Rencontre et discussion (fleuve) avec Guillaume De Chirac, leadeur du groupe français Landscape (nouvel album en février) et créateur du label Square Dogs (Carp, Simple As Pop, Landscape) à Paris. Il nous parle dans le désordre de son parcours, de la création du label, de son groupe Landscape, de ses collaborations avec Sébastien Schuller et enfin de la difficulté de percer en France pour un groupe français. Action.
Depuis quand produis-tu des disques ? Raconte-nous un peu ton parcours ?
Le premier disque date de 2002, ça fait donc 9 ans. C’était un CD 7 titres autoproduit réalisé avec mon groupe de l’époque The Misadventures Of… . On a enchainé avec un album en 2003 puis le groupe s’est séparé, le chanteur (Steffen Charron) montant son projet solo Simple as pop et moi Landscape. Le premier album de Landscape (2004) est d’abord sorti en autoproduit. Comme pour The Misadventures Of…, je démarchais toutes les Fnac de France une par une et de fil en aiguille, on en a vendu 700 exemplaires. Nous sommes donc devenus "producteurs" un peu par hasard, sans vraiment le vouloir, mais nous sommes avant tout des musiciens souhaitant faire la musique qui nous plaît sans avoir à rendre des comptes à un directeur artistique ou autre…
Parles-nous de la naissance de Square Dogs en 2005 ?
Le premier album de Simple as pop allait également voir le jour et c’est à ce moment là qu’on s’est dit qu’il était temps de structurer un peu tout ça ! On a donc monté notre label Square Dogs à Paris avec Steffen, son frère Alan (graphiste et réalisateur des pochettes des albums) et leur père, François, qui heureusement s’est occupé de la partie administrative que nous avions bien du mal à gérer !
Quel est l’esprit Square Dogs ? Le label est-il amené à se diversifier ou à grossir ?
Nous avons monté Square Dogs par nécessité, parce qu’il nous fallait une structure un peu plus sérieuse pour avancer. Mais aussi par souci de liberté, afin de pouvoir produire des disques comme nous le voulions, en ayant le dernier mot sur toutes les étapes de création. Nous aimons beaucoup le travail d’un label comme Constellation au Canada par exemple, ils ont réussi à crée un excellent label, hôte de nombreux projets extrêmement talentueux. Nous avons toujours essayé d’avoir le même souci de qualité dans nos choix, sans bien sur avoir la prétention d’y arriver, d’autant plus que musicalement, nous sommes moins post rock qu’eux, plus pop ou plus folk parfois… Nous avons donc très vite décidé d’aider d’autres groupes dont nous aimions la musique à sortir leur disque, c’est ainsi que nous avons signé le groupe Carp en 2006. Malheureusement, faute de moyens, nous n’avons pas pu signer d’autres groupes pour le moment et nous nous sommes donc concentré sur ces trois projets : Landscape, Simple as pop et Carp.
Parle-nous de Landscape ?
Landscape, c’est un projet solo mais finalement aussi un collectif : je compose tout à la maison, je fais des maquettes et une fois que je suis content des titres, j’appelle des musiciens pour m’aider à finaliser les morceaux et enregistrer le disque. C’est comme ça que plus de 20 musiciens ont participé à l’aventure depuis le début, que ce soit sur les 3 albums studio ou sur scène, le groupe change beaucoup. Il y a notamment eu 4 guitaristes, 2 batteurs, 5 violonistes, 3 cuivres et 5 chanteurs !
Tu as fait le conservatoire pendant 7 ans. En quoi cela aide-t-il pour composer de la pop ?
Je ne sais pas si ça aide… Par définition, la pop est une musique populaire, donc souvent autodidacte. Beaucoup de personnes me disent que ma musique est contemplative et adaptée pour le cinéma, je pense que le fait d’avoir étudié la musique classique y est pour beaucoup. Mais j’ai également été dans une école de jazz pendant 3 ans et pourtant ça ne se ressent pas dans ma musique je crois. Finalement, tout est une question d’envie, de ce qu’on veut faire partager à travers sa musique, peu importe la façon dont on a appris à le faire !
Que penses-tu du fait de bosser en home studio ?
