30 novembre 2010

Horror Inc. - Aurore (2010)

Tout, dans la trajectoire de Marc Leclair, semble traduire une volonté d’éviter le succès et de se faire le plus discret possible. Révélé sous le nom d’Akufen grâce à My Way (2002), l’un des albums électroniques les plus marquants de la décennie passée, le Montréalais n’a pas enchaîné les sorties et écumé les festivals comme beaucoup d’autres l’auraient fait. Après quelques maxis et un mix Fabric, il a délaissé la house pour emprunter une toute autre direction sur Musique pour trois femmes enceintes, admirable pièce d’ambient, en 2005. Et depuis, rien. Cinq grosses années de silence, probablement consacrées à la gestion de son label Musique risquée, et tout juste ponctuées par de très rares performances live.

C’est en catimini qu’Akufen fait aujourd’hui son retour sous un de ses anciens pseudos, Horror Inc. Trois titres, c’est a priori fort court après une si longue absence. Qu’importe, l’EP s’avère magistral de densité et de cohérence. "Aurore" débute comme un track lambda de tech-house, bourré de bleeps dissonants. Mais c’est évidemment une fausse piste. Très vite, des échos de guitare traversent l’espace sonore comme des fantômes, bientôt rejoints par des violons qui, à mesure qu’ils se chevauchent, forment un véritable orchestre. L’expert du collage n’a visiblement rien perdu de sa superbe, même s’il utilise des samples plus longs et moins nombreux que par le passé.

De l’"Aurore", le Canadien passe directement au "Crépuscule", qui prend les formes angoissantes d’un jazz boiteux, emmené par un piano glaçant et saupoudré de voix à la Burial. Un titre magnifique mais franchement cafardeux, à écouter à dose homéopathique. Ce n’est qu’après cette tranche de rigolade que résonnent les premiers carillons du titre le plus impressionnant de l’EP, "Dans La Nuit", qui s’étale sur plus de 11 minutes et se découpe en deux parties. La première, plutôt housey et dotée d’une ligne de basse ultra-funky, évoque Pantha Du Prince ou Four Tet. Puis le beat se dissout et laisse sa place à un piano, qui distille une mélodie inquiétante. C’est alors que le morceau bascule, par l’entremise d’une contrebasse dodue, en une sorte de be-bop hanté, sur lequel vient se greffer un éblouissant solo de trompette.

Horror. Inc et Akufen sur Myspace

En bref : le virtuose montréalais Marc Leclair revient après cinq ans d’absence avec trois titres aussi somptueux qu’angoissants, dont l’immense "Dans La Nuit", l’un des morceaux de l’année, entre jazz et house onirique. Indispensable.








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29 novembre 2010

Concours - Concert A Place To Bury Strangers à Bordeaux, places à gagner


Le jeudi 9 décembre prochain, les programmateurs d’Allez les filles font venir au BT59 LE groupe le plus bruyant de New-York pour un concert qui s’annonce d’ores et déjà d’anthologie. La bande d’Oliver Ackermann (un spécialise des effets guitaristiques taillés au millimètre) a déjà sorti deux Ep cette année (Ego Death et I Lived My Life To Stand In The ShadowOf Your Heart) et la recette reste inchangée : rythmiques tapageuses et riffs ultra saturés pour un mur du son qui se veut imposant mais pas tape à l’œil. Pour couronner le tout les Américains de Young Prisms seront de la (première) partie.

A cette occasion, Dodb et Allez les filles vous proposent de gagner 2 places pour ce concert. Pour cela il suffit de répondre à la question suivante :

Quel disque de 1989 chroniqué sur Dodb aurait pu influencer A Place To Bury Strangers ?

Et d’envoyer vos réponses avant le mardi 7 décembre au soir à contact@desoreillesdansbabylone.com. Bonne chance à tous.

