29 septembre 2009

Saturday Looks Good To Me - Fill Up The Room (2007)

Dans le registre des oubliés, SLGTM tient une place de choix. Et à vouloir porter des noms à rallonge, on ne se facilite pas le travail. Pourtant il s’agissait déjà du septième album du collectif multiforme du Michigan, leur premier chez K Records. Et comme derrière chaque formation se cache un génie qui dort, c’est ici à Fred Thomas que l’on doit une très grande partie de la réussite de ce disque, ainsi qu’à ses deux pères spirituels. Imaginez les affiliations : Phil Spector dans un premier temps, pour le côté ultra prolifique, qui écrit pour les autres, et inspiré par les girls group ; Jeff Mangum dans un second temps, pour le côté big band, le multi-instrumentalisme et le style d’écriture imagé. Ajoutez à ce grand gourou trop doué une bande de cinq bras cassés à la réputation scénique explosive et vous obtenez un disque pop forcément passionnant.

Enregistrés dans quatre studios différents (Stockholm, Portland…) avec une approche artisanale travaillée (si vous voyez ce que je veux dire), ces onze titres urgents et majoritairement joyeux remplissent l’espace sonore à merveille. Le rendu est lo-fi certes, mais les fantaisies rythmiques autant que mélodiques ne cessent d’attirer l’attention. Ayant déjà allègrement passé la bonne douzaine d’écoutes, je ne cesse de découvrir de nouveaux moments dans cet album rebondissant. Un de plus où il n’y pas grand-chose à jeter. Dès l’introductif "Apple", le ton est donné, l’ambiance est 50’s, l’humeur est T-Rex. Et jusqu’au final de "Whitey hands" ça ne s’arrête pas un seul instant. Ah si, j’oubliais, le magnifique interlude central de "Peg", en mode Beach Boys acoustique.


Sur le thème du changement et sous haute influence 60’s, Fred Thomas livre avec classe et entrain des compositions abouties et variées bourrées d’instruments évocateurs d’une époque (mélodica, Glockenspiel, clavecin…). De la simple pop song à guitares "Money in the afterlife" au happy clap de "Edison girls", en passant par la très Okkervil River "The Americans", l’on ne s’ennuie jamais. Même Betty Marie Barnes vient pousser la chansonnette sur le très nostalgique (et encore une fois Beach Boys tribute) "Hands in the snow". Tout ceci aurait déjà été suffisant, mais je garde le meilleur pour la fin : les deux sommets que sont "(Even if you die on the) Ocean" et "When I lose my eyes". Le premier parce que l’on dirait l’un des meilleurs morceaux de Neutral Milk Hotel. Le deuxième parce que les paroles sont poignantes (le titre déjà), l’écho de la guitare est dantesque, le chant est habité (Arcade Fire ?) et surtout grâce à ces changements de rythme incessants et surprenants. Deux sommets. A peine le haut de l’iceberg d’un excellent disque de pop alternative.

En bref : effectuez votre tache d’intérêt général en accordant quelques écoutes à ce bel oublié de 2007. Comme le dit le post-it Total Heaven : sweet indie pop !




Le site officiel, le Myspace et l’album en streaming

A lire aussi : The Sw!ms - Ride Of The Blueberry Winter (2006)

Le clip de "Money in the afterlife" et "(Even if you die on the) Ocean" en mode à emporter :




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28 septembre 2009

Kim - Mary Lee Doo (2009)

Kim nous offre cette saison son dix-huitième opus. Le précédent, Don Lee Doo, proposait le premier volet d'un tryptique présumé. Abandonnant les plans electro/acoustique qui avaient fait la richesse de ses meilleurs disques, l'ami Kim nous revenait néanmoins avec une oeuvre des plus ensoleillée, à l'image de sa pochette ouvertement pop et flashy. Back to the 80's semblait être sa devise.

Ici, plus que jamais, Kim ressort ses intruments jouets -s'en était-il réellement séparé ?- ses Casio cheap, ses boîtes à rythmes antédiluviennes et ses samples tordants. Un peu comme sur le Fairlight cher à Art of Noise et accéléré pour les besoins de "Mary Lee Doo", la chanson-titre d'ouverture. Ou bien sur la très efficace -d'ailleurs pressentie en single- "My Family", qui tient tout à la fois de la ritournelle muzak pour dance-floor et du détournement d'un chorus de François de Roubaix ; il y a ce je ne sais quoi de piqué à un jerk fameux ("Répétition") de L'Homme Orchestre dans le final.

Le tout dans un format ralenti, moite, plombé tant et si bien qu'on ne sait jamais si c'est la voix de Kim qui est high-pitched ou si c'est l'accompagnement qui mouline à une vitesse incertaine. Sur l'irrésistible "Can You Hear Me This Way ?", tout comme sur nombre de pistes, l'artiste convie à une sorte d'hédonisme jamais très éloigné de celui en vogue à l'âge d'or de groupes hip-hop funk façon The Revolution. Le funk n'est d'ailleurs pas ce que Kim maîtrise le mieux, et son hommage à Prince ("Never Come Back 2 U") tombe un peu à plat. Mais n'a pas le feeling black qui veut ; et même Beck s'est cassé la gueule à cet exercice alors...

Outre "My Family" (le meilleur titre), on lui préfèrera le jazz mutin de "Weblog Miracle", aimable récréation, et exercice de style prisé des groupes qui aiment à explorer tous les styles du monde sur une seule et même galette. Ou bien la putassière et outrée "Move On", où l'on devine Kim jubiler à reproduire le timbre de voix de Mika, qu'il s'était déjà amusé à singer sur la pochette de son précédent LP.

