On a quand même tous la mémoire assez courte. Il existe ce groupe là-bas, sur l’Ile de Wight, qui depuis huit ans nous avait livré trois albums géniaux (dont deux excellentes chroniques ici-même, elles aussi oubliées et non commentées), que tout le monde ici bas s’évertue insolemment à ignorer. Que nous faut-il de plus ? Des concerts à emporter, des gros festivals, des clips qui buzzent ? The Bees ne fait rien de tout ça, à peine quelques coups d’éclat par-ci par-là ("Chicken payback", "Minha Menina"). Mais à chaque fois on oublie que ça vient d’eux, et on repart dans notre course effrénée de la découverte du prochain groupe de pop un brin psyché américain. Sur ce quatrième essai, c’est "Winter rose" le joyau qui a lui seul devrait multiplier comme des pains la reconnaissance du groupe. Alors pour la troisième fois (et sans doute pas la dernière), rendons ici à Paul Butler ce qui doit lui être rendu.
Le Paul Butler en question, il est allé passer quelques temps en Amazonie avec son pote Devendra Banhart. Probablement fort de quelques substances indiennes, Paul y a co-produit le What Will We Be de son ami. Mais il y a aussi consolidé ses premières aptitudes à la bossa nova et à la samba, en témoigne le morceau final de ce disque, les cinq minutes instrumentales et bouillantes de "Gaia". Paul Butler n’y construit rien d’autre qu’un moment dément de samba mariachi qui rencontre la guitare de Crosby Stills & Nash et leur "Darkstar". Voilà comment The Bees considère un gros final. Rares sont les groupes à se permettre ça sur un disque à priori estampillé rock indé. C’est la force de ce groupe (et peut-être aussi sa faiblesse à la réussite), insuffler un vent chaud venu de pays où écouter du reggae, du dub, du funk n’est pas une tare. Et cette musique en ressort grandie.
Si rien ne se ressemble vraiment sur ce disque (et comme sur tous les autres de leur discographie), on dégage quand même quelques habitudes : une guitare ou deux guitares acoustiques, des harmonies vocales, un coup d’orgue, et surtout ces percussions mixées très en fond. L’impression est aérienne, chaleureuse, et profondément laid-back, dans un genre Simon & Garfunkel. Comme pour les Kinks, l’après-midi y est ensoleillé. Mais ceci n’est qu’une base, et les surprises sont nombreuses. Un voyage dans l’inconnu.
Les plus flagrantes, elles sont au début. "I really need love". Une déclaration au public ? Du genre : "Mais c’est pas possible, comment pouvez-vous m’ignorer à ce point ?" (très peu de chroniques en français sur le net à ce jour). Deux accords, un sitar, une intonation gospel et c’est parti, classique instantané ! Plein de soul et de classe. Puis "Winter rose" dont on a parlé plus haut. Un sommet. Des quelques notes introductives de guitare jusqu’au dub implacable de la suite. Un style indéfinissable qui plairait à Nova, à base de cuivres, de voix et d’effets venus d’ailleurs. La version de Nicolas Jarr est elle aussi un bijou.
Comme si ça ne suffisait pas ils ont mis "Silver line" après, un single pastoral que ne renieraient pas les Monkees. La mélodie y est encore une fois extrêmement accrocheuse. Quant à "Skill of the man", c’est cool comme du Beta Band, et "Pressure makes me lazy", trippé comme un bon Animal Collective.
En bref : sans doute un sommet de plus pour le groupe anti conformiste The Bees (A Band Of Bees aux USA !?!), chaque titre de Every Step’s A Yes vaut son pesant d’or. De la première à la dixième écoute ce disque est un régal. Du groove, des singles en veux-tu en voilà, une vraie passion de la musique, si je pouvais voter à nouveau pour 2010, je ne ferais pas deux fois la même erreur, et je consacrerais à The Bees la place qu’ils méritent.
A lire aussi : The Bees - Sushine Hit Me (2002), The Bees - Free The Bees (2004)
Le Myspace
Les trois premiers titres de l'album, à vous d'écouter la suite :
Le Paul Butler en question, il est allé passer quelques temps en Amazonie avec son pote Devendra Banhart. Probablement fort de quelques substances indiennes, Paul y a co-produit le What Will We Be de son ami. Mais il y a aussi consolidé ses premières aptitudes à la bossa nova et à la samba, en témoigne le morceau final de ce disque, les cinq minutes instrumentales et bouillantes de "Gaia". Paul Butler n’y construit rien d’autre qu’un moment dément de samba mariachi qui rencontre la guitare de Crosby Stills & Nash et leur "Darkstar". Voilà comment The Bees considère un gros final. Rares sont les groupes à se permettre ça sur un disque à priori estampillé rock indé. C’est la force de ce groupe (et peut-être aussi sa faiblesse à la réussite), insuffler un vent chaud venu de pays où écouter du reggae, du dub, du funk n’est pas une tare. Et cette musique en ressort grandie.
