Franck Rabeyrolles aime tricoter du bon son. Le patron du label montpelliérain Wool Recordings sort la première compilation de la maison : Wooly Jumpers ,un petit bijou de dix-huit titres. On y retrouve des perles inédites, d’autres difficiles à trouver car sorties en édition limitée en vinyles. Il y a là des invités et des artistes du label. Un précieux sésame pour découvrir l’univers subtil de ce label à sensibilité post-folk, entre musique psychédélique, influences seventies et sonorités électroniques. Rencontre avec Franck Rabeyrolles, activiste de la scène montpelliéraine et d’ailleurs.
Quand as-tu créé le label, peux-tu nous dresser son portrait, sa couleur, le nombre d'artistes passés par là ? Pourquoi une compile maintenant ? Tu es basé à Montpellier mais tu as beaucoup de contact avec l’Angleterre ?
La création du label ce doit être 2004. Au départ, c'était pour le premier album de Double U. Il y a eu le premier Ep de Collage et quelques maxis... Puis il y a eu une période de silence de 2005 à 2008. Ça fait deux ans que je m’y suis vraiment consacré à nouveau. Notre catalogue est encore très petit, mais ça s’étoffe doucement : Collage, Sarabeth Tucek, Luther Russell, Laetitia Sadier, Franklin, Double U, Suddenly Sunshine…
Pour ce qui est de la couleur on va dire que c'est une maison d'artistes qui abrite des projets d'artistes. Notre spécificité c'est d'être assez vinyle et pressage limité... La couleur est plutôt pop mais au sens moderne crossover divergent. On peut passer d'un projet folk à quelque chose de beaucoup plus électronique sans souci... Je sors des disques au coup de cœur. La compile c'est justement pour permettre aux gens de mieux voir ce que nous avons envie de faire. On comprend mieux notre philosophie générale à travers ce disque, ce côté un peu transversal. Il est vrai que notre distributeur principal est Anglais alors c'est un peu notre point d'ancrage. La France a du mal à reconnaitre la qualité de ses artistes, de ses labels, des acteurs de la scène indé en général, ce qui explique l’envie "d'ailleurs". Et puis tout est tellement "codé" ici…
On voit des noms peu connu comme le néo-zélandais Connan Mockasin et son univers fantastique, Peter Broderick qui invite au voyage mais aussi le New-yorkais Luther Russel ou Lesser Gonzalez, américain d’origine cubaine, signé sur Carpark. C’est finalement une compile éclectique. Comment as-tu procédé pour inviter tout ce monde sur la compile ?
L'éclectisme est un mot parfois un peu fourre-tout. O n’a pas cherché ce côté patchwork vraiment. Ça s'est fait sur des rencontres, des coups de cœur. Il est vrai qu'il y a un côté assez worldwide. Mais c'est plus le côté "global" "internet" de notre société qui est comme ça. Tu as parlé de voyage… ce mot me parle. Moi j'aime le nomadisme par dessus tout en musique. Pour avoir ces artistes sur la compile je ne cache pas que ça a été un peu long et un peu usant des fois. Il y a quand même 18 morceaux, ça fait pas mal d'artistes et de labels à contacter et à rassurer...
La compile commence par un morceau qui date de 1969, curieux pour présenter ce que fait le label ? En quoi "Drug song" a-t-il son importance ici ?
Un ami m'a fait découvrir la musique de Dave Bixby et j'ai eu le coup de foudre pour ce folk complètement hanté, religieusement beau. J'ai pris contact avec lui et ça s'est fait le plus simplement du monde... "Drug song" c'est aussi pour le côté "Song writing". Je crois que c'est une valeur très importante pour le label. Le côté écrire de belles chansons, peu importe comment, avec qui, avec quoi, c’est l'écriture…
Ce n’est pas la première fois qu’on voit le nom de Laetitia Sadier (ex-chanteuse du groupe anglais Stereolab) associé à Wool Recordings. Quelles ont-été vos collaborations passées ? Statues est un morceau nouveau ?
