Keren Ann, on l’a connue jeune fille mélodieuse et fragile, posant sa voix claire sur des rythmes de folk pour nous emmener voir un peu à quoi pouvaient ressembler des ballades culturelles et amoureuses en français : c’était La Biographie de Luka Philipse (2000) et La Disparition (2002). Depuis, la jeune femme a fait du chemin : valsant entre textes francophones et anglophones toujours sur des mélodies à l’élégance rare, 2011 accueille son sixième opus.
Mais jusque là, le réel coup de cœur ne survenait jamais car l’on sentait toujours une fragilité désarmante – charmante sur les premiers albums, lassante lorsque l’on arrive à Nolita (2004) – qui bloque l’auditeur dans l’épanchement des sentiments abordés. Avec 101 le ton est donné rien qu’à observer la pochette de l’album : Keren Ann a changé et a troqué sa fragilité désarmante contre une tenue de femme fatale armée.
Cette tenue elle tient par exemple en une voix pleine de confiance nous soufflant quatre minutes durant ces mots nécessaires à la séduction sur "My name is trouble", qui ouvre l’album. En véritable femme fatale, Keren Ann enchaîne sur "Run with you" histoire de nous prouver qu’elle a su trouver comment rendre sa mélancolie plus éthérée que fragile.
Alors on se laisse aller, plus rien ne nous retient comme sur les précédents albums, et l’on se retrouve très vite entre ciel et terre, mais plus près du ciel tout de même. Les vapeurs de la voix de Keren se font apaisantes et nous délivrent là où elles ne faisaient que nous retenir sur l’éponyme de 2007 encore.
Après quelques titres, l’on est partiellement séduits, déjà un peu élevés, mais la pensée que les mélodies de Keren Ann manquent de chaleur persiste dans notre esprit amateur d’une musique comme métaphore de la chaleur humaine. Mais la chanteuse néerlando-franco-israëlienne (difficile de savoir d’où elle vient !) a tout prévu sur cet album ! Alors arrive "Sugar Mama" où elle se laisse aller à des accents pop qui nous rappellent l’insouciante Zooey Deschanel et sa reprise de "Sugar town" pour la bande originale du film 500 days of Summer.
Difficile alors de dire non à Keren Ann qui y va plus franchement que jamais avec son spleen planant. L’album pourrait s’engourdir par ses répétitions de mélodies lancinantes mais l’absence indéniable de vitalité se laisse dominer par le sentiment de prêter oreille à une artiste accomplie : Keren Ann a trouvé sa voie, là où la croisière se fait tranquillement et laisse le temps à son songwriting d’éclore pour nous délivrer des bijoux d’éloquence.
Son songwriting florissant trouve son climax sur le dernier titre de l’album, l’éponyme "101" : un compte-à-rebours à la fois pertinent, historique et personnel (aussi ponctué de références religieuses) nous prouvant ainsi qu’il fallait l’attendre, l’attendre pour qu’elle se trouve et que l’on se délecte d’un talent mûr, enfin.
En bref : il ne faut pas ici avoir peur d’utiliser un jargon journalistique vu et revu puisque Keren Ann signe l’album de la maturité avec un 101 comme une éclosion, le printemps d’une seule vie.
Le site officiel et le Myspace
"My name is trouble" :
Mais jusque là, le réel coup de cœur ne survenait jamais car l’on sentait toujours une fragilité désarmante – charmante sur les premiers albums, lassante lorsque l’on arrive à Nolita (2004) – qui bloque l’auditeur dans l’épanchement des sentiments abordés. Avec 101 le ton est donné rien qu’à observer la pochette de l’album : Keren Ann a changé et a troqué sa fragilité désarmante contre une tenue de femme fatale armée.
Cette tenue elle tient par exemple en une voix pleine de confiance nous soufflant quatre minutes durant ces mots nécessaires à la séduction sur "My name is trouble", qui ouvre l’album. En véritable femme fatale, Keren Ann enchaîne sur "Run with you" histoire de nous prouver qu’elle a su trouver comment rendre sa mélancolie plus éthérée que fragile.
Alors on se laisse aller, plus rien ne nous retient comme sur les précédents albums, et l’on se retrouve très vite entre ciel et terre, mais plus près du ciel tout de même. Les vapeurs de la voix de Keren se font apaisantes et nous délivrent là où elles ne faisaient que nous retenir sur l’éponyme de 2007 encore.
Après quelques titres, l’on est partiellement séduits, déjà un peu élevés, mais la pensée que les mélodies de Keren Ann manquent de chaleur persiste dans notre esprit amateur d’une musique comme métaphore de la chaleur humaine. Mais la chanteuse néerlando-franco-israëlienne (difficile de savoir d’où elle vient !) a tout prévu sur cet album ! Alors arrive "Sugar Mama" où elle se laisse aller à des accents pop qui nous rappellent l’insouciante Zooey Deschanel et sa reprise de "Sugar town" pour la bande originale du film 500 days of Summer.
Difficile alors de dire non à Keren Ann qui y va plus franchement que jamais avec son spleen planant. L’album pourrait s’engourdir par ses répétitions de mélodies lancinantes mais l’absence indéniable de vitalité se laisse dominer par le sentiment de prêter oreille à une artiste accomplie : Keren Ann a trouvé sa voie, là où la croisière se fait tranquillement et laisse le temps à son songwriting d’éclore pour nous délivrer des bijoux d’éloquence.
Son songwriting florissant trouve son climax sur le dernier titre de l’album, l’éponyme "101" : un compte-à-rebours à la fois pertinent, historique et personnel (aussi ponctué de références religieuses) nous prouvant ainsi qu’il fallait l’attendre, l’attendre pour qu’elle se trouve et que l’on se délecte d’un talent mûr, enfin.
En bref : il ne faut pas ici avoir peur d’utiliser un jargon journalistique vu et revu puisque Keren Ann signe l’album de la maturité avec un 101 comme une éclosion, le printemps d’une seule vie.
Le site officiel et le Myspace
"My name is trouble" :
4 Comments:
Super critique. Tout a fait d'accord. Cet album est celui de la serenite. Un peu chiante la serenite mais 101 est le titre de l'accomplissement, inventaire decroissant vers l'intimite. Une merveille.
Excellente chronique ! Je plussoie : 101 est une réussite !
Je suis pas d'accord, l'album est chiant, exception faite de "Blood on my hands" - absolument superbe.
Marrant, "Blood On My Hands" est le titre que j'aime le moins.
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