A l'arrivée, un album qui malgré ses (rares) points faibles, tient la route. On aimerait maintenant (mais c'est l'obsessionnel qui parle) voir le bordelais revenir à une livraison acoustique, dans son plus simple appareil, comme aux plus beaux jours de Melodin Sane (1997). Quelque chose de plus intemporel, de moins stéréotypé dans le son. Il en a les moyens et le talent

En bref : nouvelle livraison fraîche et dansante du plus trublion des représentants pop d'ici. Venez vous déhancher sur le dance-floor de Kim, et revivez éventuellement vos plus enfouies obsessions Moonwalkiennes.




le blog de Kim, son Myspace

Le teaser de l'album :


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Concours - Soirée Collectif Effervescence au Café de la Danse


Le 28 octobre prochain le Café de la Danse de Paris recevra trois groupes du collectif nantais Effervescence. L’occasion de voir ou revoir sur scène le folk post rock de My Name Is Nobody, la peinture musicale abstraite de La Terre Tremble ou encore l’étonnant projet solo d’Eric Pasquereau alias The Patriotic Sunday. Dodb se propose de vous faire gagner 3 places pour cette soirée prometteuse. Pour cela il suffit de répondre à la question suivante :

Quel titre de Mickael Jackson a été repris entres autres par The Patriotic Sunday ?

et d’envoyer vos réponses avant le 25 octobre prochain à contact@desoreillesdansbabylone.com avec l’intitulé Concours Effervescence. Un tirage au sort départagera les bonnes réponses. Bonne chance à tous.

Réserver sa place

Les Myspace du Café de la Danse et du collectif Effervescence

"I say hello to the pale moon" par My Name Is Nobody :


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24 septembre 2009

Weezer - The 8-bit album (2009)

Ca n’est un secret pour personne, Rivers Cuomo et ses potes sont connus pour être de sacrés nerds. Dignes (?) représentants d’une culture américaine orientée pop corn et cool attitude, la bande fait encore parler d’elle en donnant son accord pour mettre gratuitement à disposition de tous ce que l’on pourrait appeler un sommet de geek art, et ce peu avant de sortir leur nouvel album Ratitude (le 2 novembre prochain). Le concept ? Un best-of de chansons de Weezer interprétées par les plus grandes stars du 8-bit, parce que oui, ça existe, et c’est un genre à part. Une idée déjà entrevue sur le travail des Strokes avec This isn’t it, mais ici poussée à son paroxysme, pour le meilleur et pour le pire.

C’est le netlabel Pterodactyl Squad spécialiste des jeux-vidéos qui a eu l’idée de regrouper ces quatorze artistes digitaux sur un même disque pour rendre hommage à Weezer. Parmi eux, et si tous sont de parfaits inconnus pour ma pomme, citons par exemple Videogame Orchestra, PDF Format ou encore Unicorn Dream Attack (!?!). Des artistes qui manient Nes, Atari et Game Boy à merveille pour accoucher de reprises instrumentales ou non (moins bonnes d’ailleurs). Au registre des meilleurs titres (ou des moins ridicules, comme vous voulez) le classique "Island in the sun" en mode Castlevania ou encore "El scorcho" en mode Mario. "In the garage" ou "We are all on drugs" valent également le détour. Pour le reste, c’est vrai que ça lasse, et que ce n’est pas toujours de très bon goût. Mais il faut prendre ça comme une blague, et redécouvrir de façon ludique le répertoire des américains qui mine de rien fait toujours son petit effet.

En bref : une bonne boutade musicale réservée aux fans du groupe, de Nintendo et des années 90. A ne prendre en aucun cas au sérieux!




Télécharger le disque puisque c’est gratuit

Le site officiel de Weezer

A lire aussi : The Diff’rent Strokes - This Isn’t It (2001)

En écoute, "Island in the sun" et "We are all on drugs" :





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23 septembre 2009

Concours The Hussy - Vinyles à gagner


Etonné par le succès rencontré avec le concours Polar Strong, Dodb remet le couvert catégorie garage rock qui tache avec une nouvelle loterie assez exceptionnelle. Ils s’appellent The Hussy, ils sont deux, Heather la fille, Bobby le garçon, et ils viennent de Madison dans le Wisconsin. Ils ont livré il y a quelques mois un Ep de six titres intitulé Winter Daze, et autant dire qu’ils ne font pas dans la dentelle. Six morceaux issus de deux sessions d’enregistrement, six claques dans ta tête, six manières de perdre l’usage de son corps.


Là où ça devient intéressant, c’est que l’objet en question n’a vu le jour qu’en édition ultra limitée de 500 exemplaires numérotés à la main et qu’il est aujourd’hui à priori introuvable. Pourtant, et là ça devient vraiment fort, Dodb vous a déniché 5 exemplaires de ce 45 tours (n°040 à 045) et souhaite vous les faire gagner. Pour ce faire c’est un peu plus compliqué que d’habitude, il va falloir nous envoyer une photo originale faisant la promotion de Dodb (photo, affiche, dessin, tag, tatouage…) avant le 30 octobre prochain à contact@desoreillesdansbabylone.com avec votre adresse postale et l'initulé "Concours The Hussy". Les plus beaux clichés seront mis en ligne sur le site.

Le Myspace des Hussy et celui de A Fistful Of Records (leur label hollandais)

En démo, "Heat set", premier titre ravageur de la face B :


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17 septembre 2009

Portugal, The Man - The Satanic Satanist (2009)

Non, ce n’est pas moi qui ai dessiné la pochette sous champis de ce déjà quatrième album des poilus de Portland. Si comme moi vous ne les connaissiez pas, sachez que l’on tient là un très bon groupe. Quatre albums en trois ans, un an seulement après le pourtant très touffu Censored colors, et avec des débuts presque math rock paraît-il. John Baldwin Gourley écrit beaucoup, et se renouvelle. Cette fois-ci et en légère continuité avec le précédent opus, le registre est très soul rock, et surtout, ce qui est plus rare, instantanément hédoniste. Très pop, groovy, faussement simple et rageusement dansant, The Satanic Satanist a tout d’un grand.

