Ceux qui ont suivi les premiers pas européens de Sparklehorse sur scène en 1997 en première partie de Radiohead n'en avaient pas forcément conservé un souvenir inoubliable. Car à l'image de sa psyché très perturbée, les concerts de Mark Linkhous sous la bannière qu'il s'était créée pouvaient être très décousus.
Une chose est sûre aujourd'hui : il n'y aura plus de tournées de Sparklehorse, tout comme il est certain que la découverte de cet album au titre imprononçable, mariant les obsessions et l'héritage sudiste de Linkhous - Dixieland est le surnom de la Nouvelle Orléans - Johnny Cash et consorts, aura traumatisé de façon durable ceux qui ont eu la chance de vivre l'événement à l'instant présent.
Dès la première écoute de ce disque à la superbe photo de clown, l'on peut tomber facilement amoureux de ces chansons folk tristes, mal produites, de cette voix chétive, de cette instrumentation famélique : de la 6 cordes essentiellement, quelques notes de banjo, et diverses saturations ici ou là, sur les orientations électriques.
On pense bien sûr énormément au grand modèle Neil Young sur les chevrotants "Homecoming Queen" d'ouverture, et la longue ballade "Cow" qui évoquait autant l'insouciance que l'univers hick que l'on subodorait chez Linkhous. Facile d'imaginer en effet, à la manière d'un Will Oldham cette figure peu diserte du renouveau folk US, grattant son manche sur le perron de son ranch, un Stetson vissé sur le crâne et la long rifle posée non loin de lui, pour repousser l'éventuel importun.
Alors, la relecture, la réécoute aujourd'hui des ultra sensibles et mélancoliques "Saturday" et "Spirit Ditch" - deux chansons qui valent à elles seules la possession de ce disque - n'en auront une résonance que plus douloureuse, mais finalement, quel plus beau testament que ce 1er album composé au plus près de l'os, ces magnifiques épures que constituent "Heart of Darkness" et son tapis de pedal-steel (il en existe aussi une extraordinaire version toute pleine de feedback onirique sur l'EP concomitant Chords I've Known), ou bien "Gasoline Alley".
Une impression d'irréel, d'étrangeté était prégnante sur ces chansons enregistrées dans un souffle, celui des cordes vocales, et de la touche magnéto ; à ce titre, il est possible d'entendre un bruit quasi non identifié de fête foraine fantôme, présent en fond de mix entre chaque titre : un truc qui fout bien les jetons, à la la manière des "bruits" spectraux que l'on découvrirait chez un autre brillant émule de notre homme, Conor Oberst alias Bright Eyes.
Et soudain, au détour d'un brelan de chansons pastorales, tristes, désenchantées et/ou alanguies, survenaient les inévitables brûlots, tels cet irrésistible "Rainmaker", single pétaradant ou bien l'ultra violent, au son pourrave "Someday I Will Treat You Good", qui, tels des uppercuts, surgissaient saturés pour nous faire reprendre vie.
Ah, entre autres influences et innénarrables disciples, l'homme comptait Vic Chestnut, avec qui il partagea un temps les affres de la chaise roulante et Daniel Johnston. Dis moi qui tu côtoies, je te dirai...
Mais Mark Linkhous, ce n'était pas uniquement ce bouseux auto-proclamé, fer de lance de la folk et de la country, c'était aussi l'initiateur de projets tels que Dark Night of the Soul, ou bien encore cet esprit ouvert aux musiques électroniques, à qui nous devons encore d'avoir jeté une oreille plus qu'intéressée aux exceptionnels et feus Add N To (X), l'un de ses groupes préférés.
So long, et merci d'avoir existé.
En bref : nonobstant les hommages complaisants et post-mortem, l'une des pierres angulaires de la riche scène folk US des 90's. Un titre aussi fleuve que riche au niveau de son contenu. Incontournable legs.
"Saturday" :
"Spirit Ditch" :
"Someday I Will Treat You Good" :
Une chose est sûre aujourd'hui : il n'y aura plus de tournées de Sparklehorse, tout comme il est certain que la découverte de cet album au titre imprononçable, mariant les obsessions et l'héritage sudiste de Linkhous - Dixieland est le surnom de la Nouvelle Orléans - Johnny Cash et consorts, aura traumatisé de façon durable ceux qui ont eu la chance de vivre l'événement à l'instant présent.