Le Myspace du groupe

Réserver sa place

"Ego death" :



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27 novembre 2010

Bee Gees - Odessa (1969)

C'était bien avant les pattes d'eph' et les cols pelle à tarte de l'ère disco. Au commencement, et comme tant de groupes britanniques avant eux, les Bee Gees donnaient dans l'orfèvrerie pop. Et qu'un exil aux antipodes les ait quelque peu fait oublier de leurs contemporains ne change rien à l'affaire. Voici en tout cas un cas pas loin d'être unique (Beach Boys inclus) de fratrie dorée et de musiciens à tout faire.

C'est d'abord au sein de leur pays d'accueil austral que les frères Gibb (Barry en lead plus guitare, Robin lead chevrotante et Maurice, basse, orgues, arrangements) accompagnés de deux connaissances locales (Vince Melouney à la guitare et Colin Petersen à la batterie) fourbirent leurs premières armes, avant que la notoriété ne les rattrape et les fasse s'exporter. Les années 60 pour la fratrie qui nous occupe, c'est une grosse poignée d'albums, dont au moins quatre d'entre eux, The Bee Gees 1st (1967), Horizontal et Idea, tous deux de 1968, et donc l'objet qui nous occupe, ne sauraient faire défaut à vos discothèques.

On peut parler d'objet à l'aune de cette magnifique pochette de velours -il n'y en a pas eu tant- rouge et doré, qui renferme ce double album, dernier fait d'armes d'une très grande année 1969 -peut-être la meilleure cuvée de tous les temps- et aussi, testament d'un lien fraternel qui va s'effriter et partir en live ; les deux "accompagnateurs" des Gibb en feront également les frais.
Odessa, faux concept-album à la gloire d'une cité oubliée -celle qui donne son titre à l'album- et par delà, ode à un modèle finissant incarné par l'empire anglais (à la façon du ....Village Green...des Kinks) est une superbe collection de chansons en forme de hit-parade des styles musicaux les plus divers et variés que l'on pouvait trouver au carrefour des 70's, au sein des meilleures écuries anglo-américaines. Du Beatles millésimé 67-69 et empreint de majesté ("Black Diamond", Melody Fair"), du Band pur jus '"Marley Purt Drive" voire country crin-crin ("Give Your Best") échappé d'un album des Byrds, de la pop cabaret irrésistible façon Kinks ("Whisper Whisper", "Suddenly"), des chorales empruntées à l'art Beach Boysien ("Edison", "I Laugh in your Face") ou bien ce magnifique "You'll Never See My Face Again" que n'auraient pas renié les Zombies.

La touch Bee Gees dans tout ça ? D'abord une capacité de synthèse, un songwriting au-dessus de tout soupçon, puis le mélange de timbres vocaux qui pourra en irriter certains, en particulier en ce qui concerne le falsetto bêlant de Robin, finalement pas si éloigné de celui d'Arthur Lee. Heureusement, Barry et sa voix plus grave et lennonienne viennent contrebalancer les envolées lyriques du plus frondeur des frères Gibb, Maurice harmonisant derrière et distillant des arrangements savants.
Quelquefois, l'expérience confine au cheesy sur certains titres vraiment très orchestrés et ampoulés ("Lamplight", Sound of Love"...), essentiellement sur le deuxième disque. "Lamplight sera d'ailleurs objet de discorde quant au choix de single réfuté par Barry, émanation de Robin et aboutira au départ de ce dernier. Provoquant la première fin des Bee Gees, à coup sûr celle de leur âge d'or.
Mais les inconditionnels de pop baroque le savent : les Bee Gees bien que moins cités que leurs congénères (voir les groupes précités) étaient de la race des grands et pas seulement de ceux que l'on trouve sur les dance-floors à facette. Ce 6ème album témoin de leur savoir-faire en est la preuve irréfutable.

En bref : un des très nombreux albums méconnus de la décennie triomphante à (re)découvrir. Pour qui ignorait que les frères Gibb étaient autre chose qu'une bande de gouapes fashion, l'écoute de ces compositions racées fera date.





