Ce coup-ci, la révélation aura les traits d'un anglais dégingandé et blafard qui a déjà plusieurs albums et EP sous le bras ; ainsi qu'un pédigrée plutôt insolite.
Déjà, le garçon affiche une excentricité qui renverrait Klaus Nomi l'un de ses héros au rang de clone vestimentaire de Thierry Ardisson ou de n'importe quel geek versant dans la folk lo-fi. L'homme a connu une évolution plutôt chaotique, ombrageuse, avec bastons, renvois de pensions en tout genre : une personnalité barrée et difficilement gérable donc.
A bien des égards, l'univers kitsch de ce grand échalas romantique et ténébreux renvoie à l'identité anglaise ultime : pour une fois, il nous sera donné d'écouter un album novateur made in Albion, n'ayant strictement aucune influence indé américaine. OK, l'electro métal coup de poing de "Battle" pourrait avoir été signé par Nine Inch Nails sans problème, mais ne compliquons pas les choses, voulez-vous ! Ce titre excepté, tout ici évoque l'excentricité britannique et qu'il s'agisse de la voix, des partis-pris mélodiques chatoyants, de ce glitter rutilant, ou le chant souvent ampoulé, on a l'impression d'entendre des gens aussi différents que Billy Idol, Marc Almond, Matt Johnson ou David Bowie, jammer ensemble.
Au delà du parcours erratique, Wolf présente cette double originalité de la jouer solo en s'assumant comme tel sans (pré)nom d'emprunt ou pseudo idiot (il n'y en a pas tant que ça en 2009), ainsi que de revendiquer le statut de violoniste et d'altiste. Or, depuis le génial John Cale -il y a bien eu Curved Air Doctors of Madness voire Angelo Branduardi mais...- qui d'autre pour venir haranguer ainsi le public !
Alors un conseil : ne pas se fier au gloubi-boulga indigeste que peut susciter sur le papier cet alliage de musique classique mâtiné de chant traditionnel irlandais, sur son tapis de batteries plus ou moins synthétiques. Dit comme cela, on pense aussitôt à ces horreurs sans nom que sont les épouvantables Era, et cette odieuse manie AndréRieuesque de vulgariser le classique via une variétoche de bas étage.
Pas question non plus de trop s'attarder sur la pochette rétro-futuriste, aux faux airs de jaquette de jeu video pour mutant intergalactique . Certes The Bachelor est une auberge espagnole, mais qu'est censée représenter la balalaïka sous ce fond d'éclairs ?
Ce serait gâcher le plaisir de découverte de tous ces titres que sont "Hard Times", le divin "Damaris", "The Bachelor", qui tiennent tout à la fois des hymnes de stade, de par le redoutable charisme de leur interprète, que des chants traditionnels irlandais.
Ce serait aussi ignorer ces curieuses chansons minimalistes ("Oblivion") à rythmiques breakbeat ou la muzak irrésistible qu'est "Vulture" qui nous ramène aux riches heures synth wave.
Sans compter les paroles provocantes et sexy, jouant d'une sexualité bivalente sur les paroles de nombre des titres de l'album ("I'm just gonna freak you out by being so sexy, you'll just want to dump your wife and run off with a man" dudit "Vulture"), qui donnent à l'album ce parfum de soufre propre à toute réussite britannique - il faut cela aussi pour ressortir du lot.
Même si dans le morceau-titre bien nommé et qui emprunte à un traditionnel, Patrick prétend d'une voix étranglée ne jamais vouloir se marier, c'est pourtant la voie que l'artiste empruntera un an plus tard. Et du haut de ce célibat revendiqué, de porter haut et fort des chansons aussi belles que "The Messenger"ou la lumineuse et déchirante "Who Will".
Déjà, le garçon affiche une excentricité qui renverrait Klaus Nomi l'un de ses héros au rang de clone vestimentaire de Thierry Ardisson ou de n'importe quel geek versant dans la folk lo-fi. L'homme a connu une évolution plutôt chaotique, ombrageuse, avec bastons, renvois de pensions en tout genre : une personnalité barrée et difficilement gérable donc.
A bien des égards, l'univers kitsch de ce grand échalas romantique et ténébreux renvoie à l'identité anglaise ultime : pour une fois, il nous sera donné d'écouter un album novateur made in Albion, n'ayant strictement aucune influence indé américaine. OK, l'electro métal coup de poing de "Battle" pourrait avoir été signé par Nine Inch Nails sans problème, mais ne compliquons pas les choses, voulez-vous ! Ce titre excepté, tout ici évoque l'excentricité britannique et qu'il s'agisse de la voix, des partis-pris mélodiques chatoyants, de ce glitter rutilant, ou le chant souvent ampoulé, on a l'impression d'entendre des gens aussi différents que Billy Idol, Marc Almond, Matt Johnson ou David Bowie, jammer ensemble.