Si rien ne se ressemble vraiment sur ce disque (et comme sur tous les autres de leur discographie), on dégage quand même quelques habitudes : une guitare ou deux guitares acoustiques, des harmonies vocales, un coup d’orgue, et surtout ces percussions mixées très en fond. L’impression est aérienne, chaleureuse, et profondément laid-back, dans un genre Simon & Garfunkel. Comme pour les Kinks, l’après-midi y est ensoleillé. Mais ceci n’est qu’une base, et les surprises sont nombreuses. Un voyage dans l’inconnu.
Les plus flagrantes, elles sont au début. "I really need love". Une déclaration au public ? Du genre : "Mais c’est pas possible, comment pouvez-vous m’ignorer à ce point ?" (très peu de chroniques en français sur le net à ce jour). Deux accords, un sitar, une intonation gospel et c’est parti, classique instantané ! Plein de soul et de classe. Puis "Winter rose" dont on a parlé plus haut. Un sommet. Des quelques notes introductives de guitare jusqu’au dub implacable de la suite. Un style indéfinissable qui plairait à Nova, à base de cuivres, de voix et d’effets venus d’ailleurs. La version de Nicolas Jarr est elle aussi un bijou.
Comme si ça ne suffisait pas ils ont mis "Silver line" après, un single pastoral que ne renieraient pas les Monkees. La mélodie y est encore une fois extrêmement accrocheuse. Quant à "Skill of the man", c’est cool comme du Beta Band, et "Pressure makes me lazy", trippé comme un bon Animal Collective.
En bref : sans doute un sommet de plus pour le groupe anti conformiste The Bees (A Band Of Bees aux USA !?!), chaque titre de Every Step’s A Yes vaut son pesant d’or. De la première à la dixième écoute ce disque est un régal. Du groove, des singles en veux-tu en voilà, une vraie passion de la musique, si je pouvais voter à nouveau pour 2010, je ne ferais pas deux fois la même erreur, et je consacrerais à The Bees la place qu’ils méritent.
A lire aussi : The Bees - Sushine Hit Me (2002), The Bees - Free The Bees (2004)
Le Myspace
Les trois premiers titres de l'album, à vous d'écouter la suite :
10 Comments:
Tu tombes à pic, j'ai écouté le disque tout à l'heure, sans doute poussé par l'excellent remix de Winter Rose par Nicolas Jaar (http://www.youtube.com/watch?v=Th33wxpla5s). Et c'est très bon... C'est vrai que quand tu compares avec pas mal de groupes du genre qui buzzent à mort c'est vraiment un cran au dessus. Danke schön pour la chronique, et bonnes fêtes !
Oups, j'avais pas vu que le lien pour le remix y était déjà!
Tu ne commetrais pas la même erreur, et tu boosterais le Arcade Fire hors de ton classement pour y installer le Bees hein ?
Ah j'oubliais....je sais bien qu'on ne saurait tout miser sur le look mais entre le look cheveux fluos en pétard des épouvantables Klaxons ou Empire of the Sun, et cette allure de gros geek cloné sur Badly Drawn Boy, avec bonnet qui gratte collé sur la tête et barbe à la salubrité incertaine, il y a sans doute pour les abeilles une autre façon de se rendre "visibes" !
Bon, c'est vrai que c'et pas mal ; c'est un groupe qui sans être très original s'inspire assez bien d'excellentes choses....
@ Nickx : non pas le Arcade Fire, mais le Surfer Blood par exemple..
Qu'as-tu contre les barbes et les bonnets ?
Commence par replacer ta platine sur l'ampli en lieu et place de la X-Box et après on verra ( ;
Allez, Bises (Bees?) et à+
The Bees, je ne connais pas mais avec une telle chronique, ça donne envie d'écouter illico presto !!
J'ai écouté les titres vidéos posté ici. C'est vrai que ça à l'air plutôt bon...même très bon !
"Winter Rose", à l'image de ce clip coloré et flashy,est très cool, chaloupé, lascif...
"Siver Lane" : ensoleillé, psychédélique, folk, vaporeux, un bon titre !
JU, Quand tu dis que si tu pouvas voter à nouveau, tu ne ferais pas la même erreur et les mettrais à la place qu'ils méritent. Et ce serait laquelle ???? n°1 ????
En tout cas, une critique qui donne vraiment envie de découvrir The Bees.
A + +
Francky Blog Muziks et Cultures.....
Merci Francky ! Disons que je les mettrais en.. 9. Au lieu de rien du tout, c'est déjà pas mal. Mais qui sait, je les ferais peut-être même monter encore plus avec les écoutes..
Merci à toi !
Je vais écouter ça, je me souviens avoir récupéré chez toi de ces abeilles, qui prennent soin de nos cages à miel (je sors... en disant un "bonne année" sincère et enjoué !)
Je découvre l'album (en même temps que le groupe d'ailleurs) et c'est vraiment très bon et très varié. Peut-être pas dans le top toutes catégories mais certainement un des meilleur album pop de l'an 10!
Bonne année à DODB!
eh, c'est super sympa, ce petit son !
merci !
soll'
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