Le site officiel et le Myspace

"Whisper Whisper" :



"You'll Never See My Face Again" :


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24 novembre 2010

The Rebels Of Tijuana - Where Did This Trip Go Wrong ? (2010)

Il s'agit là d'un album tout en paradoxes ! Difficile de savoir au bout de quelques écoutes si cet album est teinté d'originalité ou inspiré d'un bout à l'autre. Original, il l'est par sa position dans la carrière du groupe. Et oui, le côté yéyé et très frenchy de leur premier Ep est réduit à l'état de cendres ici. Des textes en anglais sont posés sur des mélodies rock'n'roll : ce qui pourrait paraître d'une banalité presque affligeante fait ici office de surprise, plutôt alléchante d'ailleurs. De plus, il ne s'agit que d'un interlude anglicisant avant un nouvel Ep en français. Neuf titres, plutôt long pour un interlude, non ?

Mais il faut dire que le temps passe vite avec les Rebels of Tijuana : un concentré d'énergie sur un rythme tapageur et l'on ne sent pas s'écouler ces neuf titres que déjà on relance l'album pour une nouvelle écoute. Autre phénomène intéressant, la facilité avec laquelle les paroles nous rentrent en tête. Ainsi, quelques écoutes suffisent pour chantonner "Johnny The Rat" toute la journée.

Et si l'on s'habitue si vite à la musique que produisent les Rebels of Tijuana, c'est que l'influence s'y fait sentir d'un bout à l'autre. Pour peu que l'on ne soit pas trop blasé, il est aisé de trouver ça délicieux et de se laisser porter par ces effluves de Brian Jonestown Massacre, The Coral ou Paul Weller. Ces influences ne sont pas moindres, et adaptées avec brio ; le tout surplombé par un timbre rauque duquel se dégage un accent bien de chez nous qui rappelle ce que nous sommes en train d'écouter : des Français qui contribuent à l'effervescence d'un rock made in France.

Alors au fil de cet album, on se laisse porter par des titres au potentiel rock flagrant ("Sweet Black Angie "- au milieu de laquelle est introduite un rythme façon The Doors - , "Hacienda" - qui fait office de coup de cœur sur ces neufs titres - ), parfois un peu trop connus de nos oreilles bercées par les classiques ("City Night Light" qui nous rappelle les Stooges) mais souvent rattrapés par des titres au potentiel affectif certain ("Blowing Away").

En bref : ce que les Rebels Of Tijuana font, d'un genre à l'autre, ils le font avec conviction et c'est surtout cela qui fait que l'on s'attache si vite à cet album influencé mais très bien mené.





Le Myspace

"Fire Till The Break of Dawn" :


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23 novembre 2010

Superpitcher - Kilimandjaro (2010)

Pour les plus pointus d’entre nous, l’allemand Aksel Schnaufler est qualifié de popeux de l’électro. Il n’empêche. Pour qui n’y connait rien, ou peu, en tech house allemande, ce disque est d’une infinie fraîcheur. Six ans se sont écoulés depuis son premier Lp de 2004 Here comes love (un titre purement pop) et personnellement je n’avais plus entendu parler de lui depuis son super side project Supermayer. Toujours chez Kompakt, le dandy blondinet livre un trip facile à vivre, mélancolique bien que réconfortant.

Après quelques gloussements d’oiseaux, le dub branleur "Voodoo" annonce la couleur. Un oreiller musical propice au chill qui ne peut qu’enchanter. Et puis un peu d’acide pop prend le pas. "Country boy" est tout aussi attachant. Sans crier gare, la grosse track du disque arrive quai n°3. Elle a pour nom "Rabbits in a hurry" et c’est un vrai labyrinthe qui n’est pas sans rappeler les Talking Heads, pour le coup bien passés à l’eau de Cologne. On est à peine redescendu lorsque la dance cotonneuse de "Friday night" fait son entrée. Encore une fois les effets pop sont nombreux, même si on prend sacrément des basses au casque.