Enregistré en une semaine et demi par Paul Q. Kolderie (Radiohead, Dinosaur Jr), ce disque compte aussi sa version acoustique, chanson par chanson, appelée The Majestic Magesty, classe. Autre détail sans importance, un concept album se cacherait dans l’histoire, celle d’un homme banni de la planète, contraint de se rendre dans l’espace avec une fusée, et qui revint finalement sur Terre pour constater qu’il n’y a plus personne. Flaming Lips ou quoi ? Même pas, parce que le style est court et direct, parce que le psychédélisme laisse sa place au rétro, sans s’alourdir d’influences trop reconnaissables.


Quant au nom ? Portugal, The Man. C’est quoi ce truc ? En fait une idée compliquée qui se rapporte à Bowie et son Bigger than life. Bref le constat est là, on a droit à un enchaînement de hits en mode Be happy. Chaleureuse, enivrante, la musique des sept américains évolue en direct et avec une telle simplicité. "People say", premier morceau et première évidence. Il y a du Ween, et ça me fait mal de le dire mais de l’Oasis. "The sun" peut-être ? Evidemment également. La bande son des vacances. On pense à Gorillaz aussi quand démarre le parfait "Work all day".

Certains disent cet album bâclé, trop court, je ne suis pas d’accord. Certes le plus court de leur discographie avec 35 minutes pour 11 titres au compteur, il ne manque pourtant rien à The Satanic Satanist. Immanquables assurément, le presque hip-hop "Guns and dogs", quel caractère, ou les voix psychés du galopant "Lovers in love". "Let you down" et c’est "Again" qui remonte avec la voix de Gourley. Le seul slow dépressif de coffret de joyaux. Perfect.

En bref : que manque-t-il pour faire de ce disque un futur classique pop ? De l’éclairage certainement, sinon je ne vois pas.




Le site officiel et le Myspace

A lire aussi : Pacific! - Reveries (2008)

Le site où vous trouverez un très bel objet vinyle réalisé pour l’occasion

"People say" en acoustique et "Lovers in love" en studio :




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16 septembre 2009

Dinosaur Jr - Farm (2009)

J'ai eu beau, cet été, charger mon Ipod de plusieurs millions de titres, comme je le fais chaque fois que je m'éloigne un peu trop longtemps de ma chère platine, je n'ai guère écouté que cet album en boucle quasi continue. Fidèle à une esthétique définie dès le premier album (Dinosaur) et parvenue à sa pleine expression avec l'excellent deuxième (You're living all over me), Jay Mascis nous livre un ensemble continûment mélodique et impeccablement écrit, qui ravira les amateurs de chansons les plus exigeants (nous pensons au distingué Nicolas Ungemuth qui nous a expliqué, dans un récent Rock and folk, qu'en dehors du format chanson point de salut). Par delà le clash qui avait semblé précipiter tristement la disparition de nos antédiluviens dinosaures, après le troisième album Bug, Dinosaur Jr nous revient et nous touche toujours autant par ce mélange d'indolence, de bruit et de mélodies tristes.

Jay Mascis c'est Hendrix avec deux de tension. Et avec l'âge, cette nonchalance jem'enfoutiste n'a fait que s'accentuer. Il n' y a guère que "Over it" qui s'énerve un peu et renoue avec cet art maîtrisé de la guitare pyrotechnique, qui nous ravissait dans You're living all over me. Les intro au lance flamme, à la manière de celle de "Little Fury thing", les envies de beuglade hardcore, ont laissé la place aux mid tempo, à une voix éclaircie, sans doute mieux mixée que par le passé, mais toujours aussi délicieusement traînante, voir un brin souffreteuse. Une sorte de relâchement de tout l'être, d'abaissement de la tension nerveuse. Dinosaur Jr c'est une éthique de la décontraction, le cool et la branlitude comme Souverains Biens, une manière de dire merde à tous les drogués de l'effort et de la compétition, à tous les solos teigneux et galopants à la Iron Maiden (zzzzz...). Un style qui trahit parfois aussi une fragilité certaine, qui n'a pas honte de se dire, doute amoureux comme dans "Plans" (" Do you have some plans for me ?") Mais aussi égarement de l'âme, paumage existentiel, dislocation du sujet, comme dans la bien nommée "Pieces". Car sous le masque du branleur hédoniste et écolo, il y a une âme qui n'est pas toujours sereine.

Après cinq albums, toujours pas l'ombre d'un commencement de rock progressif, ou de bidouillages électroniques. Les guitares, souveraines, installent la tension du morceau, accompagnent le chant, toujours en contrepoint, soliloquent parfois, et concertent souvent avec la voix.

On a beau me dire que c'est pour le fric, j'aime bien les groupes qui se reforment. Surtout ceux qui n'ont rien concédé à personne. Ca me donne un sentiment d'éternité. La pochette laisse sourdre une légère angoisse en même temps qu'un soupçon d'utopie : des arbres géants transportent des enfants en traversant des mégalopoles pollués. De la pochette du premier album à celle du dernier, le bucolique a du migrer vers les hauteurs, le monde est devenu carrément irrespirable. La grande internationale des branleurs sauvera le monde.

Slackers de tous les pays unissez-vous !

En bref : Confirmation du retour réussi d'un des groupes clé du rock indé américain. Avec le temps, le gros son éclaboussé, la gratouille post-adolescente, le chant faux et paresseux se conjuguent de mieux en mieux avec une pleine musicalité.

