Il y a toujours des groupes que l’on regrette d’avoir découvert sur le tard. Moi-même il y a quelques années je me souviens avoir reproché à mon grand frère de ne pas m’avoir fait écouter Elliott Smith plus tôt. Des artistes dont on sait immédiatement qu’ils auraient pu nous accompagner et nous aider à concevoir la bande originale de notre vie. Comme il n’est jamais trop tard, c’est en tombant par hasard sur une rare interview de John T. Pearson chez Pinkushion (un grand merci à eux) que j’ai basculé dans l’univers des Texans Lift To Experience. Un personnage à la Jeff Mangum, qui après avoir composé cette unique œuvre long format, mit fin à jamais à son groupe pour disparaître du grand public si jamais il y était déjà rentré. On croise aujourd’hui ce barbu énigmatique entre Austin et Paris où il aime jouer acoustique et solo. Et cette œuvre en question rentre complètement dans cette catégorie d’album insurpassé, comme Pet Sounds, Loveless ou In The Aeroplane Over The Sea. Un album qui c’est évident ne peut que remporter ses cinq étoiles à la fin, désolé pour le spoiler.
Le contexte : John T. Person est un fils de Pasteur, né dans un Etat dont on connait tous les travers politiques. Ami de Trail Of Dead…, il s’entoure sobrement d’Andy Young à la batterie et de Josh Browning à la basse. John, lui, s’arme d’une seule et unique Fender Jazzmaster pour tout l’album, la guitare de Jay Mascis de Dinosaur Jr par exemple, mais aussi celle de Loveless justement des Bloody Valentines. Dans son esprit à lui, le Texas est au centre du monde, et c’est l’heure de l’apocalypse. Nait alors un concept album effrayant, où chaque parole est biblique ou mystique, jusqu’à cet enchaînement génial de titres liés à la suite sur la tracklist, jugez du peu : "Just as was told, Down came the angels," "Falling from cloud 9", "With crippled wings", "Waiting to hit", "The grounds so soft". Ca n’est que le premier cd, oui parce que l’on parle bien de double album Monsieur ! Quant au format : 2 disques, 11 titres entre 5 et 9 minutes pour au final plus d’une heure et quart de morceaux qui semblent n’en faire qu’un.
Evidemment la grande force de ce disque, c’est la voix de John. Lyrique, pénétrante, sobre, poétique et souvent rapprochée de Jeff Buckley. C’est indéniable, il y a un élément commun entre ces deux là, mais attention on ne se retrouve pas face à une pâle copie de l’auteur de Grace. Ici il n’y a que des "Grace" puissance mille pour vous dire. Et il se tient donc là, avec ses psaumes incantatoires, tel un évangéliste convaincu (pléonasme), et il nous fait voyager dans des terres arides que Mogwaï n’aurait pas reniées. C’est en fait un mal contagieux imparable. Pas forcément gai (euphémisme), John porte en lui un vague à l’âme qu’il exorcise à chaque instant, en spoken words ou en gueulant. Un western musical éprouvant. "Just as was told" est la première pierre de l’édifice, l’ambiance est posée, ça secoue. Des montées, des descentes, des breaks, une guitare qui en vaut douze, un texte biblique prêché par quelqu’un qui semble pousser son dernier souffle à chaque instant.
"Down came the angels". Minimaliste. Seul au fond de sa grotte, John parle à sa guitare et devient inquiétant. C’est d’autant plus la claque quand commence "Falling from cloud 9", premier morceau immense de cette œuvre. A trois ils organisent ce mur du son à la fois rock et noisy, et donnent de la flamboyance à leurs morceaux. Sans emphase, des classiques instantanés. Inutile de tous les nommer non plus. Même si on trouve grâce et beauté sur "With crippled wings", tension permanente sur "Waiting to hit", trémolos de guitare, explosion puis A Capella miraculeux sur le grandiose "The ground soft". Un dernier pour la route et non des moindres, "These are the days", titre ultime de ce disque, qui part d’arpèges célestes pour accoucher d’un délire noisy dantesque. Est-il besoin d’en rajouter ?
