Talitres, le label Bordelais que l’on ne présente plus, organisait il y a peu au Château Palmer de Cenon une soirée bien particulière. Réunies sur un même plateau, les trois pointures de la maison, soient trois groupes trop rares, trop indés, trop doués. Une triplette de formations inconnues du grand public, la faute à une distribution confidentielle, mais une triplette HD pour ceux qui ont eu la chance de recevoir l’info et de se rendre dans ce mystérieux château dominant un Bordeaux illuminé de mille feux.
Bravant mon rhume A de circonstance, je pénètre dans une salle que l’on croirait "des fêtes". Je ne m’attendais pas à ça, mais me sens rassuré en croisant des visages connus. Tout le "gratin" indie bordelais semble s’être donné rendez-vous pour saluer l’excellent talent de défricheur international de l’écurie de Sean Bouchard. Ralfe Band, l’un de ses chouchous, ouvre le bal de son folk champêtre en anglais. Son dernier opus Attic thieves avait été accueilli à bras ouverts par la presse spécialisée qui avait salué son élégance mélancolique. Et c’est exactement ce que l’on retrouve en live. Oly Ralfe, son frère d’arme Andrew Mitchell et leurs potes de tournée sont des touche-à-tout géniaux et la magie opère aisément.
"Women of Japan" :
Pause clope générale dans les jardins plongés dans l’obscurité, et le rarissime collectif de Brooklyn Stars Like Fleas entre en piste. Souvenez-vous, je vous avais parlé en 2007 de The Ken Burn Effect avec enthousiasme, le live est encore plus fou. Déjà prenez le frontman Montgomery Knott, qui se tient dignement avec une capote en laine sur la tête, un plaid sur les épaules et une barbe jusqu’au nombril. Syd Barrett sors de ce corps ! Et qui dit collectif dit nombreux instruments : harpe, porte-voix, violon, pédales, et surtout batterie, avec un batteur exceptionnel aux commandes de ces expérimentations post-rock en permanente instabilité. Les anti-mélodies sont servis puisque la musique des New-Yorkais s’apparente plus à de la musique improvisée de type free jazz qu’au format pop. Et c’est finalement ce qui fascine, car sans vinaigre le miel ne vaut rien. Voir sortir de ce magma bruitiste des flèches de mélodie insaisissables et fuyantes, c’est assez exceptionnel. Les Stars Like Fleas jouent une musique lente (de canapé diront certains), construite par touches, et qui ne ressemble à rien d’autre (allez si, peut-être un peu Akron/Family par moments). Eblouissant.
Un live des Stars Like Fleas :
Enfin, dernier larron à fouler les planches de cette scène improvisée, le grand David Freel que tout le monde connait sous le nom de Swell et ce soir rebaptisé Be My Weapon depuis son album March 2009. Son indécrottable casquette de nerd américain vissée sur la tête, il présente sa troupe, restreinte puisqu’il s’agit d’un trio. Mais quel trio ! A la batterie, peut-être l’un des meilleurs batteurs qu’il m’ait été donné de voir (d’aussi près en tous cas), Ron Burns de Smog. A la guitare et aux effets, Brian Mumford, tout aussi bon mais plus en retrait. Le schéma des chansons de Be My Weapon est assez original : Freel qui joue ses arpèges à la sèche, Mumford qui rajoute quelques effets et quelques simples notes, Burns qui plaque sa batterie par-dessus. On s’en doute avec Freel, les accords sont tous en mode mineur, le songwritting décontracté voire répétitif, mais on entend les mouches voler. Tout le monde est envoûté par ce folk déprimé et déprimant (on ne change pas) joué par un homme amoché, cabossé et amer, et ce même si je suis le seul à penser que "I miss your mischief" fait penser à "Hotel California". Tout le monde en redemande et le Californien exécute un rappel pour conclure cette bien belle soirée qu’on aurait cru privée.
"Bad bad bad" :
Les sites de Ralfe Band, Stars Like Fleas et Be My Weapon
Bravant mon rhume A de circonstance, je pénètre dans une salle que l’on croirait "des fêtes". Je ne m’attendais pas à ça, mais me sens rassuré en croisant des visages connus. Tout le "gratin" indie bordelais semble s’être donné rendez-vous pour saluer l’excellent talent de défricheur international de l’écurie de Sean Bouchard. Ralfe Band, l’un de ses chouchous, ouvre le bal de son folk champêtre en anglais. Son dernier opus Attic thieves avait été accueilli à bras ouverts par la presse spécialisée qui avait salué son élégance mélancolique. Et c’est exactement ce que l’on retrouve en live. Oly Ralfe, son frère d’arme Andrew Mitchell et leurs potes de tournée sont des touche-à-tout géniaux et la magie opère aisément.