Le myspace



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15 septembre 2009

7ème Rock En Seine - 28, 29 et 30 août 2009


Nous sommes quasiment les derniers à vous livrer nos impressions sur cette septième édition du fameux festival parisien. Une première en ce qui me concerne, de même pour mon binôme Fabien me semble-t-il. C’est pourquoi je n’écrirai pas un roman mais simplement un modeste "nous étions là". Un peu aussi pour laisser sortir le coup de gueule Oasis, groupe fantasque des années 90, aujourd’hui soi-disant décédé, on ne s’en portera pas plus mal. L’histoire vous la connaissez, les deux frangins en viennent aux mains à quelques secondes de leur prestation sur la grande scène où les attendent des milliers de fans de tous horizons (beaucoup d’anglais venus spécialement) et de tous âges (gentils chérubins accompagnés de leurs parents). Un bien bel exemple pour la jeunesse donc, on ne peut plus rock’n’roll il est vrai, mais tout simplement gerbant et anti professionnel. Qu’ils aillent se faire voir, la musique n’a plus besoin d’eux.

Pour le reste, et pour rester terre-à-terre, le festival de la capitale fut assez exemplaire. Un fouillage poli, le droit d’introduire à manger, des points d’eau, suffisamment de coins de repli, des arbres… tout ça même si la sècheresse aoutienne et le nombre éléphantesque de festivaliers nous ont enveloppés de poussière pour l’éternité. Passons. Et la musique dans tout ça me direz-vous ? Pas mal. Rarement gigantesque mais pas mal. Ca commence pour ma part avec les affreux sur disque Yeah Yeah Yeahs !, un peu moins sur scène où je me suis laissé prendre à l’énergie. Par contre il y en a pour qui affreux sur disque rime avec affreux sur scène. Les Passion Pit ne remportent toujours pas mon suffrage, la faute à un son dégueulasse (où sont passés les synthés ?), une prestance scénique zéro, et une voix toujours aussi insupportable.


Heureusement les très classes papis de Madness sont contents d’être là, et ça se sent. Entre vieux classiques, reprises et formidables morceaux du nouvel album, les anglais dégagent une bonne humeur à toute épreuve, et sont loin d’être branques avec leurs instruments. Pas de hasard d’ailleurs qu’on leur ait demandé de jouer le bis, suite au tarissement de l’Oasis. Pour le reste du vendredi, Vampire Weekend a pris de l’ampleur et Bloc Party devient la tête d’affiche de la journée.

Le lendemain même combat, se frayer un chemin à contre courant de la transhumance festivalière hype, bien française et colorée (?!). Déguisements, pancartes Free Hugs, T-shirts effigiés, Ray Ban pour tout le monde, t’as le look coco ! Comme la veille on démarre en douceur avec la soul pop des suédois de The Asteroïds Galaxy Tour. Taillés pour la FM, je ne me fais pas de soucis pour eux. Par contre pour Ebony Bones il faudra repasser. Ca n’est pas parce que l’on s’habille en bonbon que l’on sait faire de la musique. Parmi ceux qui s’en sortent de nos jours en Angleterre, The Horrors confirment. Et ce avec la difficulté de jouer de jour, un comble pour cette musique crépusculaire évoquant de plus en plus Joy Division. Quelques morceaux rythmés remportent tout de même l’adhésion.


Autre groupe notable, The Offspring. C’est quand même marrant parce que tout le monde se fout d’eux, et pourtant tout le monde est là, danse et chante. Même pas très évolué ni diversifié, le répertoire des papis californiens est sans fond. Ils peuvent jouer pendant des heures des titres que tout le monde connait. Nostalgie ou plaisir coupable ? Qu’importe, eux au moins sont encore là et ne se tapent pas dessus.

Pour le reste Calvin Harris confirme son radical changement de trajectoire. Anciennement bidouilleur à domicile, il est aujourd’hui une bête de dance ! A ce rythme là il ne devrait pas tarder à passer sur NRJ remixé par Guetta. Dommage. Un détour par les agréables et plus calmes sœurs Deheza des School Of Seven Bells, qui n’ont pas vraiment leur place en festival, surtout programmées entre Calvin Harris et Birdy Nam Nam. Chiant dirons certains, atmosphérique diront d’autres. J’apprécie pour ma part davantage au fond du canapé. Quant aux quatre dj’s précités, leur show ne manque pas de rebondissant c’est certain, mais où est passé la modestie ? On se le demande encore.

Pour le dimanche je ne reprendrai que les échos d’amis. MGMT est toujours à la rue sur scène. Patrick Wolf continue de surprendre, les Eagles Of Death Metal font le travail et The Prodigy a la patate. C’est en tous cas une édition record pour le festival qui a accueilli près de 97.000 sur 3 jours, soient 21.000 de mieux que l’an passé. Bénéficiaires malgré l’annulation d’Oasis, des rumeurs courent sur un éventuel quatrième jour l’année prochaine. Et à moins que nous nous soyons battus dans les loges d’ici là, nous y serons.

Le site officiel

Photos par Rod Maurice, Le Hiboo ©

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Taken By Trees - East Of Eden (2009)

Il faut avouer, je pensais que Taken By Trees ne serait le projet que d'un seul album. Parce que la discrète Victoria Bergsman est ainsi : elle enregistre un premier album parfait et puis s'en va, et revient alors que l'on ne l'attend plus. Open Field, album parfait de folk limpide, enregistré dans une sorte de torpeur mélancolique et rêveuse, était sorti en 2007. Mais nous connaissions déjà cette voix : c'était celle de The Concretes, son groupe pop qu'elle avait quitté après la sortie de leur premier album, parfait lui aussi. Le son d'Open Field, épuré, précis et chaleureux, nous a semblé être l'identité que Victoria Bergsman voulait donner à Taken By Trees. Or, agréable surprise, Rough Trade sort ce mois-ce la suite de ses aventures, et le style, même si toujours aussi vaporeux et apaisant, a été complètement revu. Et encore une fois, c'est très réussi. Agréable surprise toujours, c'est au Pakistan et entourée de musiciens soufis que Taken By Trees a écrit et enregistré cet East Of Eden tout à fait dépaysant.

