En France on aime bien les groupes anglais, ceux dont les albums sont des collections de singles efficaces et héroïques, qui creusent les mêmes sillons depuis des décennies, soit ceux de la pop sixties et de la new-wave. Et bon sang, qu'est-ce qu'on aime aussi, et surtout, lorsque un groupe anglais fait tout le contraire. Londres la girouette a accouché d'un petit Noah, qui a tout du rejeton mal-aimé. Et heureusement, nous, ce sont les moutons noirs que nous préférons.
Le grand projet, derrière ce deuxième album de Noah and the Whale, était de sortir à la fois un disque et un film. Non, non pas un documentaire sur la conception et l'enregistrement de l'album, ni même sur la dernière tournée du groupe. Pas la captation d'un concert exceptionnel non plus. Rien qui pourrait mettre en valeur les artistes en tant que musiciens. Le film qui accompagne l'album est une fiction, de cinéma, dont la bande originale serait l'album justement. Curieusement, en France, le film n'est pas distribué en DVD supplément à l'album. A moins de le commander en import, il faut se contenter de la bande-annonce, également clip de "Blue Skies", disponible sur le net (voir ci-dessous). Pourtant, lorsque l'on écoute l'album, il est loin, très loin de donner le sentiment d'un objet incomplet. The First Days Of Spring, l'album seul, est d'une richesse éblouissante. Et il a gardé des traces de son ambition visuelle. Il y a d'abord cette manière très subtile de créer des espaces instrumentaux parfaitement bien cadrés (comprendre produits). Il y a aussi, ici et là, cette manière tout aussi subtile de reprendre des motifs qui se renvoient l'un à l'autre. Ainsi, la fin de "Our Window" annonce le single "Blue Skies" qui viendra vers la fin de l'album, alors que les beaux chœurs fredonnants de "I Have Nothing" seront repris à la fin de "Slow Glass". Et si le groupe peut se permettre un tel risque (la répétition), c'est parce que les motifs qui se font ainsi écho sont magnifiques.
Et si Noah and the Whale paraissent si étrangers en leur pays, c'est que The First Days of Spring est d'inspiration éminemment nord-américaine. L'album se situe entre folk, post-rock et pop baroque. Je dis «entre», car il ne s'agit aucunement d'un collage de styles. Bien au contraire, l'album joue sur les transitions, tout en lenteur et en délicatesse. Dès le début, le morceau-titre nous fait traverser l'Atlantique, par un jeu de nappes et d'envolées empruntées au post-rock. Le chant lui aussi va à contre-courant, en ce qu'il est aussi anti-mélodique que celui de Bill Callahan de Smog. Mais tout comme chez ce dernier, le timbre de voix est profond et poignant. Après cette ouverture hautement lyrique, la tendance est à la retenue. Cordes délicates et cuivres raffinés viennent apporter lumière à d'humbles compositions folk. Puis vient le drôle de climax de cet album, brillamment mis en valeur par les deux instrumentaux qui l'entourent. "Love Of An Orchestra" est un morceau de pop baroque court, intense, et élégant, et parfaitement réussi. Et dans le creux de la vague, sous la courbe baroque, le triste "Stranger" est joué dans la torpeur qui suit l'exaltation. Ensuite, "Blue Skies" est un peu en-deçà du reste : trop léger au niveau des paroles, il s'approprie mal les clichés de la chanson d'amour «fédératrice» ("This is a song for anyone for a broken heart"). Mais la chanson fait tout de même son petit effet, grâce à de puissants chœurs Après cette nouvelle envolée presque épique, le disque s'achève dans la sobriété. "Slow Glass" et "My Door Is Always Open", à la fois mélancoliques et lumineux, semblent dire un réconfortant «ne soit pas triste». The End.
En bref : folk, post-rock et pop baroque élégamment entrelacés dans l'album de londoniens qui rêvent d'espaces américains.
Le grand projet, derrière ce deuxième album de Noah and the Whale, était de sortir à la fois un disque et un film. Non, non pas un documentaire sur la conception et l'enregistrement de l'album, ni même sur la dernière tournée du groupe. Pas la captation d'un concert exceptionnel non plus. Rien qui pourrait mettre en valeur les artistes en tant que musiciens. Le film qui accompagne l'album est une fiction, de cinéma, dont la bande originale serait l'album justement. Curieusement, en France, le film n'est pas distribué en DVD supplément à l'album. A moins de le commander en import, il faut se contenter de la bande-annonce, également clip de "Blue Skies", disponible sur le net (voir ci-dessous). Pourtant, lorsque l'on écoute l'album, il est loin, très loin de donner le sentiment d'un objet incomplet. The First Days Of Spring, l'album seul, est d'une richesse éblouissante. Et il a gardé des traces de son ambition visuelle. Il y a d'abord cette manière très subtile de créer des espaces instrumentaux parfaitement bien cadrés (comprendre produits). Il y a aussi, ici et là, cette manière tout aussi subtile de reprendre des motifs qui se renvoient l'un à l'autre. Ainsi, la fin de "Our Window" annonce le single "Blue Skies" qui viendra vers la fin de l'album, alors que les beaux chœurs fredonnants de "I Have Nothing" seront repris à la fin de "Slow Glass". Et si le groupe peut se permettre un tel risque (la répétition), c'est parce que les motifs qui se font ainsi écho sont magnifiques.
Et si Noah and the Whale paraissent si étrangers en leur pays, c'est que The First Days of Spring est d'inspiration éminemment nord-américaine. L'album se situe entre folk, post-rock et pop baroque. Je dis «entre», car il ne s'agit aucunement d'un collage de styles. Bien au contraire, l'album joue sur les transitions, tout en lenteur et en délicatesse. Dès le début, le morceau-titre nous fait traverser l'Atlantique, par un jeu de nappes et d'envolées empruntées au post-rock. Le chant lui aussi va à contre-courant, en ce qu'il est aussi anti-mélodique que celui de Bill Callahan de Smog. Mais tout comme chez ce dernier, le timbre de voix est profond et poignant. Après cette ouverture hautement lyrique, la tendance est à la retenue. Cordes délicates et cuivres raffinés viennent apporter lumière à d'humbles compositions folk. Puis vient le drôle de climax de cet album, brillamment mis en valeur par les deux instrumentaux qui l'entourent. "Love Of An Orchestra" est un morceau de pop baroque court, intense, et élégant, et parfaitement réussi. Et dans le creux de la vague, sous la courbe baroque, le triste "Stranger" est joué dans la torpeur qui suit l'exaltation. Ensuite, "Blue Skies" est un peu en-deçà du reste : trop léger au niveau des paroles, il s'approprie mal les clichés de la chanson d'amour «fédératrice» ("This is a song for anyone for a broken heart"). Mais la chanson fait tout de même son petit effet, grâce à de puissants chœurs Après cette nouvelle envolée presque épique, le disque s'achève dans la sobriété. "Slow Glass" et "My Door Is Always Open", à la fois mélancoliques et lumineux, semblent dire un réconfortant «ne soit pas triste». The End.
En bref : folk, post-rock et pop baroque élégamment entrelacés dans l'album de londoniens qui rêvent d'espaces américains.
3 Comments:
Belle chronique, belle musique et belle vidéo! J'aime bien leur style, c'est vrai que ça sonne très américain.
J'avais déjà écouté le disque quelques fois et avais bien aimé. Sais-tu où peut-on trouver le film (même illégalement)?
En tous cas magnifique trailer.
A+
Ju
Cet album est génial.
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