Les deux titres suivants font presque office de pause. Mais Superpitcher ne vous laisse jamais bien longtemps sans substance et la lascivité du suavissime "Who stole the sun" vous plonge dans une transe immobile ambiance farniente les cocotiers en moins. Mon morceau favori reste encore à venir : "Black magic" ! De la soul moriconienne qui suspend temps et émotions le temps d’une boucle répétitive purement addictive.

En bref : à ceux qui disent que ce disque est chiant et sans saveur, je dis non. A ceux qui rentrent facilement dans cette électro bien allemande accessible et hédoniste, je dis oui !



La page de Superpitcher

"Black magic" et "Voodoo" :





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21 novembre 2010

Interview - Family Of The Year


Il en aura surpris plus d’un cet album. C’est sûr. Bien plus qu’un énième "collectif" folk périssable, la famille californienne de l’année a su se trouver un créneau musical qui lui va bien et qui nous nous enchante. Alors forcément on a voulu en savoir un peu plus. Chef de tribu sans l’être, Sebastian Keefe a bien voulu répondre aux questions de Nickx et ainsi nous dévoiler quelques scoops.

Question classique mais immanquable, quelles sont vos influences ?

Nous écoutons beaucoup de classiques : Bodb Dylan, George Harrison, Tom Petty, Joni Mitchell, mais aussi beaucoup de nouveaux trucs comme Kesha, Phoenix, Givers, Warpaint, Grizzly Bear, Hooray For Earth. C’est intéressant d’avoir une idée d’où se situe notre musique aujourd’hui.

Avez-vous du succès aux Etats-Unis ?

Et bien nous sommes assez fortunés pour avoir fait le tour du pays avec d’autres supers groupes, et à l’heure où nous parlons nous commençons à travailler sur un nouvel album. Jusqu’à présent nous avons été très bien reçus, et tous les encouragements de fans nous font nous sentir très chanceux. Donc oui, je trouve que nous avons du succès.

Votre groupe était-il un groupe de "campus" à la base ?

Non. Quelques uns d’entre nous se sont rencontrés à l’université, mais nous en avions déjà assez de la vie de campus lorsque nous avons créé le groupe.

Pourquoi votre album sort avec un packaging si différent en Europe ?

La version européenne de notre album comporte des chansons différentes de la version américaine donc nous avons pensé que ce serait une bonne idée de faire un artwork différent également. Tout simplement.

Quel est votre album de folk préféré de ces dix dernières années ?

Where The Humans Eat par Willy Mason, ainsi que son album suivant If The Ocean Gets Rough. C’est un ami proche, mais plus que tout c’est un excellent songwriter qui a beaucoup de sagesse à partager.


Etes-vous préparés à un succès massif ?

Nous l’espérons.

Avez-vous d’autres hobbies que la musique ?

James adore cuisiner. Joe aime jouer au foot. Christina aime faire du vélo. Et moi j’aime pêcher.

Etes-vous intéressés par la culture européenne, plus spécifiquement par la littérature ou le cinéma ?

L’histoire de l’Europe est très intéressante. Surtout celle des Romains et l’époque du moyen-âge. Joe aime aussi beaucoup la musique classique. Mais plus que tout nous sommes impatients de découvrir toutes ces villes historiques en tournée.

Que pensez-vous de la scène folk anglaise et mixte des années 70’s (Pentangle, Fairport Convention, Steeleye Span) ?

Honnêtement ces dernières années nous avons essentiellement écouté les grands classiques folk californiens. Joe et moi-même sommes de Wales et notre père ne nous a fait écouter de la folk anglaise que lorsque nous étions enfants.

Etes-vous électriques par choix, ou est-ce quelqu’un qui influence cette direction dans le groupe ?

Rien n’est vraiment fait exprès. Nous ne voulons pas paraître prétentieux, mais chez nous la musique sort naturellement sans effort de réflexion préalable. Des fois c’est affreux et des fois c’est très bon.

