02 janvier 2010

Air - Love 2 (2009)

Après une symphonie de poche plutôt décevante en 2007, le duo versaillais Air était sans conteste attendu au tournant. Certains prévoyaient déjà une énième production ouatée et dénuée de caractère pour ce nouvel opus baptisé sans trop de folie Love 2. Pour ma part, quoiqu'éloigné des rivages du scepticisme, je demeurais méfiant. Méfiance est mère de sûreté. Ceci étant, il ne me fallut guère d'écoutes pour me rendre compte de mon erreur, j'avais oublié trop vite mon goût immodéré pour les caresses synthétiques des deux garçons, leur extraordinaire talent de composition et leur doux génie.

Annoncé par le maxi Sing Sang Sung, nous renvoyant vers les cieux bénis de Moon Safari il y a déjà plus de dix ans, Love 2 laboure peu ou prou le même sillon que ses prédécesseurs. A savoir une électro chic aux forts accents pop et à la douceur légendaire. Plus qu'un aggloméré de qualificatifs une sorte de brillant concept musical, poussant malheureusement parfois à l'ennui à force de lustre et de précision. Pocket Symphony fût, sous certains aspects, l'incarnation de cette lassitude. Si les territoires du duo demeurent globalement les mêmes, Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin se sont cependant attelés à les agrémenter de poussées hormonales beaucoup plus frivoles qu'à l'accoutumée, prenant des atours de rock psyché, de space funk ou bien encore de groove funky séminal. En somme, de quoi mettre un peu de piquant à une musique - vous l'aurez compris - jugée trop souvent gentillette et fleur bleue.


"Do the joy", plage typiquement Air-ienne avec ses vastes lignes de synthétiseurs et ses samples vocaux virginaux, se charge de l'entrée en matière. Rien de bien décoiffant mais le signe avant-coureur d'un met de bon goût qui n'aura de cesse de prendre corps au fil des titres. Il ne faut guère attendre pour que la première "masterpiece" du disque ne se profile et n'affole véritablement nos conduits auditifs. Sans trop de fioritures, mais avec une sens aiguisé des arrangements et de la composition - réflexion récurrente à l'écoute de cette album - le duo versaillais sculpte le scintillant "Love", à la ligne de basse délicieusement groove et aux discrètes percussions boisées me rappelant aux claves des classes de musique de mon enfance... Et voilà une première pépite de sensualité dégainée, délicatement servie dans son écrin synthétique.

De bout en bout raffiné et jubilatoire, Love 2 se partage entre des titres de factures plus classiques - sans pour autant en être moins convaincants - comme "Heaven's light" ou "You can tell it to everybody", dans la lignée directe de Talkie Walkie, et des plages ménageant une place marquée à des influences plus rares chez Air. Le rock "Eat my beat" étale ses guitares éjaculatoires et cabotines tandis que "Missing the light of the day" déroule ses rivières de synthétiseurs 90's et ses voix féminines éthérées. Les arrangements et la production laissent totalement coi et face à tant d'éclat difficile est de se laisser aller à la critique. Les très bons morceaux sont nombreux mais sans hésitation le climax est atteint avec "Tropical disease". Altier avec ses arpèges de piano classique, ses montées cuivrées ronflantes et ses délicates touches de flûtes, le titre s'avère plus que jamais un bijou de composition. Sept minutes de romance à la fois mélancolique et héroïque conclues par un solo de guitare déchirant, et une façon nette de mettre un terme à toute discussion concernant ce nouvel opus. Bluffé, il ne reste plus qu'à courber l'échine devant l'incroyable maîtrise des deux Versaillais. Qui oserait ne pas aimer cette musique ?

En bref : Brillant, sexuel et raffiné, Love 2 vous fera oublier les quelques déceptions ressenties à l'écoute du précédent album de Air. Sans fausse note, un modèle de classe électronique à la française.




A lire aussi : Air - Pocket Symphony (2007) et Air - Live aux Docks des Suds (2007)

"Tropical disease" :



"Sing sang sung" :

3 Comments:

Anonyme said...

j'avoue rester perplexe; cet album est est tout simplement un "retour aux sources" raté. Selon moi,Pocket symphony était un album plus immédiat et dont l'esthétique était une réussite..love 2 est acidulé à l'excès et on espère voir AIR produire autre chose de leur nouveau studio....

Nickx said...
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Nickx said...

Hélas...loin de partager ton entousiasme, cher Fabien, je trouve que Love 2 est le troisième naufage consécutif de Air, et que ça commence à faire beaucoup !


Si j'aime bien les morceaux couillus façon Do The Joy ou Bee A Bee, le reste m'évoque effectivement un peu trop Moon Safari, qui est loin d'être la référence "Aérienne" selon moi.

Je ne retrouve plus l'atmosphère étincelante des B/O de Virgin Suicides ou de City Reading ou celle du chef d'oeuvre 10 000 Herz Legend ! Voire la quiétude ouatée de Premiers Symptomes .

Ici, que de niaiseries indignes du talent de Dunckel et Godin, ces Love, Heaven's Light, Sing Sang Sung ou ce Tropical Disease sirupeux - je me demande bien ce que tu trouves à ce dernier titre -

bref, heureusement que côté live (j'ai pu en témoigner il y a 2 saisons, et sur DODB), le groupe tient encore le choc, parce que côté studio, ça sent la déroute complète.

Du reste, il n'y a qu'à voir les invendus de Air sur les 2 dernières références vinyles au Virgin local, quand en d'autres temps, tout cela s'arrachait.

Enfin, il y a la relève derrière pour compenser un tel pensum.