Pour beaucoup, le dub ne se résume qu'à une simple succession de boucles instrumentales, quelques basses bien nourries et un usage extensif des effets de réverbération et autres bricolages sonores. Mais bien plus que ça, cette musique, née d'une manipulation hasardeuse à la fin des années soixante, s'est révélée, dans son épure rythmique et stylistique, une matrice essentielle et une influence décisive pour de nombreux artistes, dans de nombreux registres, du hip hop à la musique électronique, en passant par le rock ou le punk. Qui n'a pas observé les innombrables remix "dub" qui ornent aujourd'hui fréquemment les secondes faces des vinyles lorsqu'ils ne rayonnent pas sur les premières. Rappelons-nous aussi, d'un si symbolique live des Clash à Kingtson, une certaine année 1982, et des générations d'artistes qui citèrent, ou citent encore, les pères fondateurs jamaïcains du dub et leur audacieuses expérimentations sonores.
Si le documentaire du Brésilien Bruno Natal, distribué dans nos contrées par Soul Jazz Records, a mis cinq années à être bouclé c'est justement pour recueillir l'indispensable témoignage d'un des pionniers de la musique dub, Lee "Scratch" Perry. Il est vrai que pour la parole du génial producteur et ingénieur du son, aussi brillant qu'azimuté, on peut prendre son mal en patience. Face caméra, le grand maître livrera ainsi sa synthèse illuminée : "La basse est le cerveau et la batterie est le coeur, qui donne l'impression d'être vivant". A vous de méditer.
Vous l'aurez compris, Dub Echoes est le fruit d'un travail de longue haleine dont la richesse des personnages est sans conteste la preuve la plus éclatante. Pour convaincre les profanes du caractère révolutionnaire du dub et de son immense influence sur la musique contemporaine, le réalisateur carioca a convoqué une pléiade d'artistes de tous horizons. Des inspirateurs historiques comme Perry, King Jammy, Sly Dunbar (de Sly and Robbie), Mad Professor, U Roy ou Bunny Lee aux "héritiers" tels que Roots Manuva, Bullwackie, Peter Kruder, 2 Many Djs ou encore Thievery Corporation et Asian Dub Foundation.
Tendant à l'exhaustivité, le film remonte à la culture jamaïcaine des sound-systems des années 50, véritables joutes de rue entre propriétaires d'installations sonores démesurées où l'exclusivité d'un titre et et la puissance fracassante d'un empilement d'enceintes pouvaient assurer à son possesseur succès populaire et renommée. C'est dans ce cadre, par un bel après-midi kingstonien de l'année 68, qu'un dénommé Ruddy Redwood se rendit au studio Treasure Isle de Duke Reid pour mettre en boîte un titre. L'ingénieur du son omettant d'enregistrer la voix du chanteur, la galette (dubplate), vouée aux oubliettes de l'histoire de la musique, initiera la vague dub. Dès le lendemain de son pressage, le morceau fait un ravage dans les sound-systems de l'île et rapidement des émules.
Très justement, Bruno Nadal n'oublie évidemment pas de consacrer le temps requis et mérité par les prophètes que furent ensuite King Tubby et Lee Perry, techniciens du sons et éminents bricoleurs autant que compositeurs géniaux. Il n'omet aucun détail mais c'est véritablement par la confrontation des témoignages entre anciens et modernes que le documentaire prend toute son ampleur. La foi inextinguible et la passion affichées par des musiciens loin d'être nécessairement catalogués "dub music" est saisissante. A Howie B, producteur entre autres de Björk, U2 et Tricky, d'en faire état : " Les gens continueront de découvrir le dub dans 20 ans, quand la drum'n bass aura disparu, quand le hip hop aura disparu, et peut-être quand le rock aura disparu". La pratique du sample et des effets ainsi que la recherche d'une épure rythmique dans la basse et la batterie ont transcendées les générations. Personne ne peut stopper l'"écho dub", tel pourrait être d'ailleurs le mot de la fin de ce film imposant et riche. Mais plutôt que de paraphraser, vais-je une nouvelle fois laisser la parole au laconique Lee Perry. "The dub has no end" nous lance-t-il. Le voilà le véritable mot de la fin.