Mais alors qu'elle semble aller dans une direction complètement opposée à celle prise sur Open Field, Victoria Bergsman montre au contraire, avec East of Eden, la grande rigueur artistique qui sous-tend son projet Taken By Trees. Si l'on écoute attentivement, on remarque que la composition générale des albums, qui s'apparentent alors à de petits tableaux d'une demi-heure, reste la même. On se souvient du magnifique instrumental (le morceau titre) qu'avait offert le producteur Björn Yttling sur Open Field. De la même manière sur East of Eden, Victoria Bergsman se met en retrait le temps d'un titre ("Wapas Karna"), et y laisse les musiciens soufis qui l'entourent s'exprimer. Les disques de Taken By Trees semblent donc se singulariser dans leur manière de créer des espaces, champs ouverts situés à l'est d'Eden (l'album a par ailleurs été enregistré en grande partie en extérieur). Ce sont ces espaces laissés aux silences, aux musiciens qui participent à la création, et aussi les espaces laissés aux mots des autres : le single "Lost and Found," bluette extraite de Open Field avait été écrit par Tracyanne Campbell de Camera Obscura. Sur East of Eden, le tout frais "My Girls" d'Animal Collective a le droit à une merveilleuse adaptation, sous le titre "My Boys." Il s'agit d'ailleurs d'un échange, bel échange, puisque Noah Lennox du groupe sus-cité prête sa voix de Panda Bear au beau "Anna" et rappelle ainsi que l'on est jamais loin de son Person Pitch.

Le projet Taken By Trees se précise donc. Il ne s'agit pas du tout, comme on pourrait le penser, d'une folkeuse suédoise qui prendrait soudainement un virage world. La suite devrait le prouver, Taken By Trees fait des albums comme une artiste une série de tableaux : dans un cadre et une structure identique, elle y développe les mêmes motifs, soit ceux de l'espace d'ouverture et du rapport aux racines. Ce que Victoria Bergsman a fait entre ses deux albums, c'est simplement changer de ton, de couleur, et d'axe de tradition folk. Après avoir travaillé sur l'axe anglo-suédois (le son de Open Field se situait entre Vashti Bunyan et les productions pop suédoises contemporaines), c'est l'axe suédo-pakistanais qui conduit Taken By Trees à East Of Eden.

En effet, tout qawwalî qu'il puisse sonner, East of Eden n'est pas exempt de suédicité : il y a ces beaux titres chantés en suédois dans le texte (alors que le reste est chanté en anglais) : "Tidens Gång," "Bekännelse." Il y a aussi ces choeurs, beau cliché suédois, que l'on retrouve sur "Anna" ou "Greyest Love Of All." Alors oui, East of Eden est un disque très surprenant, mais lorsque l'on connaît l'importance du voyage et de l'exotisme dans la peinture, la littérature et la musique suédoise, il se révèle très culturellement enraciné, ce qui participe pleinement au plaisir d'écoute. En effet l'amateur de folk occidental (que je suis), jusque là peu initié aux musiques du monde et d'Asie notamment, ne prend pas le risque de se perdre dans ces jardins lointains, de ne pas en comprendre le sens, et donc d'en rejeter la beauté. East of Eden est une invitation rassurante, une porte européenne ouverte sur les grands espaces de la musique pakistanaise, où le fil d'Ariane se rebaptise fil de Victoria.

En bref : Un beau tableau d'impressions de voyage, entre tradition soufie et contemporanéïté suédoise.





Ici : le site et le myspace.

Et le mini-documentaire de National Geographic sur la réalisation de l'album:


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13 septembre 2009

The Beach Boys - 20/20 (1969)

Il faudrait créer des catégories spéciales d'albums à récompenser. Il y aurait bien entendu la litanie des chefs d'oeuvre oubliés, à laquelle n'appartient pas l'objet en question, heureusement indémodable. Catégorie pouvant être suspecte, car recouvrant tout et son contraire, des pépites injustement ignorées aux étrons qui auraient gagné à le demeurer.
Et puis, il y a ces disques qui ne sont pas de véritables nouvelles livraisons. Sans être d'énièmes  compiles pour autant. Car prenons ce 20/20, qui regroupe essentiellement deux des années les plus fertiles du groupe ; l'on ne trouve ici que du matériel "abandonné" par la fratrie Wilson, Jardine, Johnston et Love, ou distillé sur différents singles du groupe, donc jamais édité sur album.
Lorsqu'on connaît la démentielle capacité des Beach Boys à composer et que lesdites chutes proviennent pour partie (voir les albums récents et à venir) du projet Smile, l'auditeur prend conscience qu'il va tutoyer les anges.

"Do It Again" ouvre l'album. C'est un single imparable, qui renvoie aux années surf, en leur adjoignant ce droning sound tourbillonnant d'orgue discret et aigrelet, qui fera florès sur les premiers Stereolab (entre autres). Mike Love est sans doute le méchant de la bande, celui qui a éjecté Brian, mais il chante de divine façon. Quant à Carl, dont les talents de compositeur ne cessent de s'affirmer, son timbre angélique se retrouve en lead sur le "I Can Hear Music" de Phil Spector, ainsi que sur nombre de gemmes de l'album ; lui qui peu à peu a pris le groupe sous son aile.
Pluralité, diversité sont les mottos des Beach Boys. A quoi reconnaît-on un super-groupe ? En ce qu'il regroupe un assemblage de super musiciens et/ou compositeurs, venus d'horizons divers. Ici, ceux-ci vont jusqu'à faire partie de la même mouture originelle, et comptent même parmi eux un batteur qui crée des tubes, des pistes enchanteresses.