A lire aussi : Family Of The Year - Our Songbook (2010)

Le site officiel

Le tout nouveau clip de "Stupidland" :



Crédit Photo Steven Barston

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17 novembre 2010

Caribou + Iaross + Andromakers - Concert à Victoire 2 le 04/11/10


Le Jeudi 4 Novembre 2010 était le jour béni de la semaine. En tête d’affiche de Victoire 2, le grand Caribou, seulement deux dates en France, et par chance j’ai pu avoir l’occasion d’en profiter. Avant toute chose, il faut se mettre en condition, Caribou, mis à part être "un cervidé des régions arctiques et subarctiques de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique du Nord" est aussi un groupe d’électro-pop psychédélique créer par Dan Snaith, qui affirme bien son identité canadienne, comme le montre si bien le nom du groupe.

En première partie, Iaross et Andromakers, deux groupes amateurs du sud de la France. Iaross, c’est Germain Lebot et Nicolas Iarossi, un duo pop-folk français à texte. Sur scène : batterie, triangle, guitare, à ma grande surprise un violoncelle et différentes percussions. Il y a comme une parfaite harmonie, Nicolas Iarossi est un poète, dans la set list se glisse Spleen de Charles Baudelaire, pour une fois, changement de registre, nous n’avons pas vraiment droit à un "concert" mais à une récitation de poésie, et dans le public, règne un silence absolu, comme s’il était envouté. On voit qu’il y a eu un réel travail sur les paroles, qu’ils portent un réel intérêt à la création artistique. Dans certains morceaux, il y a comme un appel à une liberté tant rêvée, et parfois, à un amour éternel à un épanouissement. Nicolas Iarossi rappelle les années Noir Désir. Sa voix a quelques intonations de Bertrand Cantat. Une première partie qui se termine dans l’applaudissement, avant de passer au duo électronique Andromakers.

Nadège Teri et Lucille Hochet alias Andromakers est un duo électro-pop, mi-Cocorosie vocalement mi-Au Revoir Simone instrumentalement. Je suis un peu déçue de la prestation étant donné que la basse des amplis était trop forte, ce qui ne permettait pas d’être attentif au set. Une seule chose était obsédante : Caribou.

Lumières éteintes, une foule en délire, des hurlements, Dan Snaith débarque sur scène avec sa troupe, et une euphorie indescriptible arrive assez rapidement. Il commence le set avec "Kaili", un des titres les plus attendus du concert, en plus de "Sun" et d’"Odessa". Le plus impressionnant restent les deux batteries, mais le plus marrant est aussi cette "tradition" de jouer en chaussette. On voit très bien l’investissement en live, si l’on reste bouche-bée de l’album Swim, on risquerait alors la crise cardiaque en assistant au concert, des étoiles pleins les yeux, le cœur qui bat si fort, Dan Snaith a le pouvoir de nous séduire en un claquement de doigt. Je ne compte même plus le nombre de fois où je suis restée scotchée les yeux sur les deux batteries, et la voix de Dan au moment où "Sun" hypnotise le public. Un seul adjectif pourrait qualifier ce concert : bluffant.

Le Myspace de Caribou

A lire aussi : Caribou - The Milk Of Human Kindness (2005)

"Odessa" en live :



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16 novembre 2010

Ark - Arkuarium EP (2010)

Ark le vétéran, parrain de la scène parisienne, collaborateur d’un certain Pépé Bradock, digne héritier français de la micro-house de Matthew Herbert… Tout ça, vous connaissez, car vous avez probablement parcouru l’une des innombrables chroniques de son quatrième album, Arkpocalypse Now, sorti sur Perlon en début d’année. Un disque très favorablement accueilli malgré la rudesse de ses textures sonores et la grande diversité des genres abordés, du R&B déviant à la pop expérimentale. Si Guillaume Berroyer s’est toujours distingué par son éclectisme, c’est pourtant lorsqu’il fait de la house qu’il reste le plus enthousiasmant. Et c’est précisément un retour à ce son si caractéristique que proposent ces six titres parus chez les New Yorkais de Thema Records.

