Le dernier Emeralds m’a accompagné tout l’été. Sorti en mai, Does It Look Like I'm Here ? est un album auquel il est extrêmement facile de s’abandonner. A l’heure où la kosmische musik a plus que jamais la cote, le son du trio de Cleveland a tous les arguments pour se distinguer du tout-venant, tout en dépassant, de loin, l’hommage scolaire aux pères fondateurs. Intense, parfois très sérieux et solennel, l'objet se compose de douze pièces assez courtes (à l’exception de "Genetic" et ses 12 minutes), peuplées de drones à la dérive, et rythmées par les flux et reflux des vagues synthétiques.
Dans la géométrie cosmique des Emeralds, les courbes sinusoïdales des arpèges occupent une place centrale, apportant à la fois l’harmonie et la structure rythmique. La spirale est aussi un motif récurrent (Cf. les drones de "Goes By" ou de "Summerdata"). Dans les liner notes de Picture Music (1976), Klaus Schulze disait vouloir "créer un son que l’on peut voir". Le gourou de l’école planante teutonne aurait sans doute été séduit par la puissance d’évocation visuelle de la musique des Américains – une musique géométrique, donc, mais aussi lumineuse et colorée, jouant sur les contrastes et les nuances des tons. De quoi faire turbiner les usines à images que sont nos cerveaux.
Mais le son des Emeralds ne serait pas aussi prenant sans la guitare et les pédales de Mark Mc Guire. Qu’il se la joue Manuel Göttsching, comme sur "Genetic", qu’il injecte un parfum baléarique à un titre comme "It Doesn’t Arrive", ou lâche un petit riff folk ("Now You See Me"), il donne son supplément d’âme, sa substance et son équilibre à l’album. C'est un peu le soliste du groupe, quoi.
Does It Look Like I’m Here ? surprend par sa capacité à emmener très loin celui qui se donne la peine d’y plonger, et à assumer ses désirs de grandeur, voire d’immensité. En un mot, son lyrisme. Je connais mal les autres productions du trio, qui semble habituellement plus noisy, mais ce troisième album officiel, après une tonne de CDR et de cassettes sortis sur une douzaine de labels, est d’une solidité qu’on devine à l’épreuve du temps.
En bref : un voyage astral d’une intensité et d’un lyrisme rares. Guitare, drones et synthétiseurs s’y accordent à la perfection. L’un de mes albums de l’année, sans l’ombre d’une hésitation.
Emeralds – Genetic.mp3
Leur blog
Le site du label Editions Mego
Dans la géométrie cosmique des Emeralds, les courbes sinusoïdales des arpèges occupent une place centrale, apportant à la fois l’harmonie et la structure rythmique. La spirale est aussi un motif récurrent (Cf. les drones de "Goes By" ou de "Summerdata"). Dans les liner notes de Picture Music (1976), Klaus Schulze disait vouloir "créer un son que l’on peut voir". Le gourou de l’école planante teutonne aurait sans doute été séduit par la puissance d’évocation visuelle de la musique des Américains – une musique géométrique, donc, mais aussi lumineuse et colorée, jouant sur les contrastes et les nuances des tons. De quoi faire turbiner les usines à images que sont nos cerveaux.
Mais le son des Emeralds ne serait pas aussi prenant sans la guitare et les pédales de Mark Mc Guire. Qu’il se la joue Manuel Göttsching, comme sur "Genetic", qu’il injecte un parfum baléarique à un titre comme "It Doesn’t Arrive", ou lâche un petit riff folk ("Now You See Me"), il donne son supplément d’âme, sa substance et son équilibre à l’album. C'est un peu le soliste du groupe, quoi.
Does It Look Like I’m Here ? surprend par sa capacité à emmener très loin celui qui se donne la peine d’y plonger, et à assumer ses désirs de grandeur, voire d’immensité. En un mot, son lyrisme. Je connais mal les autres productions du trio, qui semble habituellement plus noisy, mais ce troisième album officiel, après une tonne de CDR et de cassettes sortis sur une douzaine de labels, est d’une solidité qu’on devine à l’épreuve du temps.
En bref : un voyage astral d’une intensité et d’un lyrisme rares. Guitare, drones et synthétiseurs s’y accordent à la perfection. L’un de mes albums de l’année, sans l’ombre d’une hésitation.
Emeralds – Genetic.mp3
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3 Comments:
Bien d'accord avec toi! Quel bon album de synthèse...
Salut.
Chronique très pertinente pour un album au psychédélisme synthétique et géométrique !!
Mais il faut quand même dire que c'est un album légèrement complexe à pénétrer pour les non-initiés à ce genre de musique.
Je ne suis pas un très grand fan des musiques dites "drones" où les titres s'étirent très longuement avec des nuances infimes, où la répétition est reine !
Mais après une infime période de surprise (2/3 écoutes), j'ai succombé aux charmes multiples de cette œuvre. J'aime le mettre quand je suis couché le soir, dans mon baladeur MP3, le casque sur les oreilles et partir dans le pays des songes.
"Does It Look Like I’m Here ?" devient alors le guide idéal pour voyager dans mon monde onirique intérieur, contrée faite de rêves à la douceur élégiaque !
Dans la foulée, je me suis procuré de Mark Mc Guire son album "Tidings-Amethyst Waves", mix idéal de guitares et d'ambiant poético-onirique !!!
A + +
Salut Francky,
Tu as bien raison, c'est un album à déguster dans certaines conditions (le soir, au casque...).
Par contre je le trouve relativement accessible par rapport à la moyenne des productions drone/ambient/psyché. D'ailleurs, les titres ne sont pas si longs que ça!
Quant à l'album de McGuire, je vais suivre ton conseil et y jeter une oreille très vite!
A+
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