Un Cirque Royal pour accueillir un des plus grands groupes de l'année (de la décennie?), rien de moins. En réalité, au vu de la salle, l'enjeu aura vite fait de se déplacer : il ne s'agit plus pour Grizzly Bear d'assumer devant le public européen le rang de génies de 2009 qui leur a été donné, mais, tout simplement, d'apporter la chaleur que même le rapprochement des corps d'une salle comble mais d'un fonctionnalisme glacial ne parvient à créer.
La première tentative revient à St Vincent, seule sur scène, pour un court set d'électro-folk tordue. Puis vient le groupe tant attendu, qui ouvre son set comme il ouvre son grand Veckatimest : par la course folle de "Southern Point". Ce concert confirme que le tournant qu'a pris Grizzly Bear cette année est impressionnant : il est loin le temps où le groupe bidouillait ses pédales à effet à même le sol, il est loin le temps de l'électro-folk éthérée. Aujourd'hui les compositions de Grizzly Bear sont structurées avec grande classe. Aucune chanson de l'inaugural Horn Of Plenty sera jouée ce soir. Mais les deux tiers de la set list sont néanmoins consacrés à Yellow House. Sur certaines, on peut à nouveau voir Chris Taylor quitter sa basse pour s'accroupir à ses pédales et manipuler ses instruments à vent. Mais parlons plutôt des chansons de Veckatimest, celles que nous sommes venus entendre ce soir à vrai dire ; ces chansons, nous les connaissons déjà par cœur, et pourtant, ce soir, elles se révèlent à nouveau. C'est qu'elles sont, en live, débarrassées de cette patine, de ce voile de poussière, de cette distance que la production de Veckatimest leur avait ajouté. Ces "Cheerleader", "Fine For Now", ou encore "Ready, Able" se permettent enfin, en plus de se montrer élégantes et parfaitement construites, d'être émouvantes.
Ce qui impressionne le plus dans ce concert, plus encore que la maîtrise instrumentale de chacun des membres du groupe, ce sont les voix. Le son de la salle est parfait, et les polyphonies de Grizzly Bear donnent des frissons. Ed Droste et Daniel Rossen sont de grands vocalistes, et Chris Taylor et Christopher Bear sont d'excellents choristes. Le groupe fonctionne en parfait quatuor. Et même si Grizzly Bear a commencé en tant que projet solo, même si l'écriture chez Grizzly Bear est bicéphale, il n'y a chez Grizzly Bear pas une personnalité qui ne se mettent en avant. Sur scène, batteur et bassiste jouent au même plan que les deux chanteurs. L'humilité et la solidarité, chez Grizzly Bear, sont aussi ce qui impressionne.
La scénographie est discrète et chaleureuse. Elle consiste en de petites ampoules de faible intensité posées ou suspendues, hébergées dans des pots de verres. Grizzly Bear reste un groupe de salon. Le morceau de clôture de Veckatimest, "Foreground", dont on avait jusqu'à ce concert pas encore saisi toute la beauté, offre un moment inoubliable. La chanson s'éteint, pendant plusieurs secondes, dans le noir le plus complet ; le spectateur, devenu à nouveau simple auditeur, frissonne d'émotion, conscient de la proximité chaleureuse des corps invisibles, l'obscurité lui préservant toute la beauté de ce qui vient de s'achever. Voilà la révélation de cette tournée : Grizzly Bear laisse enfin une place à l'émotion pure dans sa démarche artistique.
La première tentative revient à St Vincent, seule sur scène, pour un court set d'électro-folk tordue. Puis vient le groupe tant attendu, qui ouvre son set comme il ouvre son grand Veckatimest : par la course folle de "Southern Point". Ce concert confirme que le tournant qu'a pris Grizzly Bear cette année est impressionnant : il est loin le temps où le groupe bidouillait ses pédales à effet à même le sol, il est loin le temps de l'électro-folk éthérée. Aujourd'hui les compositions de Grizzly Bear sont structurées avec grande classe. Aucune chanson de l'inaugural Horn Of Plenty sera jouée ce soir. Mais les deux tiers de la set list sont néanmoins consacrés à Yellow House. Sur certaines, on peut à nouveau voir Chris Taylor quitter sa basse pour s'accroupir à ses pédales et manipuler ses instruments à vent. Mais parlons plutôt des chansons de Veckatimest, celles que nous sommes venus entendre ce soir à vrai dire ; ces chansons, nous les connaissons déjà par cœur, et pourtant, ce soir, elles se révèlent à nouveau. C'est qu'elles sont, en live, débarrassées de cette patine, de ce voile de poussière, de cette distance que la production de Veckatimest leur avait ajouté. Ces "Cheerleader", "Fine For Now", ou encore "Ready, Able" se permettent enfin, en plus de se montrer élégantes et parfaitement construites, d'être émouvantes.
Ce qui impressionne le plus dans ce concert, plus encore que la maîtrise instrumentale de chacun des membres du groupe, ce sont les voix. Le son de la salle est parfait, et les polyphonies de Grizzly Bear donnent des frissons. Ed Droste et Daniel Rossen sont de grands vocalistes, et Chris Taylor et Christopher Bear sont d'excellents choristes. Le groupe fonctionne en parfait quatuor. Et même si Grizzly Bear a commencé en tant que projet solo, même si l'écriture chez Grizzly Bear est bicéphale, il n'y a chez Grizzly Bear pas une personnalité qui ne se mettent en avant. Sur scène, batteur et bassiste jouent au même plan que les deux chanteurs. L'humilité et la solidarité, chez Grizzly Bear, sont aussi ce qui impressionne.
La scénographie est discrète et chaleureuse. Elle consiste en de petites ampoules de faible intensité posées ou suspendues, hébergées dans des pots de verres. Grizzly Bear reste un groupe de salon. Le morceau de clôture de Veckatimest, "Foreground", dont on avait jusqu'à ce concert pas encore saisi toute la beauté, offre un moment inoubliable. La chanson s'éteint, pendant plusieurs secondes, dans le noir le plus complet ; le spectateur, devenu à nouveau simple auditeur, frissonne d'émotion, conscient de la proximité chaleureuse des corps invisibles, l'obscurité lui préservant toute la beauté de ce qui vient de s'achever. Voilà la révélation de cette tournée : Grizzly Bear laisse enfin une place à l'émotion pure dans sa démarche artistique.
5 Comments:
Excellente chronique (je l'ai d'ailleurs mise en lien de mon billet sur ce concert). Je te rejoins sur l'émotion qui transparait mieux sur scène que sur disque et aussi sur l'équilibre parfait entre les 4 personnalités.
Oui ça avait l'air bien, et content de voir qu'à priori tu as apprécié Veckatimest.
Grizzly Bear est un des derniers groupes récents importants que je n'ai pas encore vu live et il faudrait corriger ça.
A+
Ju
L'une des plus fines plumes de DODB enfin de retour !
Et quel retour, Grizzly Bar live en plus, tu parles !
Plus jamais ça Emmanuel,
plus jamais une aussi longue absence !
Ou alors avec un mot d'excuse !
Oui, j'aime beaucoup Veckatimest, et plus encore après le concert, d'ailleurs.
J'avais déjà vu Grizzly Bear il y a 4 ans, donc; C'était la tournée Yellow House, et c'était bien différent. Mais c'est encore mieux maintenant.
@ NickX et tous mes "blogmates": je vous prie de m'excuser pour ma longue absence...
l'album m'a beaucoup impressionné sur le plan vocal, je suis content de voir que cette dimension apparaît sur scène. belle chronique.
J
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