Les Ruby Suns, pour beaucoup c'est un disque un peu hype sorti en 2005, avec une pochette enfantine gorgée de sucre. Lecteurs des Inrocks et autres canards musicaux à la pointe découvraient cette pop venue de loin, très loin. Auckland, Nouvelle Zélande pour être exact. Venu de Los Angeles, le californien Ryan Mc Phun est ce que l’on peut appeler un back-packer. Jamais en place, sans cesse en quête de dépaysement, il a construit non sans l’aide de quelques amis un joli petit début de discographie voyageuse. Ce que l’on sait moins, c’est que trois ans avant le coup de projecteur, en 2005, les Ruby Suns fraîchement formés livraient un album éponyme exemplaire. De la sunshine pop en veux-tu en-voilà, complètement touchée par la grâce Wilsonienne ("Criterion", quel morceau !). Les huit kiwis d’alors y enchaînaient sans vergogne mélodies en extase, harmonies vocales lumineuses et instrumentations vintage avec une production minimale, comme l’ont fait ensuite (ou même pendant) les Apples In Stereo.
Trois ans plus tard, Ryan Mc Phun modifie quelque peu son line-up, encore une fois au gré de ses voyages et rencontres, et livre l’opus destiné à exposer le groupe au plus grand nombre. Au programme un album presque world tant les influences jouent à saute-mouton entre les continents. Entre l’espagnisant "Oh mojave", le polynésien "Tane mahuta" ou l’africain "Ole Rinka", il y en a pour tous les goûts. L’album est très riche, très dense malgré la baisse d’effectif, et surtout il annonce déjà le travail à venir de Panda Bear. La majorité des titres sont en effet à moitié noyés sous des atours ouatés, sortes d’échos psychés qui font chanceler le corps et l’esprit. Sans véritable single, les Ruby Suns se sont effectivement ouvert des portes avec ce charmant disque patchwork, tout en commençant à s’éloigner de leurs débuts 60’s.
Enfin, cette année, les Ruby Suns sont de retour. Et pas de doute, une fois de plus, Merriweather Post Pavillion est passé par là. Dès "Sun lake rinsed" la voix de Ryan se fait plus perchée et lointaine, et les instrumentations électroniques et hachées. Seulement n’est pas Panda Bear qui veut. "Dusty fruit" est bien sympa, mais "Brother sport" marchait beaucoup mieux. Plusieurs autres titres dans le même genre sont carrément indigestes. Je pense à "Mingus and pike" ou "Cinco" qui pourtant placés en début de disque n’aguichent pas forcément. On y trouve beaucoup plus d’ambiance et de bruit que de musique au final. Alors sauvons ce qui doit être sauvé : "Cranberry" qui à 1’50" se transforme en intro de l’Ile de la Tentation mais qui procure une transe agréable. Mais aussi "Haunted house" qui ressemble comme deux gouttes d’eau au dernier Yeasayer, et enfin "How kids fail" dont les nappes synthétiques ont le mérite de s’emballer un peu plus que la moyenne.
En bref : 3 disques inégaux mais un auteur certainement pas en manque d’inspiration pour un groupe de sunshine pop de plus en plus drogué. On attend le prochain virage.
Le Myspace
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Les Ruby Suns avant ("Criterion"), dans un concert à emporter mythique, et après, avec "Cranberry" :
2 Comments:
Salut.
Voici quelques temps que je n'avais pas laissé de commentaires sur votre excellent blog !
The Ruby Suns : Je connais un peu "Sea Lion" qui est, effectivement, un disque de pop psyché, ouaté, aux diverses influence "world" (j'aime pas tellement ce mot tant il a été galvaudé).
Je ne savais même pas qu'ils allaient en sortir un nouveau ! D'après ce que tu en dis, j'aimerai bien le découvrir. De plus, les références cités ne font qu'aiguiser encore plus ma curiosité : Yeasayer (j'adore, surtout le premier "All Hour Cymbals" qui est un de mes disques de chevet), "Merriweather Post Pavillion" (j'avoue, c'est avec "Feels" un des rares disques des A.C que j'arrive a écouter en entier).
A + +
C'est dingue le nombre de groupes qui font de la pop avec des beats dance/disco/house en ce moment!
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