Au delà du parcours erratique, Wolf présente cette double originalité de la jouer solo en s'assumant comme tel sans (pré)nom d'emprunt ou pseudo idiot (il n'y en a pas tant que ça en 2009), ainsi que de revendiquer le statut de violoniste et d'altiste. Or, depuis le génial John Cale -il y a bien eu Curved Air Doctors of Madness voire Angelo Branduardi mais...- qui d'autre pour venir haranguer ainsi le public !
Alors un conseil : ne pas se fier au gloubi-boulga indigeste que peut susciter sur le papier cet alliage de musique classique mâtiné de chant traditionnel irlandais, sur son tapis de batteries plus ou moins synthétiques. Dit comme cela, on pense aussitôt à ces horreurs sans nom que sont les épouvantables Era, et cette odieuse manie AndréRieuesque de vulgariser le classique via une variétoche de bas étage.
Pas question non plus de trop s'attarder sur la pochette rétro-futuriste, aux faux airs de jaquette de jeu video pour mutant intergalactique . Certes The Bachelor est une auberge espagnole, mais qu'est censée représenter la balalaïka sous ce fond d'éclairs ?
Ce serait gâcher le plaisir de découverte de tous ces titres que sont "Hard Times", le divin "Damaris", "The Bachelor", qui tiennent tout à la fois des hymnes de stade, de par le redoutable charisme de leur interprète, que des chants traditionnels irlandais.
Ce serait aussi ignorer ces curieuses chansons minimalistes ("Oblivion") à rythmiques breakbeat ou la muzak irrésistible qu'est "Vulture" qui nous ramène aux riches heures synth wave.
Sans compter les paroles provocantes et sexy, jouant d'une sexualité bivalente sur les paroles de nombre des titres de l'album ("I'm just gonna freak you out by being so sexy, you'll just want to dump your wife and run off with a man" dudit "Vulture"), qui donnent à l'album ce parfum de soufre propre à toute réussite britannique - il faut cela aussi pour ressortir du lot.
Même si dans le morceau-titre bien nommé et qui emprunte à un traditionnel, Patrick prétend d'une voix étranglée ne jamais vouloir se marier, c'est pourtant la voie que l'artiste empruntera un an plus tard. Et du haut de ce célibat revendiqué, de porter haut et fort des chansons aussi belles que "The Messenger"ou la lumineuse et déchirante "Who Will".
Contrairement à ce qui était prévu, la suite de The Bachelor, un 5ème opus intitulé The Conqueror en guise de diptyque ne sera jamais publié. L'insaisissable Patrick Wolf mettant sa carrière discographique entre parenthèses, ne publiant plus que le seul Lupercalia en 2011 puis ......plus rien n'étaient des relectures de ses oeuvres passées.
Un drôle de loup solitaire on vous disait. Et un artiste déjà bien plus important que son oeuvre.
En bref : un disque qui s'apparente à une odyssée : 50' de musique qui donnent l'impression d'avoir revisité moult aspects de la musique pop anglo-saxonne, jusqu'aux tréfonds des folklores traditionnels.
Le site officiel et le myspace
le clip de "Damaris" :
7 Comments:
Waow, Nick! Je n'aurais jamais pensé que cette drama-queen de Patrick Wolf te plairait autant! Du coup, tu me refais écouter un album que j'avais un peu vite mis de côté. A sa sortie, je l'avais trouvé trop indigeste. Il faut dire que le single "Vulture" (qui m'a obsédé toute l'année) avait annoncé tout autre chose, et, même si je garde un très bon souvenir de "Wind in the wires" (2005), je dois avouer que j'attendais le revirement annoncé, soit un album de synth pop acérée et dangereuse. L'album a de beaux moments, il faut seulement être dans la bonne condition d'écoute : il faut d'emblée se dire que l'on va pénétrer un grand mélodrame épique.
Et je me permets de glisser une remarque dont je ne peux m'empêcher : Nick, les paroles de Patrick Wolf n'ont rien de sexuellement bivalent! Ou alors il ne tromperait personne!
Bref... Merci pour la chronique, en tout cas.
C'est vrai que "Vulture", cette tuerie, on a envie de l'entendre et entendre encore, et qu'un album de ce calibre là, on aurait pris sans problème !