En se risquant au jeu vain des comparaisons, l'on pourrait sans doute arguer que les BB possédaient deux précieux avantages sur les Beatles : ces derniers n'étaient composés "que" de 3 compositeurs d'exception. Quand les Beach Boys parviennent à faire avaler de redoutables âneries comme le hillbily "Cotton Fields" commandité par Al Jardine d'ordinaire au goût si sûr sans faire capoter l'affaire.
Pour enfoncer le clou, Dennis Wilson, contrairement à Ringo Starr, sait aussi chanter ET composer, infernal atout s'il en est. "Be With Me", le rageur "All I Want To Do" sont du batteur surfer, tout comme l'est le superbe "Never Learnt Not To Love", et dont l'insensée progression chromatique du refrain ("Come in now closer, come in...") est à couper le souffle.

Même le gentillet Bruce Johnston, qui a supplanté Brian en studio et sur les planches, depuis le retrait de celui-ci, généralement coupable de chansons à l'eau de rose très dispensables, se fend d'un instrumental aquatique, aérien, ("The Nearest Faraway Place") dont on pourra récolter les graines à l'envi dans l'oeuvre touffue des High Llamas, et jusque chez nos meilleurs compositeurs de musiques de films. Le groupe, dans son ensemble, est à son apogée de créativité ; "I Went To Sleep", magnifique, baigne dans cette atmosphère élégiaque post-hippie qui n'aurait pas déparé sur Friends (1968). 

Et le leader fou dans tout ça, where is Brian ? Déjà absent sur la pochette, comme l'était Al Jardine sur celle de Summer Days (And Summer Nights !!) (1965), eh bien, ce dernier relève ironiquement les compteurs... des charts (!) dans la double photo intérieure du gatefold.
Présent dans l'ombre certes, mais toujours responsable d'un brelan de chansons uniques, sa marque de fabrique : "Time to Get Alone", magnifiquement interprétée en compagnie de Carl, et les deux tours de force, rescapées de Smile, la tuante "Our Prayer", exécutée a capella par le groupe, et ce qui reste l'une des 10 plus grandes merveilles Beachboysiennes, l'incontournable "Cabinessence", qui des arpèges de banjo introductifs, à la cathédrale sonore de son refrain étincelant, constitue toujours , et pour l'éternité, la matrice de la citadelle "Good Vibrations".

20/20, vingtième long format du groupe qui enregistre pourtant depuis à peine 8 ans (!) constituera leur testament chez Capitol. Cette oeuvre à laquelle on décernera volontiers la note de son titre représentera pour le néophyte la porte d'entrée idéale, l'introduction idoine à l'univers enchanteur du groupe. Mais davantage qu'une collection usuelle, ce vrai-faux album déploie tout le savoir-faire génial de nos plagistes légendaires.
Ici reçus une nouvelle fois 5 sur 5.

En bref : Tout est dans le titre en fait.

 



Le site Wilsonien , la critique énamourée de Surf's Up , BB, site de fan


"Never Learnt Not To Love" (single version) :


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12 septembre 2009

Eamon Mc Grath - 13 Songs Of Whiskey And Light (2009)

13 songs of whiskey and light, voilà qui qualifie bien le contenu de cet excellent disque d'Eamon Mc Grath. On oscille en effet ici entre mélancolie due à l'absorption massive de ce breuvage, intensité rock'n'roll enthousiasmante et envolées lumineuses et finalement, c'est tout un pan du rock'n'roll qui nous est dévoilé, dans le sens ou le ressortissant d'Edmonton pratique celui-ci à diverses sauces et ce, sans la moindre faute de goût.

Dès le magistral et allégorique "Welcome to the heart" en introduction, la voix éraillée d'Eamon captive de même que l'ambiance, multiple et représentative des états d'âme du canadien. Ainsi, "Machine gun cowboy" propose un rock'n'roll bluesy délectable, mis en valeur par des guitares inspirées et, comme de coutume, la voix caractéristique de Mc Grath, puis "Big river" évoque un Neil Young... dans son versant électrique. Ainsi, l'artiste évolue dans un registre d'obédience rock certes, mais diversifié et jamais dispersé, et la qualité n'est jamais prise en défaut.

On a même droit sur "File under fire" à un rock tranchant et mélodique à la fois, avant qu'une acoustique superbement désabusée ne reprenne ses droits sur "Last man standing". Je suis d'ailleurs sur le point, tant cet album s'avère irrépochable, de décrire chacun de ses treize titres, dont "Cadillac rosetowne" et ses élans western endiablés ou "Holly roller", à l'ambiance à la Léonard Cohen perturbée par une guitare remarquable.

Mc Grath possède l'âme d'un "itinérant du rock" et cela se ressent, et s'entend, à l'écoute de ses titres, dont la variété se voit brillamment confirmée par l'incandescent "Desperation, Alberta", lancinant et zébré de guitares cinglantes.

Sur la suite, les climats changeants sont donc à nouveau de rigueur, et ce dans la cohérence la plus totale, à commencer par "Darby crash and burn guitars" et son harmonica Dylanien, auquel succède "Land of dogs", superbe exercice rock'n'roll au rythme soutenu. Puis le trio de fin, inauguré par "Chained to my love" et ses sonorités épurées (avec, encore une fois, un harmonica décisif), permet d'assoir de façon définive la valeur de ces 13 chansons de lumière et de whisky. "Caves", dans un premier temps, nous plonge dans une atmosphère faussement tranquille, puis "Ecstasy railings" réinstaure une certaine tranquilité, ceci pour une qualité toujours égale et pour un résultat au dessus de tout soupçon.

Superbe album donc, parfait reflet des humeurs de son auteur, qui se voient mises en son avec une superbe maîtrise.

En bref : très belle surprise et bel essai rock'n'roll d'un artiste entier et qui se livre à la fois sans retenue et avec pudeur... pour nous livrer un disque de toute beauté.




