A défaut pour le moment d’avoir chroniqué l’excellent dernier album de David Freel sous sa forme Be My Weapon, nous avons réussi à lui poser quelques questions sur son nouveau groupe et sur la vie en général. Et comme toujours avec la personnalité du créateur du mythique groupe de San Francisco Swell, les réponses tendent davantage vers une philosophie et un surréalisme à la Nadja que vers un entretien de promo classique. Tant mieux, car c’est ce charme rebelle et cette intégrité bornée que l’on apprécie chez Dodb. Magnéto Serge !
<South of the rain and snow, The lost album, March/2009, pour quelle raison êtes-vous si prolifique ces derniers temps? Avez-vous davantage à dire qu’avant?
Si je connaissais la réponse à cette question je ne vous le dirais pas. Parce que j’aurais peur de briser le charme. Et ça n’est pas parce que j’ai davantage à dire, c’est juste que j’en dis davantage. Haha !
March/2009 d’une certaine manière m’a fait penser à Silver Jews que vous devez certainement connaître. Et je ne sais pas pourquoi, mais sa musique est de plus en plus mature, on dirait presque un crooner. Aimez-vous sa musique et pensez-vous que vous pourriez/ voudriez devenir une sorte de crooner ?
J’ai rencontré David Berman une fois en effet, et Ron Burns le connait bien, mais je ne suis pas au courant de ce qu’il a fait récemment. Moi un crooner ? Je ne pense pas. Je me vois plus comme Tom Jones, n’est-ce pas ?
Vous avez enregistré March/2009 au Pink Robot studio, pouvez-vous nous en dire plus sur l’ambiance là-bas ?
Pink Robot. Oui il y avait bel et bien quelque chose de particulier là-bas. Mais encore une fois, je préfère ne pas en parler. Comme je n’ai pas envie de tout faire foirer. Je ne suis pas quelqu’un qui aime vraiment parler en fait. Dans mon monde les mots ont un pouvoir. Et je veux utiliser ce pouvoir avec parcimonie et attention. Mais je connais des gens qui ne souffrent pas de ce problème.
J’ai vu que Be My Weapon en concert il y a peu, et j’ai vraiment aimé la configuration guitare sèche/guitare électrique/batterie, c’était très original. Connaissez-vous d’autres groupes sur le même schéma ?
Oui à peu près, un projet appelé Singlewide qui est en fait constitué d’une personne debout avec une batterie, un harmonica, une guitare acoustique et une électrique.
La collaboration avec Ron Burns (ancien batteur de Smog) a-t-elle été facile ?
Dans l'ensemble oui. C’était en tous cas très intéressant. J’apprécie ce gars car il a toujours un avis très marqué sur tout. Donc nous pouvons collaborer. Si les gens ne se battent pas pour ce qu’ils pensent être juste, il n’y a plus de collaboration. La collaboration est une discussion. L’amour est une négociation. On tient un nouveau slogan de T-shirt il me semble.
Dans vos paroles vous évoquez souvent la vie et la mort, l’amour et la haine, la lumière et l’obscurité. Pensez-vous que le monde soit tout blanc ou tout noir ou y a-t-il des zones de gris ?
Je pense qu’il n’y a que du gris. L’empathie c’est le gris entre les gens. Où s’arrête le bien et où commence le mal ? On ne peut pas répondre à ça. Tout est question de contexte, et le contexte est la couleur grise.
La musique de March/2009 m’évoque cet état d’esprit : "Nous ne sommes pas vraiment heureux, mais des jours meilleurs viendront". Etes-vous d’accord avec ça et êtes-vous heureux en ce moment ? Est-ce que la vie devient plus simple en vieillissant ?
Heureusement on devient un peu plus intelligent avec le temps. Mais pourtant on ne peut pas aller plus vite que ça parce que l'on n’a pas besoin de devenir plus intelligent à ce moment précis. Vous voyez ce que je veux dire?
Retournez-vous souvent à San Francisco ? Qu’est-ce qui a changé là-bas depuis vos débuts ?
Je n’y retourne pas souvent à vrai dire. C’est bien plus cher maintenant même si ça l’a toujours été. Mais depuis que SF est devenue la capitale californienne du high-tech et d’internet c’est devenu fou. De très nombreux artistes ont du bouger vers Oakland, Little Brooklyn et New-York.
Une dernière pour la route : est-ce que l’aventure Swell est réellement terminée ?
Je pensais que ça l’était en 2004. Mais ça n’était pas le cas. Donc ma réponse est "je ne sais pas".
Merci.
Le Myspace de Be My Weapon et celui de Swell
A lire aussi : Swell - South of the rain and snow (2007)
L’ultra-minimaliste "Good good good" par Be My Weapon :
2 Comments:
C'est vrai que ça reste une magnifique découverte pour moi, alors que j'avais été déçu par (Swell) quelques mois avant. Comme quoi...
Ces parenthèses, c'est façon (Smog), Michaël ?
Je partage moi aussi l'enthousiasme commun pour ce disque, largement supérieur au dernier Swell !
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