Introduit par le groove nonchalant et vaguement dub d’"Arkuarium", l’EP présente la facette la moins heurtée et la plus dancefloor du frenchy. Très accessible, il est aussi construit, on le sent, pour satisfaire les fans de longue date. Comment expliquer, sinon, le retour à une deep-house chatoyante (sur l’époustouflante "Baibe", datée de... 1999), aux claps « right in the face », à ce son d’after jazzy à la fois si élégant et si captivant ("Holy Day", "Jazzark") ? Ou bien la jouissive régression techno de "Truckerz" ?

Keuhar se fait plaisir, use de son énorme culture musicale sans l’étaler à l’excès. Comme d’habitude, il dissémine des centaines de petits samples qui sont autant d’outils ludiques pour donner encore un peu plus de relief à un groove déjà bien massif. Le funk futuriste de "Hotel" en est la meilleure illustration. Finalement, alors que je ne reviens sur le dernier album que très rarement (surtout pour l'énormissime "Obamark"), cet EP est d’ores et déjà assuré de squatter ma platine pendant un bon bout de temps.

En bref : après avoir brouillé les pistes sur Arkpocalypse Now, le maître se concentre sur l’essentiel pour un fabuleux mini-album d’une house sophistiquée et ludique dont lui seul a le secret. Du grand Ark.



A noter : Ark mixera le 17 novembre au Barourcq (Paris 19) en back-to-back avec son père, Jackie Berroyer.

Le Myspace d’Ark
Celui de Thema Recordings


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08 novembre 2010

Family Of The Year - Our Songbook (2010)

Bon alors, cette "family", de quoi s'agit-il ? Disons que pour faire simple, voire simpliste, l'on se bornera à évoquer leurs cousins d'Amérique du nord d' Arcade Fire ou bien les excellents Bodies of Water, découverts il y a quelques saisons, et encensés ici même il y a deux hivers.

Les FOTY eux, sont américains, exilés du Pays de Galles pour ce qui est de la fratrie Keefe (un nom approprié !), et de différents états de l'Union pour leurs 4 autres acolytes, en particulier la co-chanteuse Christina Schroeter.

Evoquer une chanteuse (à nouveau), au sein d'un groupe de hippies nords-américains, en revient inévitablement à invoquer le fantôme des divin(e)s Mamas and The Papas, auxquels il est déjà fait abusivement référence.

Tordons donc le coup à cette analogie devenue facile dès lors qu'un groupe mixte s'adonne à une folk pastorale qui ne dédaigne pas les refrains pop.

D'abord, les FOTY n'auront jamais le talent vocaliste hors du commun de leurs illustres devanciers, et je pense notamment aux voix étourdissantes de "Mama" Cass Eliott et Michelle Phillips ! Ensuite, foin de facilités : on tient là le groupe qui va déclencher le buzz si ce n'est déjà fait au sein de la communauté indé-inrocks-branchouille, comme cela avait été le cas à l'époque de Belle and Sebastian, ou bien plus près de nous des très surfaits Fleet Foxes ou des ineffables Arcade Fire.

Allez, Family of the Year font leur musique, composent des chansons qui leur appartiennent, et que tout le monde peut reprendre en c(h)oeur, et c'est déjà beaucoup.
Quid de leur album ? Sorti une première fois l'an passé sous un habillage et un sequencing différents aux Etats-Unis (et sous le titre Songbook), il ressort en pleine approche de Thanksgiving sur le label parisien défricheur Volvox. Et pour une fois, ces subtilités (la nouvelle pochette plutôt baclée d'ailleurs, l'ordre des chansons) resteront caduques. Un peu à la manière des fantastiques Film Noir, leur album sera à déguster sans modération sur deux couplages, dont le plus récent apparaît sans doute encore plus cohérent.

Renforcé des titres d'un EP paru ces jours-ci, ce dernier, découvert par la scie électro minimaliste "Psyche or Like Scope" en rotation continue sur Nova, Our Songbook s'ouvre sur un "Let's Go Down" pastoral des plus enlevé et rafraîchissant, comme on n'en avait plus entendu depuis Bodies of Water sans doute.