Le Myspace

"Welcome to the heart":


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08 septembre 2009

Ososphère - Strasbourg - Du 25 septembre au 3 octobre

Autant ne peut-on pas qualifier Strasbourg de place forte de la musique électronique, autant, chaque année, le festival de l'Ososphère s'efforce de pallier ce manque de la plus belle des manières qui soit. Décor de friche industrielle, programmation exhaustive, ouverture sur d'autres disciplines artistiques, rien ne fait défaut lors de ce qui s'avère être un des plus intéressants rendez-vous créatifs de la capitale de la flammekueche, oserais-je dire de l'hexagone.

Pour son édition 2009, les organisateurs ne comptent pas lever le pied. Pour preuve, les quelques noms qui ornent l'affiche du festival : Laurent Garnier, The Orb, Agoria, Mr Scruff, Goldie, Nathan Fake, Danton Eeprom, Sebastian, DatA, Digitalism... j'en passe et des meilleures. Signe d'ouverture, l'Ososphère accueillera également des artistes plutôt éloignés de ses horizons musicaux de prédilection. Fredo Viola et son folk liturgique sera la partie tout comme Raekwon (Wu Tang Clan), Buraka Som Sistema ou bien encore Elvis Perkins. Pour résumer, ce sera lourd, très lourd, et cela se passera les 25 et 26 septembre prochains (en ce qui concerne la musique) du côté de l'Alsace. J'en serai, et vous ?

Le site de l'Ososphère.
Acheter ses places.
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07 septembre 2009

Jeffrey Lewis - Interview


Peu avant la trêve estivale, j’ai eu la chance de rencontrer l’artiste new-yorkais Jeffrey Lewis lors de son récent passage à Bordeaux. Captivé à la fois par son évolution musicale sur scène et sur disque, et surtout par la qualité de ses bandes dessinées persos, j’ai eu envie de lui poser quelques questions, sur sa musique, mais pas seulement. Rencontre.

Lors de ton dernier concert à Bordeaux le public semblait t’apprécier énormément. Pourquoi un tel accueil en France ?

Peut-être que la France est heureuse de nous voir parce qu’il y a 2 ans nous y avons fait une tournée. Nous n’avons joué qu’à Paris et une ou deux autres villes de province, cela commençait donc à faire longtemps que nous n’avions pas joué à Bordeaux, Toulouse ou encore Lille. C’est génial de revenir et de recevoir un accueil pareil.

Les Junkyard sera-t-il ton groupe de toujours ?

Non, je pense que nous allons continuer à changer le nom et les membres. Rien ne dure très longtemps.

Comment gères-tu la célébrité ? Est-ce que l’on te reconnait quand tu voyages ?

Je ne pense pas être une célébrité mais cela arrive que les gens me reconnaissent dans des endroits bizarres, comme un bus, une boulangerie, un avion en Allemagne, ou dans les rues de Brooklyn, c’est toujours agréable de savoir que l’on compte pour quelqu’un.

Connais-tu d’autres artistes musicaux intéressés par les comics?

Je crois que le nouvel album de Sufjan Stevens album est livré avec un comics, il m’a contacté à ce propos pour me demander si je connaissais un bon imprimeur. David Herman Dune fait pas mal de bd aussi.

Question difficile, quand te sens-tu le mieux ? En écrivant des chansons ou en dessinant des bd ?

Dessiner des bd est le sentiment le plus bénéfique.

Tu as fait une thèse de fac sur le célèbre comics The Watchmen. Peux-tu nous dire en quelques mots pourquoi cette bd est si reconnue ?

C’est un excellent, étrange et unique travail de littérature. C’est en même temps riche, complexe et brillant comme Proust ou Joyce, et en même temps c’est une vraie fiction adolescente, pleine de violence et de super-héros en costume. Une combinaison unique qui n’a jamais été égalée depuis.


Envisages-tu de réaliser des films ?

Je ne sais pas faire de films.

Te considères-tu encore comme jeune? Es-tu encore capable de voyager sans rien et de voir où le vent te mènes ?

Habituellement je tourne tellement que lorsqu’il est l’heure de rentrer à la maison c’est plutôt excitant. Mais c’est toujours génial de visiter de nouveaux endroits, que ce soit en tournée ou en voyage. Ces dernières années je suis allé en Egypte juste pour voir, et en Australie pour faire quelques concerts. Les deux expériences étaient géniales.

Que penses-tu des blogs et de leur impact sur la musique ? Tiens-tu un blog toi-même ?

Je n’ai pas vraiment le temps pour ça, c’est déjà assez dur de gérer ses mails.

Quels autres groupes écoutes-tu ? Es-tu au courant de tout ce qui sort ?

Je ne suis généralement pas très intéressé par les nouveaux groupes, même si je reçois de nombreux nouveaux disques par mon label. Je m’enthousiasme plus pour la vieille musique, mais des fois on trouve des choses intéressantes. Par exemple je viens de recevoir un exemplaire du nouveau Super Furry Animals et j’aime bien.

Sans aucune objectivité, quels sont tes 5 albums préférés de tous les temps ?

Dans le désordre :
For Little Ones - Donovan
Dragnet - The Fall
White Light/White Heat - The Velvet Underground
Don't Be Scared - Daniel Johnston
Lowdown - Prewar Yardsale

Le site officiel et le Myspace

A lire aussi : La chronique du concert à Bordeaux, la chronique du deuxième album

Le clip home-made de "To be objectified" :


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05 septembre 2009

Throw Me The Statue - Creaturesque (2009)

Encore une fois, c’est cette innocente pochette pastel qui m’a attiré vers l’écoute de ce groupe dont le patronyme me disait à peine quelque chose. Mystérieuse au possible, l’on pourrait passer des heures à la décrypter. Des couleurs passées, un Havre de paix isolé de tout, une végétation qui évoque le sud (Italie ? France ? Californie ?) et surtout ce côté voyeur, qui observe de loin sans être vraiment là. Quelques recherches plus tard, je découvre qu’il y a deux ans j’avais déjà relevée la pochette de Moonbeans, premier Lp du groupe de Seattle, dans le même esprit, avec cette demoiselle topless en train de se faire pousser à l’eau. Séance de rattrapage oblige, j’aime vraiment cette musique bucolique et chaleureuse même si je tombe sur des commentaires du genre Moonbeans c’est Cold Play avec un clavier Bontempi. TMTS ne fait pas l’unanimité, j’adore.