"Women of Japan" :
Pause clope générale dans les jardins plongés dans l’obscurité, et le rarissime collectif de Brooklyn Stars Like Fleas entre en piste. Souvenez-vous, je vous avais parlé en 2007 de The Ken Burn Effect avec enthousiasme, le live est encore plus fou. Déjà prenez le frontman Montgomery Knott, qui se tient dignement avec une capote en laine sur la tête, un plaid sur les épaules et une barbe jusqu’au nombril. Syd Barrett sors de ce corps ! Et qui dit collectif dit nombreux instruments : harpe, porte-voix, violon, pédales, et surtout batterie, avec un batteur exceptionnel aux commandes de ces expérimentations post-rock en permanente instabilité. Les anti-mélodies sont servis puisque la musique des New-Yorkais s’apparente plus à de la musique improvisée de type free jazz qu’au format pop. Et c’est finalement ce qui fascine, car sans vinaigre le miel ne vaut rien. Voir sortir de ce magma bruitiste des flèches de mélodie insaisissables et fuyantes, c’est assez exceptionnel. Les Stars Like Fleas jouent une musique lente (de canapé diront certains), construite par touches, et qui ne ressemble à rien d’autre (allez si, peut-être un peu Akron/Family par moments). Eblouissant.
Un live des Stars Like Fleas :
Enfin, dernier larron à fouler les planches de cette scène improvisée, le grand David Freel que tout le monde connait sous le nom de Swell et ce soir rebaptisé Be My Weapon depuis son album March 2009. Son indécrottable casquette de nerd américain vissée sur la tête, il présente sa troupe, restreinte puisqu’il s’agit d’un trio. Mais quel trio ! A la batterie, peut-être l’un des meilleurs batteurs qu’il m’ait été donné de voir (d’aussi près en tous cas), Ron Burns de Smog. A la guitare et aux effets, Brian Mumford, tout aussi bon mais plus en retrait. Le schéma des chansons de Be My Weapon est assez original : Freel qui joue ses arpèges à la sèche, Mumford qui rajoute quelques effets et quelques simples notes, Burns qui plaque sa batterie par-dessus. On s’en doute avec Freel, les accords sont tous en mode mineur, le songwritting décontracté voire répétitif, mais on entend les mouches voler. Tout le monde est envoûté par ce folk déprimé et déprimant (on ne change pas) joué par un homme amoché, cabossé et amer, et ce même si je suis le seul à penser que "I miss your mischief" fait penser à "Hotel California". Tout le monde en redemande et le Californien exécute un rappel pour conclure cette bien belle soirée qu’on aurait cru privée.
"Bad bad bad" :
Les sites de Ralfe Band, Stars Like Fleas et Be My Weapon
3 Comments:
J'aime bien ton "grand" David Freel ; la dernière fois que je l'ai vu avec Swell - et ça remonte à une grosse dizaine d'années, il était déjà fort empâté par ses excès de bière et coke en tous genres !
Au fait, quid de ce Be My Weapon, que je ne me suis pas encore résolu à acheter malgré son digipack aguicheur (pas de vinyle hélas !) ?
Quelqu'un sur DODB pour en rendre compte ! Perso, je pense que j'achèterai l'objet in fine !
Merci Ju pour ce chouette compte-rendu d'un un lieu qui semble hors du temps ; j'en avais déjà entendu parler effectivement !
A+
C'est vrai que c'était une bien belle soirée, dans un joli cadre qui sent le neuf.
Cup de coeur quand même pour Ralfe Band, mais grosse claque lors de Be My Weapon !
http://www.crystal-frontier.com/2009/10/compte-rendu-du-concert-talitres-ralfe.html
Non non il se porte mieux je trouve, enfin il ne fait pas trop peine à voir en tout cas.
Donc non pas de vinyl pour Be My Weapon (trop cher), mais un joli digipack effectivement. Et donc quid de l'album? Plutôt très bien en fait, un peu comme j'ai dit pour le live, config sèche/électrique/batterie originale, très bon batteur, mélodies super chouettes... juste un petit peu de répétition, les morceaux se ressemblent, et bien sûr ça n'est toujours pas très gai. Mais je le recommande en tous cas.
A+
Ju
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