Pour moi, ce n’est pas un choix, mais une nécessité. C’est le seul moyen que j’ai trouvé pour superposer plein de couches d’arrangements sans avoir à réunir 15 musiciens dans la même pièce ! Ceci dit, rien ne remplacera un bon musicien qui connaît son instrument, c’est donc important de toujours conserver en tête la future phase d’enregistrement en studio, même si parfois, pour des questions de budget, c’est nécessaire de garder quelques parties réalisées en home studio…
Parles-nous de ta rencontre avec Sébastien Schuller ?
J’ai rencontré Sébastien grâce à son bassiste Richard Cousin, qui se trouve être également le bassiste d’Overhead à qui j’avais proposé de venir enregistrer le premier album de Landscape (oui, Richard est partout!). Sébastien cherchait un clavier pour la tournée de son premier album Happiness. Je suis allé chez lui, j’ai joué quelques parties de son album, on a parlé musique et ça s’est très bien passé. On a fait deux tournées ensemble ces 5 dernières années, dont 2 Cigales à Paris, le festival de Jazz de Montreux, la Route du rock etc. J’ai également joué sur son 2ème album Evenfall. C’est devenu un très bon ami, on a vécu pas mal de choses sur la route que je n’oublierai jamais, des moments forts ! Et j’ai surtout beaucoup d’estime pour lui en tant que musicien et compositeur, il est très doué, je crois que je lui envierais toute ma vie d’avoir composé le titre "Weeping Willow" avant moi !!
Trouves-tu que la scène française soit de moins en moins soutenue par ses journalistes musicaux ? Pour quelles raisons à ton avis ?
Je respecte bien-sûr la liberté d’expression et de choix des journalistes, certains n’aiment pas nos disques et c’est normal. Après, c’est plus un constat global : il y a de moins en moins de places dans les médias pour la musique. Il suffit de voir l’espace disponible dans la nouvelle formule des Inrockuptibles, on y parle de moins en moins de musique… Il y aussi de plus en plus d’offre, tout le monde fait des disques avec le home studio, avec beaucoup de bons groupes pour très peu de chroniques possibles, il y a donc nécessité de faire des choix. Et souvent, j’ai l’impression que les artistes Anglos saxons ou Belges et Islandais sont privilégiés. Pourquoi ? Je ne sais pas vraiment. Ils sont peut être tout simplement meilleurs, mais je pense qu’il y a également parfois un problème de dénigrement des groupes français de la part des médias musicaux en France, parce que nous n’avons pas inventé la pop et le rock, donc nous n’aurions pas le droit de le faire bien, ça ne peut être que de la copie… Mais combien de groupes ont réellement inventé quelque chose ? Radiohead n’a-t-il d’ailleurs pas allégrement puisé son inspiration chez les Beatles, Kraktwerk ou autres… ? Enfin, il y a tout simplement le fait de faire de la musique en France, dans un pays qui veut depuis toujours imposer la langue française comme nécessaire dans la musique. Mais tout ceux qui aiment la musique que nous défendons savent bien que la langue anglaise fonctionne mieux pour faire de la pop et du rock, c’est une évidence à l’exception de quelques-uns, Bashung, Arman Méliès, Domique A ou Noir Désir. C’est très dur d’écrire en Français. On en arrive à des aberrations comme les quotas en radio, qui détruisent le développement de jeunes groupes français très doués ou à la glorification de chanteurs comme Johnny Hallyday, c’est…triste…
As-tu beaucoup voyagé pour aller voir comment ça se passait ailleurs musicalement ?
Pas tant que ça, j’ai joué en Belgique, en Suisse et en Espagne. Steffen, du label, a eu l’occasion de jouer en Angleterre, en Allemagne, au Canada et au Japon. Et nous avons eu l’occasion de discuter avec pas mal de musiciens étrangers rencontrés sur Paris, comme les groupe Here we go magic ou Silver Mount Zion. Paradoxalement avec ce que je viens de dire par rapport au soutien des médias envers les groupes français, je ne suis pas mécontent de faire de la musique en France ! Nous sommes énormément aidés et subventionnés, notamment à travers le système des intermittents du spectacle. A chaque fois que tu en parles avec un musicien étranger, il hallucine ! Les américains d’Here we go magic m’expliquaient qu’ils changeaient d’appartement et de petit boulot entre chaque tournée, constamment. C’est plus compliqué pour eux, mais ça présente deux avantages : ils sont très motivés, ils jouent tout le temps, dès qu’ils peuvent et sont donc plus créatifs je pense, car ils vivent plus dans l’urgence, et surtout, ils jouent dans le monde entier, ils sont accueillis partout à bras ouverts, alors que pour tourner à l’étranger pour un français, c’est très difficile. Enfin, c’est encore un vaste débat !
