temps, trois mouvements. Pas moins de trois années ont d’ailleurs été nécessaires au pointilleux musicien de Newcastle pour finaliser ce disque en compagnie de Benet Walsh, multi-instrumentiste surdoué et collaborateur, entre autres, du duo Plaid sur certaines de ses meilleures prods.

Boîtes à rythmes torturées, nappes d’outre-tombe, murmures et chuchotements : toute la panoplie de l’électronica “à l’ancienne” est mise au service de compositions d’une délicate étrangeté, au potentiel cinématographique évident. Aucun titre ne se détache clairement du lot, même si les flûtes et les guitares hispanisantes de “Raido” retiennent l’attention dès la première écoute. En tout cas, Ochre nous livre un disque très personnel, intimiste et fragile, propice aux nuits d’insomnie, qui ne dépareillerait pas dans le catalogue de Warp.

En bref : si vous aimez Plaid et Boards Of Canada, il y a de grandes chances pour que l’électronica pointilleuse d’Ochre, avec ses rythmiques brisées et ses mélodies en suspension, ne vous laisse pas indifférent.



Ochre - Raido.mp3
Ochre - Circadies.mp3

L’album en écoute intégrale sur Last.fm

Le site d'Ochre
Le site de Benbecula Records

A lire aussi : Christ - Blue Shift Emissions (2007)

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