Après, le côté disparate, et loukoum c'est vrai -tu as raison de précisr qu'il faut être dans les conditions idoines pour l'écouter ! - font que justement cet album ne ressemble à aucun autre, et qu'on ne sait jamais quel titre est à venir - sauf quand on le connaît déjà par coeur !
Après, cette imagerie de folle tordue et déjantée est-elle la représentation exacte du personnage - tu sembles en savoir long sur le sujet !
Ou bien n'est-ce qu'un gimmick exploité à donf ?!
Ou bien un peu des deux à la fois !
En tout cas, et comme le coborrera mon classement 2009, la découvrte cet artiste a été pour moi, avec celle des excellents parisiens de Film Noir, la principale découverte de ce cru !
Ravi d'avoir tes commentaires ort avisés sur l'album, mon cher Emmanuel !
Moi non plus je n'aurais jamais pensé ça de Nickx. J'ai tellement hésité avant de lui envoyer le disque. En tous cas, pour m'être effectivement chargé de sa promo française, je peux dire que l'artiste a fait parler. Il y a ceux qui ne supportent pas les violons, la voix, les élans lyriques... et il y a ceux qui adorent, et qui sont finalement très nombreux.
Je suis en tous cas ravi de jouer le perturbateur de classement de fin d'année une fois encore. L'année prochaine j'essairai de te balancer ton numéro 1 une semaine avant la fin !
Et pour ma part, j'adore "Who will" ! J'espère que Patrick pourra sortir sa suite l'année prochaine car ça n'est pas encore sûr. Je vous dirai.
A+
Ju
"Après, cette imagerie de folle tordue et déjantée est-elle la représentation exacte du personnage - tu sembles en savoir long sur le sujet !
Ou bien n'est-ce qu'un gimmick exploité à donf ?!"
j'ai l'impression que le côté folle tordue est vraiment au pur premier degré, comme à peu près tout ce que fait Patrick Wolf... ça m'a l'air d'être quelqu'un de très spontané (d'où quelques accrochages en concert qui ont bien fait parler de lui), très candide même, malgré la façon dont il théâtralise tout ce qu'il touche. c'est d'ailleurs je crois ce qui fait que ça fonctionne aussi bien... Quand je l'ai vu à Rock en Seine cet été, les 3/4 du public était formé d'une part de ceux qui n'aimaient pas Prodigy et qui sont venus tenter leur chance et d'autre part ceux qui sortaient des Klaxons et ont échoué là sans trop savoir pourquoi (moi-même j'y allais sans grande conviction bien que j'aime beaucoup les trois premiers albums - un peu moins peut être The bachelor). Pendant les trois premières chansons pas mal de monde se marrait avec plus ou moins de discrétion devant ses costumes improbables, ses mimiques de diva etc, mais au bout d'un certain temps on ne peut qu'être cueilli par la pure conviction qu'il met dans tout ça. Et pourtant Dieu sait que ça frise souvent le ridicule...
après bon, on peut avoir un côté folle tordue et avoir une sexualité ambivalente ; il me semble que si on fouille dans les interviews où Patrick Wolf parle de la question, il parle aussi bien de femmes que d'hommes... N'empêche que les paroles de The Magic Position et de beaucoup d'autres chansons ne laissent pas grande place à l'ambiguïté.
Voila une mise au point qui méritait d'être faite !
Merci au chapelier !
@Ju, sans dévoiler un secret d'alcove, pour mon n°1, tout était consommé depuis le mois de janvier !
"Au delà du parcours erratique, Wolf présente cette double originalité de la jouer solo en s'assumant comme tel sans nom d'emprunt (il n'y en a pas tant en Grande-Bretagne, en cette époque où règne le pseudo idiot !)"
Et pourtant son vrai nom n'est-il pas Patrick Apps ?
Sinon il me semble que cet album parle plus de son passé (au niveau du célibat revendiqué), car en concert il parle ouvertement de la jalousie de son copain quand les fans lui envoient des peluches en forme de licorne :)
Le fait qu'il s'appelle effectivement Patrick Apps dans le civil, n'enlève rien au fait qu'il assume outre son véritable prénom, une identité d'artiste solo.
Ce que ne font pas tant de Iron and Wine, Gravenhurst, Sparklehorse, Cat Power, Bat For Lashes, j'en passe et des plus cons ! Je parle des pseudos !
Car il y a effectivement beaucoup de bonne musique là-dedans !
Mais là au moins, on sait qu'il s'agit d'un artiste solo qui ne se réfugie pas derrière un prétendu nom de groupe ! Et je trouve cela gratifiant !
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