Après quelques écoutes de Treats premier album de Sleigh Bells (les "grelots" en français), on a du mal à croire la biographie du groupe : un duo peut-il vraiment produire un son si nerveux et abouti ? Nouveau venus du noise-rock, Derek Miller et Alexis Krauss livrent bataille sur onze titres subtils d'un lo-fi adouci par la voix, féminine à l'extrême, d'Alexis.
Pas facile de se faire une place dans le monde de la noise-pop quand il n'est assimilé qu'à du bruit. Seulement les Sleigh Bells dégainent tous leurs atouts pour sortir du lot. S'ils se démarquent c'est parce qu'ils créent un univers d’associations étonnantes. Le chant d’Alexis Krauss évoque le cliché du campus américain chouchou de la télévision avec ses intonations de cheerleader. L'instrumental puissant et le voile que représente ce son lo-fi apparaissent, à première vue, en totale contradiction avec le monde suggéré par la voix d'Alexis. Mais le duo sait marier les deux univers et nous donne l’impression que l’on peut avoir des cheerleaders rock’n’roll, que le premier match de football américain de la saison peut être ouvert avec le tube "Tell ‘em" et que tout le monde apprécierait ses "Infinity guitars".
C'est justement sur "Infinity guitars" que l'on ressent le plus la parfaite conciliation entre ces deux mondes : un arrière-plan définitivement rock’n’roll surplombé par la voix féminine d’Alexis, sur un rythme haché qui n’en finit pas de nous rappeler les slogans de ces fameuses pom-pom girls. C'est cette association incongrue mais parfaitement balancée qui les empêche de tomber dans le cliché d’un côté comme de l’autre.
Une impression intéressante après quelques écoutes de l'album est qu'il fait appel à nos souvenirs et à nos sens. Sur "Straight a’s" par exemple, le son rappelle la recherche de la bonne fréquence sur un poste radio, le crépitement sonore est accordé à l’excitation d’enfin capter le son net d’un titre radio-friendly, elle-même renforcée par les cris suraigus qui rappellent un peu Kap Bambino.
Si l'on juge l'album Treats trop vite, il est facile de lui reprocher sa répétition qui agace aux premières écoutes. Mais en allant plus loin, on ne peut qu'admettre l'originalité d'un tel disque ! Le thème des cheerleaders évoqué par l'artwork est loin d'être omniprésent et le duo nous emmène bien loin si l'on veut bien prêter une attention subtile à ces titres. La sensualité est elle aussi au rendez-vous sur "Run the heart" dont le rythme transpirant met d'autant plus en valeur la voix voluptueuse d'Alexis. Sur ce disque se cache même une presque-ballade à l'aura apaisante : "Rill rill", glissée là judicieusement et qui marque une pause avant la terrible "Crown on the ground" au lo-fi acide que l'on apprécie à faible dose.
Un autre point fort de cet album est son aspect compact : des rythmes hachés et réguliers et la voix d'Alexis Krauss permettent de mieux avaler cette noise-pop dont on ne se lasse finalement plus.
En bref : un album que l'on pourrait vite abandonner mais qui mérite une écoute en profondeur pour révéler son caractère original et sa fraîcheur enfouie.
Le Myspace
"Infinity guitars" :
"Treats" :
Pas facile de se faire une place dans le monde de la noise-pop quand il n'est assimilé qu'à du bruit. Seulement les Sleigh Bells dégainent tous leurs atouts pour sortir du lot. S'ils se démarquent c'est parce qu'ils créent un univers d’associations étonnantes. Le chant d’Alexis Krauss évoque le cliché du campus américain chouchou de la télévision avec ses intonations de cheerleader. L'instrumental puissant et le voile que représente ce son lo-fi apparaissent, à première vue, en totale contradiction avec le monde suggéré par la voix d'Alexis. Mais le duo sait marier les deux univers et nous donne l’impression que l’on peut avoir des cheerleaders rock’n’roll, que le premier match de football américain de la saison peut être ouvert avec le tube "Tell ‘em" et que tout le monde apprécierait ses "Infinity guitars".
C'est justement sur "Infinity guitars" que l'on ressent le plus la parfaite conciliation entre ces deux mondes : un arrière-plan définitivement rock’n’roll surplombé par la voix féminine d’Alexis, sur un rythme haché qui n’en finit pas de nous rappeler les slogans de ces fameuses pom-pom girls. C'est cette association incongrue mais parfaitement balancée qui les empêche de tomber dans le cliché d’un côté comme de l’autre.
Une impression intéressante après quelques écoutes de l'album est qu'il fait appel à nos souvenirs et à nos sens. Sur "Straight a’s" par exemple, le son rappelle la recherche de la bonne fréquence sur un poste radio, le crépitement sonore est accordé à l’excitation d’enfin capter le son net d’un titre radio-friendly, elle-même renforcée par les cris suraigus qui rappellent un peu Kap Bambino.
Si l'on juge l'album Treats trop vite, il est facile de lui reprocher sa répétition qui agace aux premières écoutes. Mais en allant plus loin, on ne peut qu'admettre l'originalité d'un tel disque ! Le thème des cheerleaders évoqué par l'artwork est loin d'être omniprésent et le duo nous emmène bien loin si l'on veut bien prêter une attention subtile à ces titres. La sensualité est elle aussi au rendez-vous sur "Run the heart" dont le rythme transpirant met d'autant plus en valeur la voix voluptueuse d'Alexis. Sur ce disque se cache même une presque-ballade à l'aura apaisante : "Rill rill", glissée là judicieusement et qui marque une pause avant la terrible "Crown on the ground" au lo-fi acide que l'on apprécie à faible dose.
Un autre point fort de cet album est son aspect compact : des rythmes hachés et réguliers et la voix d'Alexis Krauss permettent de mieux avaler cette noise-pop dont on ne se lasse finalement plus.
En bref : un album que l'on pourrait vite abandonner mais qui mérite une écoute en profondeur pour révéler son caractère original et sa fraîcheur enfouie.
Le Myspace
"Infinity guitars" :
"Treats" :
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