Le site officiel de Square Dogs, les Myspace de Landscape, Simple As Pop et Carp
Depuis quand produis-tu des disques ? Raconte-nous un peu ton parcours ?
Le premier disque date de 2002, ça fait donc 9 ans. C’était un CD 7 titres autoproduit réalisé avec mon groupe de l’époque The Misadventures Of… . On a enchainé avec un album en 2003 puis le groupe s’est séparé, le chanteur (Steffen Charron) montant son projet solo Simple as pop et moi Landscape. Le premier album de Landscape (2004) est d’abord sorti en autoproduit. Comme pour The Misadventures Of…, je démarchais toutes les Fnac de France une par une et de fil en aiguille, on en a vendu 700 exemplaires. Nous sommes donc devenus "producteurs" un peu par hasard, sans vraiment le vouloir, mais nous sommes avant tout des musiciens souhaitant faire la musique qui nous plaît sans avoir à rendre des comptes à un directeur artistique ou autre…
Parles-nous de la naissance de Square Dogs en 2005 ?
Le premier album de Simple as pop allait également voir le jour et c’est à ce moment là qu’on s’est dit qu’il était temps de structurer un peu tout ça ! On a donc monté notre label Square Dogs à Paris avec Steffen, son frère Alan (graphiste et réalisateur des pochettes des albums) et leur père, François, qui heureusement s’est occupé de la partie administrative que nous avions bien du mal à gérer !
Quel est l’esprit Square Dogs ? Le label est-il amené à se diversifier ou à grossir ?
Nous avons monté Square Dogs par nécessité, parce qu’il nous fallait une structure un peu plus sérieuse pour avancer. Mais aussi par souci de liberté, afin de pouvoir produire des disques comme nous le voulions, en ayant le dernier mot sur toutes les étapes de création. Nous aimons beaucoup le travail d’un label comme Constellation au Canada par exemple, ils ont réussi à crée un excellent label, hôte de nombreux projets extrêmement talentueux. Nous avons toujours essayé d’avoir le même souci de qualité dans nos choix, sans bien sur avoir la prétention d’y arriver, d’autant plus que musicalement, nous sommes moins post rock qu’eux, plus pop ou plus folk parfois… Nous avons donc très vite décidé d’aider d’autres groupes dont nous aimions la musique à sortir leur disque, c’est ainsi que nous avons signé le groupe Carp en 2006. Malheureusement, faute de moyens, nous n’avons pas pu signer d’autres groupes pour le moment et nous nous sommes donc concentré sur ces trois projets : Landscape, Simple as pop et Carp.
Parle-nous de Landscape ?
Landscape, c’est un projet solo mais finalement aussi un collectif : je compose tout à la maison, je fais des maquettes et une fois que je suis content des titres, j’appelle des musiciens pour m’aider à finaliser les morceaux et enregistrer le disque. C’est comme ça que plus de 20 musiciens ont participé à l’aventure depuis le début, que ce soit sur les 3 albums studio ou sur scène, le groupe change beaucoup. Il y a notamment eu 4 guitaristes, 2 batteurs, 5 violonistes, 3 cuivres et 5 chanteurs !
Tu as fait le conservatoire pendant 7 ans. En quoi cela aide-t-il pour composer de la pop ?
Je ne sais pas si ça aide… Par définition, la pop est une musique populaire, donc souvent autodidacte. Beaucoup de personnes me disent que ma musique est contemplative et adaptée pour le cinéma, je pense que le fait d’avoir étudié la musique classique y est pour beaucoup. Mais j’ai également été dans une école de jazz pendant 3 ans et pourtant ça ne se ressent pas dans ma musique je crois. Finalement, tout est une question d’envie, de ce qu’on veut faire partager à travers sa musique, peu importe la façon dont on a appris à le faire !
Que penses-tu du fait de bosser en home studio ?
Pour moi, ce n’est pas un choix, mais une nécessité. C’est le seul moyen que j’ai trouvé pour superposer plein de couches d’arrangements sans avoir à réunir 15 musiciens dans la même pièce ! Ceci dit, rien ne remplacera un bon musicien qui connaît son instrument, c’est donc important de toujours conserver en tête la future phase d’enregistrement en studio, même si parfois, pour des questions de budget, c’est nécessaire de garder quelques parties réalisées en home studio…
Parles-nous de ta rencontre avec Sébastien Schuller ?