En bref : Complet et intelligent, le film que la musique dub méritait. Un document essentiel, distribué une nouvelle fois par le classieux label londonien Soul Jazz Records.
A noter qu'une excellente compilation, intitulée également Dub Echoes, a accompagné la sortie du film.
Les sites web de Dub Echoes et Soul Jazz Records.
A lire aussi : section Dub
La bande-annonce de Dub Echoes :
Si le documentaire du Brésilien Bruno Natal, distribué dans nos contrées par Soul Jazz Records, a mis cinq années à être bouclé c'est justement pour recueillir l'indispensable témoignage d'un des pionniers de la musique dub, Lee "Scratch" Perry. Il est vrai que pour la parole du génial producteur et ingénieur du son, aussi brillant qu'azimuté, on peut prendre son mal en patience. Face caméra, le grand maître livrera ainsi sa synthèse illuminée : "La basse est le cerveau et la batterie est le coeur, qui donne l'impression d'être vivant". A vous de méditer.
Vous l'aurez compris, Dub Echoes est le fruit d'un travail de longue haleine dont la richesse des personnages est sans conteste la preuve la plus éclatante. Pour convaincre les profanes du caractère révolutionnaire du dub et de son immense influence sur la musique contemporaine, le réalisateur carioca a convoqué une pléiade d'artistes de tous horizons. Des inspirateurs historiques comme Perry, King Jammy, Sly Dunbar (de Sly and Robbie), Mad Professor, U Roy ou Bunny Lee aux "héritiers" tels que Roots Manuva, Bullwackie, Peter Kruder, 2 Many Djs ou encore Thievery Corporation et Asian Dub Foundation.
Tendant à l'exhaustivité, le film remonte à la culture jamaïcaine des sound-systems des années 50, véritables joutes de rue entre propriétaires d'installations sonores démesurées où l'exclusivité d'un titre et et la puissance fracassante d'un empilement d'enceintes pouvaient assurer à son possesseur succès populaire et renommée. C'est dans ce cadre, par un bel après-midi kingstonien de l'année 68, qu'un dénommé Ruddy Redwood se rendit au studio Treasure Isle de Duke Reid pour mettre en boîte un titre. L'ingénieur du son omettant d'enregistrer la voix du chanteur, la galette (dubplate), vouée aux oubliettes de l'histoire de la musique, initiera la vague dub. Dès le lendemain de son pressage, le morceau fait un ravage dans les sound-systems de l'île et rapidement des émules.
Très justement, Bruno Nadal n'oublie évidemment pas de consacrer le temps requis et mérité par les prophètes que furent ensuite King Tubby et Lee Perry, techniciens du sons et éminents bricoleurs autant que compositeurs géniaux. Il n'omet aucun détail mais c'est véritablement par la confrontation des témoignages entre anciens et modernes que le documentaire prend toute son ampleur. La foi inextinguible et la passion affichées par des musiciens loin d'être nécessairement catalogués "dub music" est saisissante. A Howie B, producteur entre autres de Björk, U2 et Tricky, d'en faire état : " Les gens continueront de découvrir le dub dans 20 ans, quand la drum'n bass aura disparu, quand le hip hop aura disparu, et peut-être quand le rock aura disparu". La pratique du sample et des effets ainsi que la recherche d'une épure rythmique dans la basse et la batterie ont transcendées les générations. Personne ne peut stopper l'"écho dub", tel pourrait être d'ailleurs le mot de la fin de ce film imposant et riche. Mais plutôt que de paraphraser, vais-je une nouvelle fois laisser la parole au laconique Lee Perry. "The dub has no end" nous lance-t-il. Le voilà le véritable mot de la fin.
En bref : Complet et intelligent, le film que la musique dub méritait. Un document essentiel, distribué une nouvelle fois par le classieux label londonien Soul Jazz Records.
A noter qu'une excellente compilation, intitulée également Dub Echoes, a accompagné la sortie du film.
Les sites web de Dub Echoes et Soul Jazz Records.
A lire aussi : section Dub
La bande-annonce de Dub Echoes :
1 Comment:
Et n'oublions pas la scène française qui propose un dub plus électronique : Hight Tones, Improvisator Dub, Zenzilé, Kaly Live Dub, etc.... A +
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