Lui succède, ce "Interpretation (Staple Jeans), morceau d'anthologie qui sait donner dans la gravité de ton, de tonalité sans tout le pathos encombrant des groupes en babouches précités.

C'est d'ailleurs ce qui fait la différence et qui fait ressortir ce collectif -le terme est à la mode- de l'armada lambda folkeuse US : outre un éclectisme de bon aloi (les rythmes électro de "Psyche...", "Castoff", la presque reggae "The Princess and the Pea"), ces gens-là ont la bonne idée de ne jamais verser dans le geignard. Our Songbook tient plus du petit frère ou de l'ami qu'on a envie de cajoler que du dépressif que l'on se devrait d'empêcher de commettre l'irréparable via un coup de fil des Samaritans.

Alors, si vous trouvez que le dernier Arcade Fire manque cruellement de mélodies marquantes, si vous trouvez que MGMT est un gadget creux et fatiguant, si vous êtes orphelin des mélodies pop ensoleillées de Fleetwood Mac, et si surtout, vous aimez les chansons bien faites, bien écrites et bien interprétées, abandonnez-vous sans retenue à ce disque !

Que ce soit au son du mellotron flûte de "Feel Good Track of Rosemead", de "Stupidland" que n'auraient pas désavouée les Beach Boys, de "Summer Girls" qui eût pu figurer sur le dernier Animal Collective....

Ou bien encore de ces terrassants "Intervention", "Castoff" (qui vous fera taper du pied), la doucereuse "The Barn" (très différente de "La Grange" de ZZ Top), les délicates "Surprise" et "Treehouse", "Chugjug", véritable inédit de Bodies of Water...

Toutes sauront vous mettre à genoux, et vous faire chialer de bonheur.

En bref : on épargnera les poncifs liés à la terminologie of the year ! Même si l'on a déjà une petite idée de là où trônera cet énième avatar folk US lorsqu'il s'agira de dégager les grands crus du millésime 2010.




Pour info : FOTY sera en concert le 10 février à Lille (La Péniche), le 11 février à Paris (La Maroquinerie), le 16 février à Bordeaux (Barbey) et le 17 février à Toulouse (La Dynamo)

le site, le Myspace

"Surprise" en acoustic session :





"Psyche or like Scope" :




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Soirée Warp : !!! + The Hundred In The Hands - Concert au Rocher de Palmer le 06/11/10


Pour une fois que le fameux label britannique Warp décide de poser ses valises en Province pour une soirée dédiée, on ne va pas se gêner. Le Rocher de Palmer en pleine ascension a eu l’ouïe fine et n’a pas manqué l’occasion. Au programme : la toute dernière recrue de l’écurie, l’enthousiasmant duo brooklynois The Hundred In The Hands suivi de l’imprononçable !!! qui a explosé en Europe avec le très bon Myth Takes (2007) et qui revient cette année avec le surprenant Strange, Isn’t It ? Les deux formations si elles restent encore dans un domaine réservé aux initiés sont bel et bien précédées de réputations scéniques explosives. La (grande) salle de Palmer est quasi pleine, le show peut commencer.

Quelle puissance pour un duo ! TITH pour faire court envoie une électro pop pas vraiment révolutionnaire mais diablement bien faite, efficace en un mot. Avec un premier album qui devrait sans doute rencontrer le succès, la magnifique Eleanore Everdell et le très Strokesien Jason Friedman forment un duo chic à la ville comme à la scène qui exige le respect. Plutôt subtil mais habité, sérieux mais fêtard, leur auto-surnommée summertime gothic (encore un nouveau genre !) est excellente. Leur disco post punk va faire un malheur c’est certain. A écouter : "Tom Tom" (du 1er Ep), "Pigeon" (du 1er Lp) ou encore "Dressed in dresden".