Dès la première écoute de ce disque à la superbe photo de clown, l'on peut tomber facilement amoureux de ces chansons folk tristes, mal produites, de cette voix chétive, de cette instrumentation famélique : de la 6 cordes essentiellement, quelques notes de banjo, et diverses saturations ici ou là, sur les orientations électriques.
On pense bien sûr énormément au grand modèle Neil Young sur les chevrotants "Homecoming Queen" d'ouverture, et la longue ballade "Cow" qui évoquait autant l'insouciance que l'univers hick que l'on subodorait chez Linkhous. Facile d'imaginer en effet, à la manière d'un Will Oldham cette figure peu diserte du renouveau folk US, grattant son manche sur le perron de son ranch, un Stetson vissé sur le crâne et la long rifle posée non loin de lui, pour repousser l'éventuel importun.
Alors, la relecture, la réécoute aujourd'hui des ultra sensibles et mélancoliques "Saturday" et "Spirit Ditch" - deux chansons qui valent à elles seules la possession de ce disque - n'en auront une résonance que plus douloureuse, mais finalement, quel plus beau testament que ce 1er album composé au plus près de l'os, ces magnifiques épures que constituent "Heart of Darkness" et son tapis de pedal-steel (il en existe aussi une extraordinaire version toute pleine de feedback onirique sur l'EP concomitant Chords I've Known), ou bien "Gasoline Alley".
Une impression d'irréel, d'étrangeté était prégnante sur ces chansons enregistrées dans un souffle, celui des cordes vocales, et de la touche magnéto ; à ce titre, il est possible d'entendre un bruit quasi non identifié de fête foraine fantôme, présent en fond de mix entre chaque titre : un truc qui fout bien les jetons, à la la manière des "bruits" spectraux que l'on découvrirait chez un autre brillant émule de notre homme, Conor Oberst alias Bright Eyes.
Et soudain, au détour d'un brelan de chansons pastorales, tristes, désenchantées et/ou alanguies, survenaient les inévitables brûlots, tels cet irrésistible "Rainmaker", single pétaradant ou bien l'ultra violent, au son pourrave "Someday I Will Treat You Good", qui, tels des uppercuts, surgissaient saturés pour nous faire reprendre vie.
Ah, entre autres influences et innénarrables disciples, l'homme comptait Vic Chestnut, avec qui il partagea un temps les affres de la chaise roulante et Daniel Johnston. Dis moi qui tu côtoies, je te dirai...
Mais Mark Linkhous, ce n'était pas uniquement ce bouseux auto-proclamé, fer de lance de la folk et de la country, c'était aussi l'initiateur de projets tels que Dark Night of the Soul, ou bien encore cet esprit ouvert aux musiques électroniques, à qui nous devons encore d'avoir jeté une oreille plus qu'intéressée aux exceptionnels et feus Add N To (X), l'un de ses groupes préférés.
So long, et merci d'avoir existé.
En bref : nonobstant les hommages complaisants et post-mortem, l'une des pierres angulaires de la riche scène folk US des 90's. Un titre aussi fleuve que riche au niveau de son contenu. Incontournable legs.
"Saturday" :
"Spirit Ditch" :
"Someday I Will Treat You Good" :
4 Comments:
émo-country, cowbow suicidaire, faux bouseux-vrai poète, c'est la revanche des blancs, quoi...
Excellente chronique!
J'en profite pour dire que Add N To (X) était effectivement un groupe génial! "On The Wires Of Our Nerves", avec sa pochette gore à souhait, est un énorme classique!
Je ne m'étais pas encore prononcé mais oui, ce premier album est également exceptionnel! Deux chroniques pour Sparklehorse, il fallait bien ça.
Bises.
Ju
Hello.
Tout comme toi, j'affectionne aussi beaucoup la thématique du clown, surtout le clown triste, noir ou Fellinien (tout comme la figure de l'ange, ultra poétique).
Tout comme toi, je déplore le décès de Mark Linkous.
Tout comme toi, j'adoooooooooooore Sparklehorse. Mais moi, c'est "It's a wonderful life" mon préféré....
A + +
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