J’ai rencontré Sébastien grâce à son bassiste Richard Cousin, qui se trouve être également le bassiste d’Overhead à qui j’avais proposé de venir enregistrer le premier album de Landscape (oui, Richard est partout!). Sébastien cherchait un clavier pour la tournée de son premier album Happiness. Je suis allé chez lui, j’ai joué quelques parties de son album, on a parlé musique et ça s’est très bien passé. On a fait deux tournées ensemble ces 5 dernières années, dont 2 Cigales à Paris, le festival de Jazz de Montreux, la Route du rock etc. J’ai également joué sur son 2ème album Evenfall. C’est devenu un très bon ami, on a vécu pas mal de choses sur la route que je n’oublierai jamais, des moments forts ! Et j’ai surtout beaucoup d’estime pour lui en tant que musicien et compositeur, il est très doué, je crois que je lui envierais toute ma vie d’avoir composé le titre "Weeping Willow" avant moi !!
Trouves-tu que la scène française soit de moins en moins soutenue par ses journalistes musicaux ? Pour quelles raisons à ton avis ?
Je respecte bien-sûr la liberté d’expression et de choix des journalistes, certains n’aiment pas nos disques et c’est normal. Après, c’est plus un constat global : il y a de moins en moins de places dans les médias pour la musique. Il suffit de voir l’espace disponible dans la nouvelle formule des Inrockuptibles, on y parle de moins en moins de musique… Il y aussi de plus en plus d’offre, tout le monde fait des disques avec le home studio, avec beaucoup de bons groupes pour très peu de chroniques possibles, il y a donc nécessité de faire des choix. Et souvent, j’ai l’impression que les artistes Anglos saxons ou Belges et Islandais sont privilégiés. Pourquoi ? Je ne sais pas vraiment. Ils sont peut être tout simplement meilleurs, mais je pense qu’il y a également parfois un problème de dénigrement des groupes français de la part des médias musicaux en France, parce que nous n’avons pas inventé la pop et le rock, donc nous n’aurions pas le droit de le faire bien, ça ne peut être que de la copie… Mais combien de groupes ont réellement inventé quelque chose ? Radiohead n’a-t-il d’ailleurs pas allégrement puisé son inspiration chez les Beatles, Kraktwerk ou autres… ? Enfin, il y a tout simplement le fait de faire de la musique en France, dans un pays qui veut depuis toujours imposer la langue française comme nécessaire dans la musique. Mais tout ceux qui aiment la musique que nous défendons savent bien que la langue anglaise fonctionne mieux pour faire de la pop et du rock, c’est une évidence à l’exception de quelques-uns, Bashung, Arman Méliès, Domique A ou Noir Désir. C’est très dur d’écrire en Français. On en arrive à des aberrations comme les quotas en radio, qui détruisent le développement de jeunes groupes français très doués ou à la glorification de chanteurs comme Johnny Hallyday, c’est…triste…
As-tu beaucoup voyagé pour aller voir comment ça se passait ailleurs musicalement ?
Pas tant que ça, j’ai joué en Belgique, en Suisse et en Espagne. Steffen, du label, a eu l’occasion de jouer en Angleterre, en Allemagne, au Canada et au Japon. Et nous avons eu l’occasion de discuter avec pas mal de musiciens étrangers rencontrés sur Paris, comme les groupe Here we go magic ou Silver Mount Zion. Paradoxalement avec ce que je viens de dire par rapport au soutien des médias envers les groupes français, je ne suis pas mécontent de faire de la musique en France ! Nous sommes énormément aidés et subventionnés, notamment à travers le système des intermittents du spectacle. A chaque fois que tu en parles avec un musicien étranger, il hallucine ! Les américains d’Here we go magic m’expliquaient qu’ils changeaient d’appartement et de petit boulot entre chaque tournée, constamment. C’est plus compliqué pour eux, mais ça présente deux avantages : ils sont très motivés, ils jouent tout le temps, dès qu’ils peuvent et sont donc plus créatifs je pense, car ils vivent plus dans l’urgence, et surtout, ils jouent dans le monde entier, ils sont accueillis partout à bras ouverts, alors que pour tourner à l’étranger pour un français, c’est très difficile. Enfin, c’est encore un vaste débat !
Le site officiel de Square Dogs, les Myspace de Landscape, Simple As Pop et Carp
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