Ce n’est pas Spinal Tap que l’on attend ce soir, malgré l’étrange malédiction de décès de batteur (2 déjà pour !!!), mais les Californiens émigrés à New-York Chk Chk Chk ou Tchick Tchick Tchick comme vous le souhaitez. Disons-le tout de suite, j’ai eu un peu de mal à apprécier l’écoute de Strange, Isn’t It ? sur disque. De bonnes idées bien souvent bâclées (trop court !) alors que le groupe on le sait a l’habitude de faire vivre ses morceaux sur scène, mais surtout un punk funk très touffu qui laisse un peu derrière la composition pop (mis à part "The most certaine sure"). Il reste que Nic Offer est un chateur de folie. Sa voix n’est pas extraordinaire mais quelle démence et quelle présence. Véritable lapin Duracell androgyne et gentiment provocateur, il habite le show par ses nombreux bains de foule et ses mouvements de hanche digne d’un culbuto. Derrière, on a un vrai groupe de musiciens qui assurent grave (chapeau les percus, sympa le saxophone). Très clubbing dans l’âme (enregistré à Berlin), le disque possède quand même ses bombes : "AM/FM" ou "The Hammer" par exemple. Plus primitive que travaillée, la musique de !!! est un incroyable trampoline de n’importe quoi qui fait quitter terre le temps d’un concert. Nul doute qu’avec un concert de cette trempe, le Rocher de Palmer est en train de vivre ses premiers grands moments de live et d’écrire son histoire. On était content d’y être.

Les Myspace de TITH et !!!

"AM/FM" en live pour vous faire une idée du personnage :



L’incroyable "The Hammer" :



"Tom Tom" :



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03 novembre 2010

Rubik + Verone - Concert au Rocher de Palmer le 01/11/10


Un concert un jour férié c’est toujours particulier. C’est là que l’on voit ceux qui sont vraiment motivés, et ceux qui sont restés sous la couette. Nous on y est. Difficilement, mais on y est. Déjà pour découvrir ce nouveau lieu qui pourrait bien devenir l’un des nouveaux temples de la musique bordelaise, le Rocher de Palmer. Pas tout à fait Zénith non plus, le bâtiment ultra moderne en impose mais ne se laisse pas facilement apprivoiser. Le cheminement est labyrinthique avant de déboucher dans la salle intermédiaire qui accueille ce soir en première partie Verone, duo français atypique de l’écurie Talitres.

Ambiance intime donc pour faire la connaissance de Delphine Passant et Fabien Guidollet. Ceux qui ont bonne mémoire se souviennent peut-être de la chronique de La Fiancée Du Crocodile que nous avions faite en milieu d’année. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’on n’est pas habitué à ça. Textes insolites en français, instrumentation minimaliste et originale, univers décalé et réelle complicité, Verone est vraiment à part, et se laisse apprécier assis par terre en repensant au weekend passé.

Changement de braquet pour la formation finlandaise Rubik dont les plus grands magazines spécialisés français ont fait l’écho cette année. Généralement au nombre de huit, c’est ce soir six blondinets à frange et moustache qui prennent possession de la scène visiblement ravis malgré la faible affluence. Disons le d’entrée, si Dada Bandits n’a pas été chroniqué dans nos colonnes c’est d’avantage du à un manque de temps qu’à un manque de qualité de l’album en question. Coloré, varié, foutraque et loin d’être simple, le disque des joyeux bandits d’Helsinki est une petite bombe pop irrévérencieuse qui ne se laisse pas dompter facilement. Sur scène, c’est encore mieux. Tous plus improbables les uns que les autres dans leur manière de porter la chemise à carreaux, ils représentent clairement l’un des plus beaux espoirs indé du pays aux 10.000 lacs. Passion, énergie, plaisir, communion, ça ne pouvait pas être mieux.

Les Myspace de Rubik et Verone

Les sites de Talitres et du Rocher de Palmer

A lire aussi : Verone - La Fiancée Du Crocodile (2010)

"Goji Berries" en jardin botanique:



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