Que sait-on sur ce deuxième opus ? Toujours produit par le très d’actualité Phil EK (The Dodos dernièrement, Fleet Foxes l’année dernière, The Shins celle d’avant, etc, etc…), c’est l’occasion de retrouver le projet (à l’origine solo) de Scott Reitherman qui forme aujourd’hui un quartet rodé avec Jarred Grimes, Aaron Goldman et Charlie Smith. Les thèmes de prédilection du groupe ? Le machisme américain, les drogues douces et les voitures convertibles… En résulte une pop de chambre rarement rock, relativement enjouée et à demi lo-fi. C’est la maison de disque décidément la plus inspirée du moment, à savoir Secretly Canadian, qui s’occupe de la mise en boîte, et permet au producteur de varier ses capacités. Du coup ça part un peu dans tous les sens, non sans une homogénéité assez magique.


D’entrée, "Waving at the shore" fait office de petit single. Enjoué et décomplexé, Scott pose sa voix flegmatique sur une combinaison guitare/orgue qui pousse à la fête lors du refrain typé 80’s. Bowie aurait apprécié. Un peu plus loin sur "Ancestors" la basse se fait fuzzée, les synthés cristallins et les guitares aériennes. Il n’y a que la voix qui commence il est vrai à évoquer un peu trop Chris Martin, mais ça reste acceptable. On est dans le même esprit également que les très bons The Pain Of Being Pure At Heart. "Dizzy from the fall" fait également parti de ces morceaux qui roulent tout seul. Cool et touchant à la fois, avec trois fois rien. Enfin, évoquons la neuvième piste de ce douze titres, "Hi-Fi Goon" qui ressuscite pour un temps la power pop jam à la Weezer, ainsi que "Baby you’re bored", hommage certain aux séminaux Neutral Milk Hotel.

En bref : certes pas parfait, Creaturesque est l’un des disques pop les plus agréables de l’année. Ensoleillé et détendu, il ne peut que prolonger votre été.




Le Myspace

A lire aussi : Mando Diao - Never Seen Light Of Day (2007)

A écouter, "Dizzy from the fall" et "Hi-Fi Goon" :




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04 septembre 2009

The Arctic Monkeys - Humbug (2009)

Pour sa grande rentrée, Dodb ne va pas vous présenter le groupe inconnu de l’année mais ne va faire qu’emboîter le pas à la quasi-totalité de ses collègues, juste pour donner son humble avis sur le nouvel opus du plus sûr espoir rock anglais depuis 2006. A l’époque, Whatever people say I am, that’s what I’m not avait eu l’effet d’une bombe. Brûlot spontané délivré de main de maître par un quatuor passant encore sous la barre des vingt ans, il ouvrait la voix à un avenir musical tout tracé. Quant l’année suivante les quatre de Sheffield reviennent avec le très pop Favorite worst nightmare, la presse se joue rapidement de l’expression consacrée d’album de la maturité. Alors que non. Si l’adage doit vraiment être utilisé, c’est davantage sur ce dernier qu’il peut s’accorder. Et force est de constater que la maturité ça n’est pas très excitant.

Tout le monde le sait, le bouche à oreilles a bien fonctionné, le roukmout Josh Homme (QOTSA) s’est chargé de la moitié des enregistrements de ce Humbug dans son propre studio, James Ford le producteur habituel s’étant quant à lui occupé de l’autre moitié. Eh finalement, la patte désertique que l’on était en droit d’attendre se montre assez timide. Certes le son s’est légèrement américanisé, mais c’était déjà le cas sur la parenthèse The Last Shadow Puppets qui n’en finit pas de révéler ses qualités avec le temps, qui l’eut cru ? Tout juste "Potion approaching" et "Pretty visitors" témoignent du rythme saccadé cher à Josh. Pourtant dans l’ensemble l’innovation a bien eu lieu, et l’on a droit à un album lourd, rugueux et plus sombre qu’à l’accoutumé.


Ce qui est un peu dur à comprendre, c’est quand on lit dans les lignes des deux duettistes de la presse rock française (qui leurs consacrent chacun leur couverture) que le groupe aurait enregistré le double de chansons pour finalement n’en retenir que 10, soient 39 minutes de musique. Un peu gênant quand finalement un titre sur deux semble réellement inspiré. Cependant même mitigé, Alex Turner (né en 1986) reste un poète contemporain et un vrai songwritteur. En servant moins de tubes et en ralentissant le tempo, il installe une tension presque étouffante.

A retenir donc, les deux morceaux introductifs dans une veine plus habituelle que sont "My propeller" et "Crying lightning". Du Arctic Monkeys comme on l’aime, évident comme bonsoir, malgré un début de retenue."Fire and the thud" à la rigueur, "Dance little liar" aussi pour sa slide et sa lancinance sans oublier the last but not least "The Jeweller’s hands" qui emmène assez loin et clôt le disque en beauté. Etrangement, je me dis que je vais l’aimer de plus en plus avec le temps cet album.

En bref : les Arctic Monkeys se prennent au sérieux et ils ont raison. Le résultat est cependant moins direct et moins fun qu’avant. C’est peut-être tant mieux.




Le site officiel et le Myspace

A lire aussi : The Wave Pictures - Instant Coffee Baby (2008)

"Potion approaching" en live :


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