En bref : le seul et unique testament d’un groupe étoile filante. Sombre, hypnotique, bouleversant, inoubliable, cet objet est destiné à devenir culte. Ceux qui n’y adhèrent pas seront maudits lors du jugement dernier.
Le Myspace
A lire aussi : Neutral Milk Hotel - In The Aeroplane Over The Sea (1998)
"These are the days" :
"Falling from cloud 9" :
Le contexte : John T. Person est un fils de Pasteur, né dans un Etat dont on connait tous les travers politiques. Ami de Trail Of Dead…, il s’entoure sobrement d’Andy Young à la batterie et de Josh Browning à la basse. John, lui, s’arme d’une seule et unique Fender Jazzmaster pour tout l’album, la guitare de Jay Mascis de Dinosaur Jr par exemple, mais aussi celle de Loveless justement des Bloody Valentines. Dans son esprit à lui, le Texas est au centre du monde, et c’est l’heure de l’apocalypse. Nait alors un concept album effrayant, où chaque parole est biblique ou mystique, jusqu’à cet enchaînement génial de titres liés à la suite sur la tracklist, jugez du peu : "Just as was told, Down came the angels," "Falling from cloud 9", "With crippled wings", "Waiting to hit", "The grounds so soft". Ca n’est que le premier cd, oui parce que l’on parle bien de double album Monsieur ! Quant au format : 2 disques, 11 titres entre 5 et 9 minutes pour au final plus d’une heure et quart de morceaux qui semblent n’en faire qu’un.
Evidemment la grande force de ce disque, c’est la voix de John. Lyrique, pénétrante, sobre, poétique et souvent rapprochée de Jeff Buckley. C’est indéniable, il y a un élément commun entre ces deux là, mais attention on ne se retrouve pas face à une pâle copie de l’auteur de Grace. Ici il n’y a que des "Grace" puissance mille pour vous dire. Et il se tient donc là, avec ses psaumes incantatoires, tel un évangéliste convaincu (pléonasme), et il nous fait voyager dans des terres arides que Mogwaï n’aurait pas reniées. C’est en fait un mal contagieux imparable. Pas forcément gai (euphémisme), John porte en lui un vague à l’âme qu’il exorcise à chaque instant, en spoken words ou en gueulant. Un western musical éprouvant. "Just as was told" est la première pierre de l’édifice, l’ambiance est posée, ça secoue. Des montées, des descentes, des breaks, une guitare qui en vaut douze, un texte biblique prêché par quelqu’un qui semble pousser son dernier souffle à chaque instant.
"Down came the angels". Minimaliste. Seul au fond de sa grotte, John parle à sa guitare et devient inquiétant. C’est d’autant plus la claque quand commence "Falling from cloud 9", premier morceau immense de cette œuvre. A trois ils organisent ce mur du son à la fois rock et noisy, et donnent de la flamboyance à leurs morceaux. Sans emphase, des classiques instantanés. Inutile de tous les nommer non plus. Même si on trouve grâce et beauté sur "With crippled wings", tension permanente sur "Waiting to hit", trémolos de guitare, explosion puis A Capella miraculeux sur le grandiose "The ground soft". Un dernier pour la route et non des moindres, "These are the days", titre ultime de ce disque, qui part d’arpèges célestes pour accoucher d’un délire noisy dantesque. Est-il besoin d’en rajouter ?
En bref : le seul et unique testament d’un groupe étoile filante. Sombre, hypnotique, bouleversant, inoubliable, cet objet est destiné à devenir culte. Ceux qui n’y adhèrent pas seront maudits lors du jugement dernier.
Le Myspace
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"These are the days" :
"Falling from cloud 9" :
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