On a rencontré Laetitia à Londres pour un concert de Franklin [l’un des pseudos de Franck], puis on a pris contact par email. Elle a participé à un morceau du dernier Double U, "Interludic". Elle nous a donné une version très minimale et épurée de Statues qui est aussi sur son album mais pas dans la même version. On a un autre projet de disque avec Laetitia pour 2011.
Quels sont les morceaux inédits, et ceux qui existaient déjà ?
Les morceaux de Montag, Lesser Gonzales, Sarabeth Tucek, Double U, Castanets, Luther Russell... sont complètement inédits. Les autres sont déja sortis mais la sélection est pointue. Certains artistes ne sont pas distribués en France. Au final ça fait pas mal d'inédits tout de même…
Sunddenly Shunshine, groupe montpelliérain, vient tout juste de sortir un premier Ep chez toi, tout comme les Italiens de A Classic Education (label Lefse Records), c’est une belle promo. Tu peux nous en parler ?
Pour les Suddenly Sunshine c'est une histoire d'amitié et de musique... J'ai tout de suite accroché à l'idée d'enrichir leur folk avec des arrangements de cuivres et cordes. On va travailler sur un album. Je me suis pas mal investi sur ce disque au niveau de la prod, j'ai joué aussi dessus, j'aimerais bien que ca marche pour eux. Stéphane des Suddenly est un mélomane fou et on se connait depuis très longtemps. C'est important d'être bien avec les artistes pour un label. La relation juste financière ou administrative est très déprimante si on en reste là avec les artistes qu'on signe.
C'est le premier projet vraiment français que je sors. Je suis très heureux avec ce disque, on est allé au bout des choses avec la pochette, le remix de Isan… Pour Classic Education, des choses sont prévues mais dans le futur. On devait sortir leur 8 titres en Europe, ça ne s'est finalement pas fait. Ils sont sur la compile, on adore leur musique ici et on espère bien faire quelque chose d'ici peu.
Tes coups de cœur parmi les 18 tracks.
Je n'ai pas de préférences, vraiment. C'est vrai que Connan Mockasin c'est très séduisant, très "Catchy". Wolf people aussi, le côté stoner / garage ne me déplaît pas non plus…
Des artistes que tu souhaites particulièrement présenter ?
On a deux projets important début 2011. Deux 45 tours : un de Franklin avec un remix de Com Truise, le remix est assez fou, Com Truise a un son unique, il a déjà remixé Neon Indian, Twin Shadow, ça buzz déjà beaucoup pour lui. Il y a aussi ce single avec War on drugs mais je ne peux pas en dire plus… Et aussi, plus tard, ce disque avec Laetitia Sadier et l'album de Franklin. De quoi bien s'amuser.
Dans la compile, on retrouve tes tracks avec tes différents projets, Double U et Franklin, en quoi différencies-tu leurs univers ? Ce sont des morceaux inédits ?
D'autres projets perso sont prévus pour 2011 ?
Oui les morceaux sont inédits. Double U c'est le côté mélo plus introspectif et Franklin le côté plus "psyché", moins "chanson"… C'est de la douce schizophrénie, rien de grave. À part l'album de Franklin, pas de nouveau pseudo en perspective. C'est vrai que faire un album Franck Rabeyrolles ça me tente bien… Mais ca va finir en total ego trip tout ça !
C'est justement pour échapper à ça que j'ai eu envie de reprendre le label de façon très sérieuse depuis deux ans. C'est un fabuleux moyen d'expression que j'ai envie de partager avec pleins de gens. Je pense que ce n'est que le début de l'aventure même si le contexte est plutôt difficile.
On peut espérer un concert pour 2011 qui réunisse un maximum de ces artistes ?
Pas vraiment de soirée Wool prévue pour le moment. Mais faire un plateau en réunissant quelques artistes disponibles dans une belle salle ça me dirait bien.
Un volume 2 est-il prévu ?
Trop tôt pour le dire. Je n'ai pas envie de faire de cette compile un truc routinier. On verra, il faut d'abord que les gens l'écoutent, l'aiment et l'achètent. Car tout part de là.
Le site de Wool Recordings et le Myspace
Dave Bixby - "Drug Song" :
Connan Mockasin - "It’s Choade My Dear" :
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